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Darfour : des ONG dénoncent des atrocités ethniques après la chute d’Al-Fachir

Redigé par IGIHE
Le 30 octobre 2025 à 09:55

Alors qu’Al-Fachir, capitale du Darfour, est tombée dimanche aux mains des forces paramilitaires des ’Rapid Support Forces’ (RSF), les organisations humanitaires locales et internationales, ainsi que les défenseurs des droits de l’homme, alertent sur des atrocités à grande échelle à motivation ethnique.

Plus de 1 000 civils auraient été détenus et des dizaines exécutés, selon des rapports locaux. Des images et vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des arrestations massives, des exécutions sommaires et des civils tentant de fuir à pied. Plus de 25 000 personnes se sont réfugiées à Tawila, à 60 km à l’ouest, qui accueille déjà quelque 650 000 déplacés.

Selon Jacqueline Wilma Parlevliet, responsable du HCR au Soudan, les témoignages des nouveaux arrivants font état de massacres ciblant des groupes non arabes, avec des personnes handicapées exécutées pour leur incapacité à fuir et d’autres abattues en tentant de s’échapper. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU confirme des violences sexuelles, principalement contre des femmes et des filles, ainsi que des exécutions sommaires.

Des enquêtes menées par le Laboratoire de recherche humanitaire de l’université de Yale, basées sur des images satellites et des sources ouvertes, indiquent que la ville est en train de subir un nettoyage ethnique systématique ciblant les communautés non arabes Fur, Zaghawa et Berti, par des déplacements forcés et des exécutions « porte-à-porte ». Ces actes pourraient constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et potentiellement atteindre le niveau de génocide.

Le général Abdel-Fattah Burhan, chef de l’armée soudanaise, a justifié le retrait de ses forces d’Al-Fachir en évoquant « la destruction systématique et les massacres de civils » perpétrés par les RSF, tout en promettant de poursuivre le combat dans d’autres régions. L’Union africaine, l’ONU, l’Union européenne, plusieurs pays arabes et des ONG internationales ont dénoncé ces violations massives et appelé à un accès humanitaire immédiat.

Le chef de l’armée soudanaise, a justifié le retrait de ses forces d’Al-Fachir, évoquant « une destruction systématique et les massacres de civils »

La violence s’étend au-delà du Darfour. Mardi, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a annoncé la mort de cinq volontaires à Bara, dans l’État de Kordofan, et la disparition de trois autres lors de missions de distribution alimentaire. Le Réseau des médecins soudanais signale l’enlèvement de cinq travailleurs médicaux à Al-Fachir, dont quatre médecins, un pharmacien et une infirmière. Parallèlement, le gouvernement soudanais a expulsé deux hauts responsables du Programme alimentaire mondial, sans en préciser les raisons.

Depuis le début du conflit en avril 2023, le Soudan connaît la pire crise humanitaire mondiale : plus de 40 000 morts selon l’ONU, le chiffre réel étant probablement beaucoup plus élevé, et plus de 14 millions de personnes déplacées. Al-Fachir elle-même, avant sa chute, comptait 260 000 habitants piégés sans aide, dont la moitié étaient des enfants, et plusieurs camps de déplacés étaient déjà en situation de famine.

Les analystes craignent désormais une partition de facto du pays : l’ouest contrôlé par la RSF, l’est par l’armée, avec la mise en place par les RSF d’un gouvernement parallèle. Le conflit a également conduit à des enquêtes de la Cour pénale internationale contre les deux parties pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, alors que la communauté internationale avertit sur le risque croissant de nouvelles violations ethniques et massacres ciblés.

Le président de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a exprimé sa « profonde préoccupation » face à cette situation, condamnant les « crimes de guerre présumés » et les massacres visant les communautés non arabes.

Par ailleurs, cette prise de contrôle par les Forces de soutien rapide (RSF), dirigées par le général Mohammad Hamdan Daglo, fait du groupe les maîtres de toutes les capitales des cinq États du Darfour, mettant fin à un contrôle partiel exercé depuis le début de la guerre en avril 2023.

Al-Fachir, capitale du Darfour, est tombée aux mains des forces paramilitaires des ’Rapid Support Forces’ (RSF)

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