Le lien entre la ferme et le marché chinois remonte à 2018, lorsque le directeur général, Dieudonné Twahirwa, a participé à l’Exposition internationale des importations de Chine (China International Import Expo) à Shanghai.
« Nous avons constaté une forte demande pour le piment séché rwandais », a déclaré Twahirwa. L’année suivante, sa participation à l’Exposition économique et commerciale Chine-Afrique a renforcé sa détermination.
En 2024, Gashora Farm, dont le siège est basé à Kigali, s’est associée à HAIC — Hunan Modern Agriculture International Development Co. Ltd, une filiale du groupe Hunan Cereals, Oils & Foodstuffs Import & Export (Hunan COF) — pour lancer le Projet pilote de l’industrie du piment Rwanda-Hunan.

Dans le cadre d’un modèle de contractualisation agricole, le projet s’étend sur 100 hectares et couvre l’ensemble de la chaîne de valeur — de la production des semis jusqu’à l’exportation. Lors de la première saison suivant la signature de l’accord, 200 tonnes de piment séché ont été expédiées vers la Chine.
« Le marché chinois ne se limite pas aux commandes. Il apporte aussi stabilité et investissements », souligne Dieudonné Twahirwa.
Le projet profite également aux communautés locales. La ferme emploie 15 salariés permanents et jusqu’à 1 000 travailleurs saisonniers en période de récolte.
Éric Hagirimana, l’un d’eux, témoigne : « Je gagne 2 500 francs rwandais par jour (environ 2 dollars américains), ce qui m’a permis d’acheter deux vaches. »
Jacqueline Mukantagara, mère de quatre enfants, travaille également à la ferme. « Cet emploi me permet de couvrir les besoins essentiels et de payer les frais de scolarité de mes enfants », explique-t-elle.
L’agronome Aloys Ngambwa indique que la ferme dispose de pépinières centralisées et utilise des méthodes modernes de lutte contre les ravageurs. L’adoption de techniques agricoles améliorées lui permet de mieux s’adapter aux effets du changement climatique et aux défis liés à l’irrigation.

Le climat favorable du Rwanda, sa main-d’œuvre bon marché et l’efficacité de ses procédures administratives constituent, selon Twahirwa, des atouts majeurs pour le développement du projet.
Li Ming, partenaire chinois et responsable des affaires africaines chez Hunan COF, est chargé de la planification, de la logistique et de la coordination. « Au départ, nous avons été confrontés à des différences culturelles et managériales, mais nous avons su trouver un terrain d’entente », a-t-il confié.
Les rendements ont dépassé les prévisions, atteignant 2,5 tonnes par hectare. Les piments rwandais ont fait leur entrée sur les marchés de gros de plusieurs villes chinoises, notamment Qingdao, Chengdu et Changsha, où ils ont rapidement gagné la faveur des consommateurs.
La sauce piquante « Mo La Ge » de HAIC, élaborée à partir de piments rwandais, s’est immédiatement écoulée lors d’un festival commercial Chine-Afrique. Par ailleurs, des entreprises d’assaisonnement de fondue épicée basées à Chengdu ont commencé à intégrer les piments rwandais dans leurs produits — signe tangible de l’ancrage croissant de cette production dans la chaîne alimentaire chinoise.

La quatrième Exposition économique et commerciale Chine-Afrique, qui se tient du 12 au 15 juin à Changsha, capitale de la province du Hunan, met à l’honneur des réussites exemplaires et vise à favoriser la création de nouveaux partenariats entre acteurs africains et chinois.
« Nous voulons accroître les surfaces cultivées, stimuler les exportations, dynamiser le marché chinois, et générer davantage d’emplois ainsi que de devises pour le Rwanda », a déclaré Li, représentant de Hunan COF.
« Le marché chinois nous offre bien plus que des acheteurs. Il nous apporte de véritables partenaires », a affirmé Twahirwa. « Ce partenariat transforme non seulement notre entreprise, mais aussi la vie des agriculteurs. »
Le projet rwandais de culture de piment cristallise le renforcement de la coopération sino-africaine. Le succès fulgurant de la sauce piquante « Mo La Ge », issue de piments rwandais, symbolise le lien grandissant entre les fermes africaines et les consommateurs chinois.
À travers les continents africain et asiatique, des récits de confiance, de collaboration et de prospérité partagée continuent de s’écrire.

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