Ce jeudi 27 février 2025, le ministère suédois des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur du Rwanda à Stockholm, invoquant des préoccupations concernant un prétendu soutien rwandais au groupe rebelle M23.

L’ambassade a souligné que le Rwanda fait face depuis des décennies à une menace sécuritaire majeure émanant des FDLR, qui continuent de mener des attaques sur son territoire, en violation de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

« Les Forces de défense rwandaises (RDF) ont toujours maintenu des mesures défensives pour contrer de graves menaces sécuritaires le long de la frontière avec la RDC », indique le communiqué de l’ambassade. « Les Rwandais ont le droit fondamental de vivre en paix, à l’abri de menaces persistante d’insécurité en provenance de la République démocratique du Congo. »

Le Rwanda a exprimé sa frustration face à ce qu’il considère comme un refus de la communauté internationale de reconnaître ses préoccupations sécuritaires, notamment la menace posée par les FDLR et la rhétorique incendiaire de certains dirigeants congolais appelant à un changement de régime à Kigali.

L’ambassade a affirmé que le Rwanda ne se laissera ni intimider ni contraindre à compromettre sa sécurité.

« Seules les Forces de défense rwandaises et le Commandant en chef sont habilités à définir les mesures défensives nécessaires pour protéger la vie des Rwandais, en particulier face à des menaces surgissant à, à peine deux kilomètres de la frontière », précise le communiqué. « Le Rwanda ne cédera ni à l’intimidation ni au chantage lorsqu’il s’agit de sa sécurité nationale. »

L’ambassade a également reproché à la Suède son approche biaisée dans la gestion du conflit, dénonçant une politique de deux poids, deux mesures. Tout en mettant en avant les valeurs suédoises de respect mutuel, d’égalité des droits et de consolidation de la paix, le Rwanda a qualifié de "choquant et regrettable" le silence de la Suède face à la persécution des Tutsi congolais et aux attaques ciblant les Rwandais en RDC.

« L’alignement manifeste de la Suède avec la Belgique, acteur historique impliqué à la fois dans les causes profondes du conflit et l’insécurité actuelle dans la région, est à la fois décourageant et préoccupant », a souligné l’ambassade.

L’ambassade a également souligné que la Suède, n’ayant aucun passé colonial au Rwanda ni d’implication dans le commerce illicite des minerais, était dans une position privilégiée pour adopter une approche diplomatique impartiale.

Elle a dénoncé la tendance de la communauté internationale à simplifier à l’excès le conflit en RDC, en le réduisant à l’accusation récurrente selon laquelle "le Rwanda soutiendrait le M23", sans prendre en compte les causes historiques et politiques profondes ayant conduit à l’émergence du mouvement.

L’ambassade a rappelé que le M23 est un mouvement congolais aux revendications légitimes, né de l’échec du gouvernement congolais à honorer ses engagements dans les accords de paix et à protéger les Congolais d’expression kinyarwanda, en particulier les Tutsi, qui continuent d’être persécutés, déplacés et victimes de massacres.

L’ambassade du Rwanda a également dénoncé l’inaction de la communauté internationale face à la collaboration entre les FARDC et les FDLR, ainsi que son refus de sanctionner ceux qui incitent à la violence contre les Tutsi congolais.

Elle a souligné que, malgré des preuves accablantes de cette alliance, les Nations Unies et les acteurs internationaux n’ont pris aucune mesure concrète contre le gouvernement congolais.

« Comment une armée nationale peut-elle s’allier à une milice génocidaire étrangère ? », interroge le communiqué. « La communauté internationale, y compris la Suède, est pleinement consciente de la menace que représentent les FDLR, notamment après leurs tirs d’obus sur le territoire rwandais le 10 juin 2022. Pourtant, la Suède a refusé de condamner officiellement la collaboration entre les FDLR et les FARDC. Pourquoi ? »

Le Rwanda a également dénoncé le silence de la Suède face au recrutement de mercenaires européens par le gouvernement congolais, soulignant qu’à l’inverse de la RDC, il a toujours respecté ses obligations humanitaires. Le Rwanda a ainsi accueilli des milliers de réfugiés, y compris d’anciens soldats des FARDC et des combattants de milices, tout en facilitant l’évacuation sécurisée du personnel de la MONUSCO et des organisations internationales.

L’ambassade a appelé la Suède à respecter et soutenir le processus de médiation dirigé par l’Afrique, porté par le Sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ainsi que par les efforts de l’Union africaine pour rétablir la paix dans la région.

« L’objectif du Rwanda est avant tout assurer une frontière sécurisée et mettre un terme, une fois pour toutes, à l’extrémisme ethnique violent dans la région », a conclu le communiqué. « Les cycles de conflit, nourris par les échecs du gouvernement congolais et l’inaction de la communauté internationale, ne doivent plus être tolérés. »

Le Rwanda réaffirme sa détermination à protéger son intégrité territoriale et à garantir la sécurité de ses citoyens, tout en exhortant la communauté internationale, y compris la Suède, à adopter une approche impartiale et équilibrée face au conflit dans l’est de la RDC.

Le Rwanda appelle la Suède à adopter une approche impartiale de la crise dans l'est de la RDC