"Nous avons déposé une seconde plainte de 163 pages, suite à une première plainte l’année précédente qui n’a malheureusement pas encore mené à des enquêtes concluantes," déclare Maître Mateso.

Ces documents détaillent des actes de violence ayant des caractéristiques génocidaires, un terme lourd qui reflète la gravité des accusations portées contre les miliciens impliqués dans ces atrocités

La première plainte, déposée en 2023, comprenait 257 pages de témoignages et de preuves de crimes contre les Hema, sans qu’aucune action judiciaire substantielle n’ait été observée.

"Aucun membre des milices CODECO ou FPIC n’a été inquiété, malgré les preuves apportées," déplore Maître Mateso.

Il exprime une frustration profonde face à l’inaction des autorités militaires et judiciaires, surtout dans un contexte où les attaques contre sa communauté se poursuivent.

Les conflits ethniques entre les Hema, éleveurs, et les Lendu, agriculteurs, sont aggravés par des différences de mode de vie et des préjugés profondément enracinés.

"Notre mode de vie, centré sur l’élevage, semble être une source de tension et de malaise pour nos voisins Lendu," explique Maître Mateso, et évoque une dimension supplémentaire de la crise.

Les incidents récents incluent des attaques brutales à Talisingo, où 29 personnes ont été tuées. "Nous n’avons pu récupérer que 15 corps," dit-il, soulignant la douleur de ne pas pouvoir offrir une sépulture digne aux disparus.

De plus, il rapporte le cas horrifiant d’un homme brûlé vif près d’un régiment militaire sans intervention des forces armées.

Même La MONUSCO, malgré sa présence à proximité des zones où se déroulent les atrocités contre la communauté Hema en Ituri, faisait preuve d’une inquiétante inertie.

Au moins cinq cent Hema ont été sauvagement tués depuis l’an 2023 jusqu’à aujourd’hui selon Me Mateso, un llourd bilan d’une année et demi.

La situation en Ituri reste précaire, avec un état de siège qui peine à stabiliser la région. La communauté internationale, tout en étant alertée, observe de loin, espérant des progrès qui tardent à se concrétiser. Pour Maître Mateso et les Hema, chaque jour sans justice est un jour de trop.

Les milices CODECO et FPIC de l'Ituri armés responsables des exactions contre les Hema