Urgent

Plus de 400 intellectuels appellent l’ONU à agir contre la persécution des Tutsi congolais

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 10 mars 2025 à 04:14

Une coalition de plus de 400 intellectuels, incluant des universitaires, des avocats, des leaders religieux et des artistes issus de plus de 50 pays, appelle les Nations Unies à intervenir face à la persécution croissante des Tutsi congolais dans l’est de la République Démocratique du Congo, avertissant d’une menace imminente d’extermination.

Dans une lettre ouverte adressée au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le groupe appelle à une intervention urgente pour mettre un terme aux atrocités commises contre cette communauté vulnérable.

Parmi les signataires figurent des personnalités éminentes telles que l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, l’écrivain et chanteur franco-rwandais Gaël Faye, ainsi que des survivants du génocide, notamment Yolande Mukagasana, Esther Mujawayo et Félicité Lyamukuru.

La lettre reçoit également le soutien de scientifiques, d’universitaires et de figures politiques de renom, telles que le professeur Charles Murigande, ancien ambassadeur du Rwanda et ex-ministre des Affaires étrangères, ainsi que le Dr Alain Destexhe, ancien sénateur belge. Des associations de victimes en provenance du Congo, du Rwanda, du Burundi, des Etats-Unis, du Canada, de France, de Belgique et de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont également rejoint cet appel, soulignant l’inquiétude mondiale face à la violence croissante.

La lettre met en évidence une intensification des discours de haine et des attaques ciblant les Tutsi congolais, en traçant des parallèles avec des atrocités historiques. Elle remet en question la vision réductrice du conflit, souvent présenté comme un enjeu de ressources et attribué à un prétendu soutien du Rwanda au groupe rebelle M23, soulignant que cette interprétation occulte la brutalité de la réalité sur le terrain.

« Cette interprétation erronée, largement relayée par les médias, minimise les atrocités quotidiennes – meurtres, mutilations, et même cannibalisme – infligées aux Tutsi congolais par leurs bourreaux », précise la lettre.

Les signataires soulignent la complexité du conflit, marqué par la présence de plusieurs factions armées aux objectifs divergents. Ils pointent spécifiquement la milice génocidaire FDLR et les Wazalendo, qui ont publiquement juré d’exterminer tous les Tutsi congolais.

La lettre accuse également la MONUSCO, la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC, d’avoir compromis sa neutralité en s’alliant avec des groupes armés soutenus par le gouvernement congolais. "La MONUSCO a dévié de son mandat de maintien de paix en s’associant à des milices qui constituent un danger", déclare le groupe.

La coalition a proposé plusieurs mesures urgentes à l’ONU à savoir :

Réévaluer le mandat et l’efficacité de la MONUSCO dans la stabilisation de la région.

Aborder les préoccupations sécuritaires du Rwanda en désarmant les FDLR et en combattant son idéologie génocidaire, qui perdure depuis le génocide de 1994 contre les Tutsi.

Enquêter sur les accords de paix entre le gouvernement congolais et le M23, en tenant toutes les parties responsables de la non-application de leurs engagements.

Le groupe met en garde contre la poursuite de la collaboration entre le gouvernement congolais et des factions génocidaires ou des mercenaires, soulignant que cela devrait inciter l’ONU à reconsidérer son soutien militaire à Kinshasa.

Il appelle également à la nomination d’un médiateur neutre et impartial des Nations Unies pour conduire les efforts de paix, tout en exigeant des garanties pour la sécurité et les droits de citoyenneté des Tutsi congolais, qui subissent une discrimination systématique.

Sur le plan économique, les signataires appellent à la création d’une commission internationale neutre pour enquêter sur les contrats miniers et l’exploitation des ressources, qu’ils considèrent comme des facteurs majeurs alimentant le conflit et l’instabilité.

Ils exhortent également l’ONU à soutenir davantage les organisations religieuses dans leurs efforts de consolidation de paix, soulignant leur rôle clé dans la promotion du dialogue et de la réconciliation.

Les Tutsi congolais de l’est de la République Démocratique du Congo font face à une menace imminente d'extermination

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