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L’opposition congolaise face à l’imposture : la bataille pour sauver la Constitution

Redigé par Tite Gatabazi
Le 20 novembre 2024 à 02:40

Depuis samedi dernier, Félix Tshisekedi semble avoir plongé le pays dans une zone de turbulences profondes, sans savoir quelle direction prendre. Comme un pilote maladroit, il a emporté la République Démocratique du Congo sur une pente savonneuse, perdant son sang-froid et sa lucidité, et plongeant dans une communication dangereuse qui ne fait qu’éloigner le pays des véritables enjeux. Déjà accablé par ses multiples promesses non tenues et l’exaspération croissante du peuple, Tshisekedi a choisi de détourner l’attention des préoccupations sociales en suscitant un faux débat constitutionnel. « Son programme, il n’en parle plus. Son bilan, il ne l’évoque plus. La vie chère, ce n’est pas son problème », observe avec amertume Lubaya Claudel André, homme politique congolais et fervent opposant.

Le président, piégé par l’échec de sa politique, semble désormais perdu dans une spirale d’incohérence, incapable de gérer les impasses qu’il a lui-même créées. Le 16 novembre 2024, lors de son discours à Lubumbashi, Félix Tshisekedi a encore une fois pris la parole avec une arrogance démesurée, dénigrant ses prédécesseurs, notamment Joseph Kabila et Moïse Katumbi, et attaquant la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO).

Ce discours n’était rien d’autre qu’une tentative désespérée d’écraser ses adversaires, alimentant un climat de division au sein de la nation congolaise. Mais les accusations qu’il porte sont de plus en plus vides et contraires aux faits. En prétendant que l’article 217 de la Constitution congolaise expose le pays à des compromissions territoriales avec ses voisins, il se rend coupable d’une interprétation erronée et manifestement délibérée. Comme le souligne Delly Sesanga, opposant politique, « Non Monsieur le Président, l’article 217 de la Constitution n’expose pas le Congo à céder des territoires à des États voisins. »

L’abbé Pr Malonga Telesphore, docteur en théologie et en droit constitutionnel, enseignant à l’université catholique du Graben met en garde contre une mauvaise interprétation de l’article 217 liée aux accords internationaux et non aux questions territoriales. Toute confusion par le Chef de l’Etat pourrait mener à des accusations de haute trahison et une probable destitution.

L’ironie de la situation réside dans le fait que, malgré la contestation croissante de ses propos, Tshisekedi semble incapable d’écouter ou de comprendre les préoccupations réelles du peuple congolais. Au lieu de se concentrer sur les véritables défis du pays, notamment la crise sécuritaire et le manque de services publics, il préfère entretenir une rhétorique de guerre contre des ennemis imaginaires. Moïse Katumbi, l’un de ses principaux opposants, a réagi vivement, déclarant que la Constitution « ne changera pas.

Elle a été approuvée par le peuple, et aujourd’hui, Félix Tshisekedi traite ce peuple comme des étrangers ? » Pour Katumbi, ces attaques contre la Constitution sont non seulement une trahison du peuple congolais, mais aussi une tentative désespérée de détourner l’attention des échecs internes de son gouvernement.

Les manœuvres de Tshisekedi visent à diviser les Congolais, à manipuler les perceptions et à échapper à une réalité qui le rattrape. Dans ce contexte, Mgr Donatien N’shole, porte-parole de la CENCO, a réagi avec fermeté, rappelant que l’Église catholique « dit Non au changement ou à la révision de la Constitution ». Les évêques de la CENCO ont exprimé leur inquiétude face à ce projet, qu’ils jugent « dangereux pour le pays », appelant à un rassemblement national pour renforcer la cohésion sociale et éviter toute dérive autoritaire.

Dans le même élan, Martin Fayulu, l’un des leaders de l’opposition, a affirmé que « Quand Jupiter veut perdre un homme, il lui ôte la raison », se référant ainsi à l’irresponsabilité croissante de Tshisekedi qui, en cherchant à réécrire la Constitution à son avantage, semble perdre toute capacité à gouverner. Cette situation soulève des questions sur la stabilité du pays, qui, cinq ans après l’accession de Tshisekedi à la présidence, reste toujours en proie à des crises multiples.

Le projet de révision constitutionnelle de Tshisekedi s’inscrit dans un contexte de crise politique qui ne fait que se multiplier. Alors que les opposants et une grande partie de la société civile s’unissent contre cette révision, un défi majeur se profile : les adversaires du président seront-ils capables de faire bloc et de proposer une alternative crédible face à un pouvoir de plus en plus déconnecté de la réalité du peuple ?

Cette nouvelle bataille représente, selon Lubaya Claudel André, « une occasion pour l’opposition de regagner en influence et en crédibilité », mais cela dépendra de leur capacité à dépasser leurs divergences et à présenter une alternative solide pour le pays.

Dans cette guerre pour le contrôle du pays, les textes constitutionnels deviennent des instruments malléables, adaptés à la volonté des puissants du moment. Comme l’affirme l’opposant Delly Sesanga, tout porte à croire que ces textes ne sont bons que lorsqu’ils servent les intérêts de certains. Quant aux autres moments, ils sont révisés, taillés à la mesure des forts du moment, dans une mascarade politique qui ne profite qu’à ceux qui détiennent le pouvoir.


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