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Rwanda : Ces femmes dans le génocide contre les tutsis

Redigé par Tite Gatabazi
Le 25 mai 2021 à 08:56

Des milliers des femmes ont joué un rôle actif dans le génocide contre les tutsis au Rwanda. Très peu de projecteurs sur ce rôle assez particulier qui souille « la femme ». Cette participation aura été massive et impressionnante.

Quand certaines ont mis la main à la pate avec des gourdins, machettes et autres armes blanches, d’autres ont encouragés les tueurs, apportés assistance en ravitaillement et logistique.

Les juridictions Gacaca en ont répertorié quatre vingt seize mille pour leur implication directe dans le génocide contre les tutsis.

Agathe Kanziga Habyarimana

En tête se trouve, la patronne de l’akazu, Agathe Kanziga Habyarimana, la veuve de l’ancien Président Habyarimana. Le rapport Duclert est venu confirmer ce que la presse rwandaise, en son temps, avait mis sur la place publique depuis longtemps.

Certifié par les éléments factuels au TPIR. Déjà dans son rapport du 15 janvier 1990, le colonel Galinié avait alerté sa hiérarchie en ces termes : « le Président (Habyarimana) est de plus en plus enclin à subir le contrôle du clan de son épouse. Ce même clan du Nord, au sein duquel se recrute l’essentiel des officiers des forces armées rwandaises et des cadres politiques, contrôle l’Etat comme l’économie du pays depuis sa prise du pouvoir en 1973 ». Ce noyau dur d’extrémistes hutus formé autour d’elle se nomme akazu ou la petite maison.

Et en 1991, le Colonel Galinié insiste : « les membres de ce premier cercle paralysent l’action du Chef de l’Etat et minent ses éventuelles velléités de transformation en profondeur. Parmi eux se distingue son épouse ».

Effectivement, selon plusieurs sources diplomatiques de l’époque, elle jouait un rôle important dans les affaires du pays à travers « l’akazu », ce cercle restreint aux pouvoirs parallèles.

La veuve de l’ancien Président Habyarimana refugié en France y vit en séjour irrégulier. En effet, sa demande du statut de refugié a été rejeté à tous les niveaux de la hiérarchie administrative.

En janvier 2004, elle introduit une demande du statut de refugiée, rejetée le 4 janvier 2007. Elle interjette un appel mais le rejet est confirmé le 15 février 2007. En appel, la cour « juge ses déclarations non crédibles, devant être regardées comme traduisant sa volonté d’occulter les activités qui ont en réalité été les siennes durant la période de préparation, de planification et d’exécution du génocide ».

Elle saisie le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative en France. Ce dernier rejette son pourvoi estimant « qu’il y a des raisons sérieuses de penser qu’elle pouvait être impliquée en tant qu’instigatrice ou complice du crime de génocide ».

Les Sœurs religieuses : Sœur Gertrude et Sœur Kizito

Au moment des faits, Consolata Mukangango (Sœur Gretrude) est supérieure du monastère de Sovu, où vivait également sa consœur Julienne Mukabutera (Sœur Kizito).

Toutes deux reconnu coupables d’avoir livré aux génocidaires entre six mille et sept mille tutsis qui étaient venus chercher protection dans leur couvent. L’adjudant Emmanuel Rekeraho avait reconnu avoir joué un rôle primordial dans les massacres perpétrés au monastère de Sovu. Et parallèlement, il entérinait les récits glaçants, sérieux et concordants du rôle direct des deux religieuses pour aider et encourager les interahamwe.

Le 22 avril 1994, au centre de santé de Sovu, contrôlé par les deux nones, on a massacré, brulé vifs, lapidé et abattus les tutsis.

Les preuves que les deux sœurs ont apportés leur assistance directes aux interahamwe sont légions. On sait à travers la presse Belge qui a couvert leur procès à Bruxelles, qu’en dépit de la gravité des charges, le clergé Belge et rwandais est resté solidaire et leur a apporté un soutien sans faille.

A l’issue d’un procès, le 8 juin 2001, la cour d’assise de Bruxelles les a reconnue coupables et condamnés à la réclusion de quinze ans.

Pauline Nyiramasuhuko

Première femme poursuivie pour génocide, elle avait comparu devant le TPIR en compagnie de son fils Arsène Shalom Ntahobari, Président de la milice interahamwe de la préfecture de Butare.

Selon l’accusation, Pauline Nyiramasuhuko disposait de pouvoir étendus qu’elle a utilisés pour inciter aux massacres des tutsis à Butare, dans le sud du pays. Certains de ses coaccusés s’étaient présentés comme ses subalternes dans l’exécution du génocide.

Ancienne Ministre de la famille, elle a été reconnu coupable pour avoir aidé à la planification du génocide et organisé des viols. Elle a écopé d’une réclusion à perpétuité.

Béatrice Munyenyezi

Elle est d’une famille tristement célèbre. Epouse à la ville d’Arsène Shalom Ntagobari, fils de Pauline Nyiramasuhuko et président de la milice interahamwe de Butare.

Elle est arrivée au Rwanda le 16 avril 2021, expulsée par les USA, après y avoir passé dix ans en prison. Son procès est en cours au Rwanda, mais les charges sont lourdes. Sept au total, dont crimes de génocide, incitation à commettre le génocide, complot en vue de commettre le génocide, complicité de viol et extermination.

Angeline Mukandutiye

Elle était dans les forets à l’Est de la République Démocratique du Congo. L’ancienne inspectrice des écoles primaires de Nyarugenge avait fait montre de zèle durant le génocide.

Elle avait épousé un proche parent du Président Habyarimana. Condamnée par contumace par les juridictions Gacaca, elle a été transféré par les autorités congolaises, parmi un groupe d’anciens rebelles le 21 décembre 2019. Elle purge actuellement une peine de réclusion criminelle à perpétuité.

Martha Mukamushinzimana

Celle-ci est un cas d’école. Mère de cinq enfants, elle a passée toutes ces années post génocide avec la hantise des meurtres auxquels elle a participé. Ses nuits cauchemardesques ont eu raison de sa conscience et au bout de quinze ans, elle a décidé de se livrer aux autorités en 2009.

Si le contingent des interahamwe étaient composé presque exclusivement des hommes, les femmes les ont soutenus et encouragés. On a tous entendu parler de ces femmes hutus qui ont tués leurs enfants nés d’un père tutsi.

Cette participation des femmes dans le génocide contre les tutsis aura été décisive dans le passage à l’acte. Le plus grave, c’est la destruction des solidarités familiales qu’incarnaient les femmes dans la société rwandaise.


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