Cyemayire, enlevé, séquestré par CMI et chassé d’Uganda ; à quand le dégel des relations Rwanda-Uganda ?

Redigé par NDJ
Le 1er février 2018 à 12:08

Bandeau au visage pendant 25 jours, Emmanuel Cyemayire, 44 ans, un Rwandais résidant en Uganda, a été enlevé en Uganda et séquestré par le service de renseignement ugandais CMI/Chieftancy of Military Intelligence dans des camps militaires de Mbarara (ville de l’Ouest) et à Kampala.


Cyemayire, un commerçant de quincaillerie dans la ville de Mbarara depuis 2013, a été arrêté le 4 janvier 2018. Il venait de fermer sa boutique à 20.00 et s’apprêtait à s’approvisionner en vivres pour la maison quand son fils l’a appelé avec une voix incertaine l’invitant à rentrer rapidement pour régler des questions urgentes.

« Quand je suis rentré à la maison, mon fils m’a dit comment des hommes en armes ont fait irruption chez moi et ont brutalisé la maison, qu’ils ont promis de revenir. En effet ils sont revenus pour me dire de me bien mettre et de partir avec eux. J’ai reconnu un certain Maj. Mushambo du CMI qui, durant tout le trajet jusqu’au Camp Militaire Makenke, m’interrogeait sur la date de mon entrée en Uganda, ses comptes bancaires et les montants qu’il a sur ces comptes », a dit Cyemayire qui dit que, plus tard, il a subi une torture d’une douleur démesurée avant d’être refoulé à la frontière rwandaise 25 jours après.

Déclaré personna non grata, expulsé
« Arrivé au camp militaire, j’ai été mis dans un cachot pleine d’eau dans laquelle je me suis allongé jusqu’au matin avant d’aller subir un interrogatoire. Peu après, ils m’ont embarqué les yeux bandés dans un véhicule pour Kampala où durant huit jours, je suis resté suspendu sur une barre de fer subissant uniquement des coups le matin et le soir. Après ces huit jours, toujours bandé, j’ai été détaché et les interrogatoires ont commencé. Les questions portaient sur l’identité des généraux rwandais et les officiels de l’ambassade du Rwanda à Kampala qui étaient en communication avec moi », a-t-il raconté disant que les questions achoppaient sur le pourquoi de ses incessants voyages au Rwanda.

Le calvaire et le refoulement à la frontière
Cyemayire dit que ses sbires n’ayant trouvé aucun signe de culpabilité malgré d’intenses douleurs, ont cessé la torture et l’ont pris en voiture pour la prison de Nakawa avant d’être refoulé à la frontière rwandaise de Gatuna.

Il accuse le Parteur Deo Nyirigira, 65 ans, d’avoir été à l’origine de son arrestation, que ce pasteur est venu s’établir à Mbarara en 1998 venant du Rwanda en compagnie de militaires déserteurs de l’armée rwandais.

« Les officiers qui m’interrogeaient me demandaient si je connaissait bien le Pasteur Nyirigira et si j’avait un contentieux avec lui », a dit Cyemayire montrant la cause de ses soupçons sur ce pasteur qui doit avoir décidé qu’il était indésirable dans Mbarara.

Les opposants au Régime de Kigali en Uganda : la suspicion

Cyemayire accuse le Pasteur Nyirigira, cinq autres pasteurs et son église AGAPE Church d’être un vivier de la contestation et de l’opposition contre le Régime rwandais avec une couverture d’être des Ministres du Culte religieux.

Sans contredit, dit-il, les sermons de ces pasteurs dénotent toujours une propagande de rébellion et de contestation du RNC/Rwanda National Congress du Gén. Kayumba Nyamwasa et cie, contre le gouvernement rwandais avec une réplique selon laquelle : « Nous sommes des juifs en terre étrangère, nous allons rentrer tôt ou tard », disait souvent dans ses sermons Pasteur Nyirigira et même ses collègues.

Cyemayire confie que ce n’est que durant et après les élections du 4 août 2017 ayant reconduit Paul Kagame au pouvoir, qu’il a vu que AGAPE était un sanctuaire d’opposants drapés dans un habit de pasteurs.

« Comme je fréquentais souvent l’église et étais proche du pasteur Nyirigira, celui-ci a vu que je commençais à me démobiliser. Et tout mon malheur est venu de là », a dit Cyemayire expulsé manu militari d’Uganda où il a laissé fermé son fonds de commerce sans espoir d’y retourner.

Assailli de questions de la presse rwandaise
Une large opinion publique rwandaise et ugandaise commence à être excédée de ces violations incessantes des droits de l’homme organisées par un organe officiel ugandais sur simple dénonciation et inimitiés de certains rwandais contre d’autres.

La situation est arrivée à un point où les hautes autorités des deux pays plus que frères se consultent et trouvent que cette situation ne peut pas durer. La récente rencontre des deux chafs d’Etat, Museveni (Uganda) et Kagame (Rwanda) en marge des travaux de l’UA à Addis Abbeba est un signe qui ne trompe pas montrant une certaine volonté pour les deux pays de dépasser certains clivages et de ramener la confiance et un climat de commerce normal entre les peuples des deux pays.


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