Ce qui, au départ, apparaissait comme une simple maladresse technique s’est mué en crise politique et médiatique majeure, traversant l’Atlantique et menaçant l’un des plus anciens bastions du journalisme public.
Le scandale éclate le 3 novembre 2025, lorsque The Telegraph révèle l’existence d’une note interne rédigée par Michael Prescott, ancien conseiller du comité des normes éditoriales de la BBC.
Dans ce document accablant, il dénonce un montage « délibérément trompeur » du discours prononcé par Donald Trump le 6 janvier 2021, quelques instants avant l’assaut du Capitole. Plusieurs extraits, distants de près d’une heure dans la version originale, auraient été artificiellement juxtaposés pour donner l’impression d’un appel direct à la violence.
En somme, une phrase recomposée, au pouvoir évocateur ravageur : « Nous allons marcher vers le Capitole. Et je serai avec vous. Nous nous battons comme des diables. »
La BBC a reconnu les faits, admettant un « manquement grave » à ses propres règles déontologiques. L’affaire a immédiatement précipité les démissions de Tim Davie, directeur général du groupe, et de Deborah Turness, à la tête de BBC News. Tous deux ont invoqué la nécessité de préserver l’intégrité morale d’une institution ébranlée dans sa mission de service public.
« Nous devons toujours faire preuve de transparence et de responsabilité », a rappelé Tim Davie dans un ultime message adressé à ses équipes, appelant la BBC à « se battre pour défendre son journalisme ».
Les excuses officielles, formulées par Samir Shah, président du conseil d’administration, n’ont pas suffi à apaiser la colère du principal intéressé. Donald Trump, coutumier des attaques contre les médias qu’il qualifie volontiers d’« ennemis du peuple », a aussitôt brandi la menace d’une plainte retentissante.
Dans une lettre adressée à la direction de la BBC, ses avocats exigent le retrait du documentaire incriminé et de toute autre « déclaration fausse, diffamatoire, dénigrante ou incendiaire », sous peine d’une action en justice assortie d’une demande de dédommagement d’un milliard de dollars. L’ultimatum expire le 14 novembre à 23 heures, heure de Paris.
Cette escalade judiciaire a pris, au Royaume-Uni, une tournure politique. Le Premier ministre travailliste Keir Starmer a rappelé le rôle essentiel de la BBC « dans une époque saturée de désinformation », tout en appelant à un surcroît de vigilance éditoriale.
A droite, la réaction a été autrement virulente : la cheffe de l’opposition conservatrice, Kemi Badenoch, a dénoncé « une série de défaillances majeures », tandis que Nigel Farage, chef du parti Reform UK, réclame une « refonte totale » du service public audiovisuel.
La crise, au fond, dépasse le seul cadre d’un reportage mal monté. Elle révèle les tensions profondes qui minent aujourd’hui la relation entre pouvoir politique, opinion publique et médias. La BBC, symbole historique d’un journalisme d’équilibre, se voit sommée de prouver qu’elle n’est ni l’otage d’idéologies partisanes ni la victime de son propre rigorisme.
A l’heure où Donald Trump transforme chaque affrontement médiatique en démonstration de force politique, la question qui demeure est celle-ci : la vérité peut-elle encore se défendre sans être instrumentalisée ?
Si Belém, cette année, accueillera la COP du climat, Londres, elle, abrite celle de la tempête médiatique. Car ce qui se joue désormais, à travers la crise de la BBC, c’est moins l’avenir d’un reportage que celui de la crédibilité même de l’information dans les démocraties libérales cette ligne fragile où le droit de savoir rencontre le devoir d’honnêteté.














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