La kétamine, nouvel espoir contre la dépression sévère au Rwanda

Redigé par IGIHE
Le 26 juin 2025 à 02:15

Le Dr Yvan Butera, secrétaire d’État au ministère de la Santé, a annoncé des avancées prometteuses dans le traitement de la dépression sévère, des pensées suicidaires et du trouble de stress post-traumatique (TSPT) grâce à un nouveau médicament appelé kétamine.

Lors d’une réunion consultative organisée par le Sénat ce 25 juin, le ministre a expliqué que la kétamine offre une alternative rapide et efficace, surtout pour les patients qui ne répondent pas aux traitements habituels. Ce médicament, déjà disponible à l’Hôpital King Faisal, agit en quelques heures ou jours, alors que les antidépresseurs classiques peuvent prendre plusieurs semaines pour faire effet.

La kétamine stimule les connexions neuronales et régule un neurotransmetteur important appelé glutamate, aidant ainsi à soulager rapidement les fortes souffrances émotionnelles.

Le Dr Butera a aussi partagé des chiffres montrant une augmentation des consultations en santé mentale au Rwanda. Entre 2018 et 2019, environ 33 000 nouveaux patients ont cherché de l’aide, un nombre qui a grimpé à 49 000 en 2022-2023. Cette hausse est liée à une meilleure prise de conscience, mais aussi aux traumatismes persistants dus au génocide contre les Tutsi en 1994.

Pour mieux répondre à ces besoins, le gouvernement a renforcé l’accès aux médicaments psychiatriques : les centres de santé proposent aujourd’hui plus de 20 médicaments, contre seulement huit auparavant. Les hôpitaux de district disposent aussi d’un plus grand stock, passant de 15 à 45 médicaments. Par ailleurs, le nombre d’étudiants en psychiatrie a fortement augmenté, passant de 68 en 2022 à 300 en 2023.

La psychologue clinicienne Chaste Uwihoreye a souligné que diagnostiquer les troubles mentaux reste encore difficile car cela demande aux patients de parler de leurs émotions, ce qui est souvent compliqué dans la culture rwandaise.

Le ministre Butera a rappelé que, contrairement à des maladies comme le paludisme, les troubles mentaux sont très personnels, ce qui freine encore beaucoup de personnes à s’exprimer librement.

Adrie Umuhire, présidente de la Commission des affaires sociales et des droits de l’homme du Sénat, a rappelé l’impact qu’a eu l’histoire du pays sur la santé mentale, particulièrement vulnérable à certaines périodes, notamment pendant les 100 jours annuels de commémoration du génocide, où les symptômes liés au traumatisme réapparaissent fréquemment.

Selon le Centre biomédical du Rwanda (RBC), près de 21 % des Rwandais vivent avec un traumatisme, 12 % souffrent de dépression, et beaucoup font face à l’anxiété ou au trouble de stress post-traumatique.

Les discussions ont également permis de mettre en évidence le lien étroit entre consommation d’alcool, de drogues et troubles mentaux. Les experts ont expliqué que ces facteurs s’influencent mutuellement, créant parfois un cercle vicieux qui peut conduire à des maladies physiques, comme l’épilepsie.

Le Dr Butera a ajouté que les troubles mentaux sont plus fréquents avec l’âge : environ 21 % des personnes âgées de 26 à 35 ans ont déjà souffert de problèmes mentaux, chiffre qui monte à 27 % chez les 46-55 ans.

En outre, le sécrétaire d’Etat a insisté sur le rôle de l’éducation dans la prévention des troubles mentaux. « Plus une personne est éduquée, moins elle a de risques de souffrir de ces troubles », a-t-il indiqué, précisant que c’est la raison pour laquelle le gouvernement encourage l’accès universel à l’enseignement secondaire, à la formation technique et professionnelle, ainsi qu’à l’université.

Le Dr Yvan Butera a annoncé des avancées prometteuses dans le traitement des troubles mentaux graves grâce à la kétamine

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