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Le colonel Gil Chevallier revient sur les dossiers Kanziga, Zigiranyirazo et Kabuga

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 19 septembre 2025 à 11:18

Lors d’un entretien avec des journalistes du réseau Pax Press, le 18 septembre 2025, le colonel Gil Chevallier, responsable de la sécurité à l’Ambassade de France au Rwanda, également chargé de la protection des témoins et du suivi de la confidentialité de leurs dépositions dans les procès liés au génocide perpétré contre les Tutsi et jugés en France, est revenu sur plusieurs dossiers de personnes responsable des massacres, notamment ceux d’Agathe Kanziga, de Protais Zigiranyirazo et de Félicien Kabuga.

Le dossier Agathe Kanziga toujours en suspens

Le colonel Chevallier a rappelé que la décision rendue le 20 août 2025 par les juges d’instruction de mettre fin aux investigations sur l’implication majeure d’Agathe Kanziga, épouse de l’ancien président Juvénal Habyarimana, n’était pas définitive.

« Je pense que cela prendra quelques mois, mais pour simplement dire, la partie n’est pas terminée », a-t-il déclaré.

Il a toutefois souligné les difficultés liées à l’établissement de sa responsabilité après le début du génocide contre les Tutsi, puisqu’à partir du 9 avril 1994, elle se trouvait déjà en France, évacuée sur ordre du président François Mitterrand, l’enquête ayant donc uniquement porté sur les trois premiers jours du génocide.

En février 2022, les juges avaient déjà décidé de classer le dossier, faute de preuves suffisantes, tandis que la section antiterroriste du Parquet national (PNAT) avait demandé un élargissement des investigations, de mars au 9 avril 1994, l’accusant en outre d’avoir participé à l’elaboration du plan génocidaire, cette demande ayant toutefois été rejetée.

Selon le colonel Chevallier, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence, il est clair que les personnes soupçonnées de participation au génocide contre les Tutsi ne bénéficient plus de zones d’ombre : elles doivent être traduites en justice et répondre de leurs actes si leur implication est établie, citant comme exemple le procès en appel du Dr Sosthène Munyemana, actuellement en cours, ainsi que d’autres procès qui devraient s’ouvrir dès 2026.

L’inhumation controversée de Protais Zigiranyirazo

Le colonel Chevallier est également revenu sur la polémique autour de la sépulture de Protais Zigiranyirazo, décédé à Niamey le 3 août 2025. Sa dépouille avait été transférée en France le 19 août et déposée à Saran, sa famille espérant l’inhumer dans le grand cimetière d’Orléans.

Cette demande a toutefois été refusée. « Nous avons été alertés lorsqu’il est arrivé à Orléans : qui est cet homme et qu’est-ce qui se cache derrière tout cela ? Par ailleurs, ce qui a conduit le maire d’Orléans à refuser l’autorisation de l’inhumer, ce sont précisément les craintes que cela n’entraîne des problèmes de sécurité », a expliqué le colonel Chevallier.

Il a précisé qu’environ 400 personnes, membres de la famille et proches, avaient été conviées à ses funérailles, ce qui aurait pu provoquer des troubles à l’ordre public. Sur la suite de ce dossier, il s’est abstenu de tout commentaire : « Cela, c’est un autre sujet », a-t-il conclu.

La France refuse d’accueillir Félicien Kabuga

Enfin, le colonel Chevallier s’est exprimé sur le cas de Félicien Kabuga. Le 9 septembre 2025, le Bureau du Procureur de l’IRMCT avait annoncé que tous les pays européens sollicités par Kabuga, dont la France et les Pays-Bas, avaient refusé de l’accueillir. Dès lors, son transfert vers le Rwanda était apparu comme la seule option envisageable.

Cette décision intervient alors que le tribunal avait jugé Kabuga inapte à comparaître en raison de son état de santé. Ses avocats se sont opposés à son envoi au Rwanda, mais le refus des pays européens limite les alternatives.

« Pourquoi ne voulons-nous pas l’accueillir ? Parce que nous n’avons rien à faire avec des personnes de ce genre. Son rôle a été celui d’un bailleur de fonds du génocide contre les Tutsi, mettant toute sa fortune au service de son exécution. La France ne soutient en aucun cas de telles actions », a affirmé le colonel Chevallier.

Selon lui, accueillir Kabuga en France alors qu’il ne pourrait pas être jugé risquerait de provoquer des troubles et menacer la sécurité publique, un scénario que Paris entend éviter.

Le colonel Chevallier a rappelé que la décision du 20 août 2025 de clore l’enquête visant Agathe Kanziga n’était pas définitive
Selon le colonel Gil Chevallier, accueillir Kabuga en France alors qu’il ne pourrait pas être jugé risquerait de provoquer des troubles et menacer la sécurité publique
Le colonel Chevallier a lui aussi indiqué que l’inhumation de Protais Zigiranyirazo en France aurait pu provoquer des troubles à l’ordre public

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