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Kinshasa sous asphyxie et la gouvernance qui tue à petit feu

Redigé par Tite Gatabazi
Le 4 octobre 2025 à 11:15

Il est des villes dont le tumulte exprime la vitalité, l’effervescence créatrice, la force de résilience des peuples. Kinshasa, jadis perçue comme une métropole bruissante de vie et de génie populaire, n’offre plus aujourd’hui que l’image accablante d’un espace social saigné à blanc par la déliquescence de la gouvernance.

A la fois capitale politique et miroir du pays, elle est devenue le théâtre permanent d’un chaos institutionnalisé où la survie quotidienne se joue dans l’angoisse, la fatigue et la résignation.

L’habitant kinois, plongé dans le cercle vicieux des pénuries, vit dans une asphyxie continue. Les coupures d’eau et d’électricité, qui ne sont plus de simples aléas techniques mais le signe manifeste d’une incurie systémique transforment chaque foyer en camp retranché contre l’inconfort et la désespérance.

Aux privations matérielles s’ajoutent les embouteillages interminables, symptomatiques d’une ville livrée à l’anarchie urbaine, sans planification ni régulation. La circulation y devient une épreuve quotidienne, un supplice du temps perdu, une liturgie absurde de klaxons et d’invectives qui minent la patience et rongent la santé.

La gouvernance perverse ne se limite pas à paralyser les infrastructures : elle empoisonne les corps et les esprits. Les experts en santé publique alertent et Radio Okapi en a dressé le constat accablant sur les conséquences dramatiques de ce stress chronique.

Hypertension, dépressions sévères, effondrement psychique : autant de pathologies qui s’ajoutent à la misère matérielle et plongent les habitants dans un cercle de souffrances invisibles mais destructrices.

Vivre à Kinshasa, c’est désormais accepter de voir sa santé grignotée par la médiocrité des dirigeants, comme si la politique s’était muée en arme silencieuse d’attrition contre le peuple.
Or, rien de tout cela n’est une fatalité. La dégradation actuelle ne procède pas d’une fatalité géographique ou d’un excès démographique, mais d’une gouvernance cyniquement indifférente au bien-être des citoyens.

Quand l’État, au lieu de réguler, abdique ses responsabilités, la société entière est condamnée à s’épuiser dans une lutte contre les conséquences de son propre abandon. Les kinois n’ont pas besoin de slogans creux ni de promesses fallacieuses : ils exigent un État qui fonctionne, qui administre, qui protège. Ils réclament non pas des discours triomphants, mais de l’eau dans leurs robinets, de l’électricité dans leurs foyers, de la sécurité dans leurs rues.

La vérité, crue et brutale, est que la mauvaise gouvernance ne se contente pas de ruiner l’économie : elle tue à petit feu. Elle assassine par le stress, par la misère, par la fatigue accumulée, par la dépression qui ronge les âmes.

Kinshasa, capitale de la République, est devenue la vitrine de ce désastre. La question n’est plus seulement politique : elle est existentielle. Car dans cette ville qui suffoque, ce n’est pas seulement la dignité humaine qui vacille, c’est la survie même du corps social congolais.

Kinshasa, autrefois ville vibrante, reflète aujourd’hui la déliquescence de sa gouvernance

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