La résistance désigne ainsi la possibilité que chacun a de ne pas se soumettre à l’injustice.

L’esprit de Bisesero, c’est aussi cette capacité de penser à contre-courant, d’être minoritaire, voire moqué par les gens prétendument raisonnables.

C’est le refus des capitulations et du conformisme ambiant. C’est à cette lâche inclination qu’il faut opposer l’esprit de Bisesero.

Car l’air du temps invite souvent à adhérer à un monde sans idéal ni compassion, sans vrais desseins collectifs, sans convictions ni loyauté.

Et on se complait dans la banalisation d’injustice sociale. Lesquelles injustices produisent une accoutumance aux inégalités et aux exclusions jusqu’aux solitudes qui prolifèrent.

L’érosion des normes collectives, le problème de légitimation du « capitalisme sauvage » et la distanciation massive à l’égard de l’autorité de l’Etat favorisent une expression fondée sur l’expérience des nouveaux acteurs.

Ce qui engendre une prise de parole, de position qui se déploie dès qu’un espace susceptible de l’accueillir apparait.

A travers Bisesero, nous appréhendons l’idéal de liberté, de leurs espoirs mais aussi leurs peurs très présentes.

Leur fin tragique interroge les vivants d’aujourd’hui sur les limites de leur propre engagement.

L’un des plus grands sociologues de notre époque, Edgar Morin (98 ans) dit qu’il y a « un courage qui consiste à dire la vérité, même si elle risque de déplaire, à rester seul, incompris, calomnié quand on croit à quelque chose ».

Et la lecture de Hegel avec sa « ruse de la raison » nous apprend que « le sens de l’histoire se déroule en dépit des intérêts et des passions des hommes qui la font ».

L’esprit de Bisesero est plus que jamais d’actualité et la plaque commémorative du 18e arrondissement de Paris qui célèbre la bravoure de Birara et ses compagnons résonne étrangement dans le contexte tragique qui est le nôtre.

Ceci doit être pris comme une mise en garde sévère contre toute tentation de légèreté ou d’indifférence à l’égard du passé.

L’esprit de Bisesero c’est l’esprit de la résistance, de rébellion et de désobéissance.

Bisesero nous oblige à avoir le courage de dire NON lorsque les droits humains sont bafoués.

Bisesero c’est un souffle plein d’espoir qui vise l’intelligence de l’être humain et rappelle la nécessité d’un sursaut de conscience.

L’esprit de Bisesero est le symbole du courage, de la fermeté et de la fidélité.

Il appartient à la nouvelle génération, qui reprend progressivement le flambeau, de faire le point sur l’esprit de Bisesero.

De le replacer dans l’histoire tragique du Rwanda, son évolution et ses révolutions, de l’explorer, d’en approfondir les ressorts et d’en cerner les enjeux.

L’héritage de Bisesero est une question de citoyenneté et de dignité !

Les Basesero se sont couvert de gloire et son entrés dans l’histoire.