En observant des modèles tels que celui de l’Union européenne, on constate que des marchés communs peuvent être encore plus bénéfiques pour les pays sans accès à la mer que pour ceux ayant une façade maritime. À titre d’exemple, la Hongrie expédie plus de 78 % de ses exportations vers d’autres pays européens, tandis que ce chiffre est de 70 % pour l’Autriche et de 80 % pour la Slovaquie. En revanche, des pays côtiers comme l’Allemagne et la France n’atteignent que 53 % et 55 % respectivement.
Bien que l’Europe ne soit pas directement comparable à l’Afrique, il est intéressant de noter que le commerce intra-européen représente 61 % des échanges totaux, contre seulement 16 % pour l’Afrique. Cette comparaison souligne les avantages considérables qu’une zone de libre-échange pourrait offrir aux pays sans littoral en Afrique.
Une vision soutenue par la volonté politique
L’importance de la ZLECAf pour le Rwanda est indéniable, soutenue par une forte volonté politique. Le ministre rwandais du Commerce et de l’Industrie, Prudence Sebahizi, a souligné dans une interview accordée à IGIHE que l’une des priorités du Rwanda est d’accroître sa productivité par l’intégration technologique. « Vous pouvez augmenter la production sans pour autant accroître les ressources utilisées. La terre ne s’étend pas, le nombre de travailleurs n’augmente pas, mais la productivité peut être améliorée », a-t-il déclaré, insistant sur le rôle crucial de la technologie et de la recherche.
Selon lui, la ZLECAf constitue une occasion en or pour les investisseurs, qui pourraient maximiser la productivité avec les ressources disponibles. « Les industriels doivent réfléchir à des moyens de doubler ou tripler leur production », a-t-il ajouté.
Le ministre Sebahizi a mis en garde contre les conséquences dramatiques de l’inaction. « Ne pas mettre en œuvre ces accords, c’est se condamner à une mort certaine pour l’Afrique », a-t-il affirmé. En effet, ces accords permettent de résoudre plusieurs des défis auxquels le continent est confronté. « Ces accords nous aideront à attirer des investissements et à augmenter notre capacité de production, ce qui est essentiel pour atteindre nos objectifs de développement et sortir le continent de la pauvreté », a-t-il ajouté.
Il a cité l’exemple d’investisseurs chinois qui, voyant le potentiel du marché africain, pourraient choisir de délocaliser leurs usines sur le continent, créant ainsi des emplois et transférant des compétences aux populations locales.
Malgré ces opportunités, le Rwanda doit encore surmonter des défis importants, notamment le faible niveau de production industrielle. Par exemple, les usines de transformation du riz ne couvrent que 45 % des besoins nationaux, celles du maïs 35 %, et celles des plastiques seulement 11 %.
Le pays compte 1 162 usines, dont près de la moitié sont dédiées à la transformation des produits agricoles et de l’élevage. Il est donc impératif pour le Rwanda de renforcer son secteur industriel pour maximiser les avantages de la ZLECAf.
Objectifs ambitieux et perspectives prometteuses
Lors de la conférence « Business Africa » qui se tient actuellement au Rwanda, plusieurs obstacles entravant le bon fonctionnement de la ZLECAf ont été identifiés, tels que les restrictions sur la libre circulation des personnes et le coût élevé des voyages en Afrique. Néanmoins, le Rwanda reste ambitieux dans ses projets.
Dans son plan quinquennal, le pays prévoit de doubler les investissements privés, en passant de 2,2 milliards de dollars (15,9 % du PIB) à 4,6 milliards de dollars (21,5 % du PIB). En parallèle, le gouvernement s’engage à promouvoir les produits « Made in Rwanda », avec un objectif de croissance annuelle de 13 %.
Le Rwanda, l’un des premiers pays à avoir signé et ratifié l’accord de la ZLECAf, fait également partie des sept premiers à avoir commencé à commercer dans le cadre de cette zone. Le secrétaire général de la ZLECAf, Wamkele Keabetswe Mene, a annoncé que d’ici la fin de l’année, 38 pays africains devraient commencer à commercer en vertu de ces accords.
Avec des objectifs d’exportation fixés à 7,3 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, le Rwanda montre sa détermination à exploiter pleinement les opportunités offertes par la ZLECAf pour stimuler son développement économique et s’affirmer sur la scène africaine.
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