Cette année-là, le Zaïre, dirigé par Mobutu Sese Seko, abritait plus de deux millions de réfugiés rwandais, dont des membres de l’ex-élite politique et militaire rwandaise. Armés et organisés, ils préparaient leur retour au Rwanda depuis leur exil zaïrois.
Dans son ouvrage, Honoré Ngbanda, ancien conseiller spécial du président Mobutu, atteste que ces réfugiés étaient puissamment armés, à tel point que certaines de leurs armes surpassaient celles de l’armée zaïroise. Cette situation résultait non d’un manquement du droit international, mais d’une volonté délibérée de la part du Zaïre et d’autres nations d’aider ces anciens soldats rwandais.
En effet, l’ouvrage de Doridant Raphaël et Graner François, "État français et le génocide des Tutsis au Rwanda", révèle une alliance surprenante entre Mobutu, la France, la Libye de Mouammar Kadhafi et le Kenya de Daniel Arap Moi. Ces pays avaient pour dessein de restaurer le pouvoir au Rwanda à ce que l’on appelait le plan "Akazu", l’ancien régime génocidaire.
C’est dans cette optique qu’a été créé, en avril 1995, au sein du camp de réfugiés de Mugunga au Zaïre, le Rassemblement Républicain pour la Démocratie au Rwanda (RDR), prédécesseur des FDLR. L’ambition de ce groupe était de rassembler les forces politiques et militaires pour lancer des attaques contre le Rwanda.
En octobre 1995, Agatha Habyarimana, veuve de l’ex-président rwandais, se rendit en Chine avec un groupe de dirigeants zaïrois pour acheter des armes destinées à ces attaques. Plus tard ce mois-là, une réunion à Nairobi réunissait Agatha Habyarimana, Bagosora, Bizimungu et d’autres, discutant du plan d’attaque contre le Rwanda. Le soutien du Kenya, du Zaïre et de la France fut confirmé lors de cette rencontre.
La menace devint plus tangible quand, en décembre 1995, Agatha Habyarimana, accompagnée de son fils Jean Luc, se rendit en Libye pour solliciter l’aide du président Mouammar Gaddafi. Plus tard, ce même mois, elle rencontra au Zaïre des officiers militaires soutenus par la France.
Cependant, le Rwanda ne resta pas les bras croisés face à cette menace. Il amassa des preuves et interpella l’ONU. Malgré les rapports alarmants de l’ONU sur la préparation militaire des ex-FAR, le soutien international au complot "Akazu" ne faiblit pas.
Le Tribunal pénal rwandais (TPIR), créé en novembre 1994 à Arusha, en Tanzanie, commença à arrêter et à rechercher les personnes soupçonnées d’être impliquées dans le génocide contre les Tutsi en 1994.
En mars 1996, l’arrestation du colonel Bagosora et du général Bizimungu au Cameroun réduisit considérablement l’ampleur du complot.
En réponse à cette inertie internationale, le Rwanda aida Laurent Désiré Kabila et ses rebelles de l’AFDL à lancer une guerre qui renversa le régime de Mobutu. Les camps de réfugiés furent démantelés et les exilés rwandais rapatriés.
En juillet 1997, le général de division Paul Kagame, alors ministre de la Défense du Rwanda, déclara dans le Washington Post que si l’ONU n’assumait pas ses responsabilités, il ne serait pas nécessaire pour le Rwanda de rejoindre cette communauté internationale.
À travers ce tourbillon d’intrigues et de coups d’échecs géopolitiques, le Rwanda a démontré une résilience exceptionnelle face aux puissances internationales, affrontant seuls des défis que l’ONU elle-même n’a pas réussi à surmonter.
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