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Les proches de Kabila dans la tourmente

Redigé par Tite Gatabazi
Le 11 mars 2025 à 12:34

L’ombre de La Fontaine plane sur ce drame politique congolais, et l’écho de ses vers résonne dans les couloirs du pouvoir : "Si ce n’est pas toi, c’est quelqu’un des tiens". Telle est la sentence qui pèse désormais sur ceux dont le seul tort est d’avoir jadis partagé le banquet de Joseph Kabila. Une ombre, un nom, un lien suffisent pour être précipité dans l’œil du cyclone judiciaire.

Ainsi, en ce mois de mars tourmenté, trois figures de proue du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) se retrouvent convoquées devant l’auditorat militaire de Kinshasa. Aubin Minaku, vice-président du parti, Ramazani Shadary, son secrétaire permanent, et Ferdinand Kambere, son adjoint, sont sommé de se présenter devant la justice, en des termes d’une inquiétante opacité : ils sont appelés à "éclairer". Mais que doivent-ils éclairer sinon les ombres mêmes que projette le pouvoir sur leurs silhouettes ?

Leur crime n’est pas dit, il est insinué, tissé dans les silences lourds d’accusation. Un communiqué du ministère de la Justice laisse filtrer le venin de la suspicion : ces opposants seraient en connivence avec les forces du mal, accusés d’une complicité diffuse avec le mouvement terroriste AFC/M23 qui fait trembler le pouvoir de Tshisekedi. L’arme de l’infamie, sombre et vénéneuse, s’élève contre eux telle une hydre aux mille serres, frémissante d’une haine séculaire.

Brandie avec l’âpreté du bourreau et la ferveur du fanatique, elle déchire l’air de sa lame acérée, traçant dans l’éther le funeste présage de leur damnation. Étendard funèbre de la persécution, elle claque sous les vents impitoyables de l’oppression, exhalant l’âcre parfum de la calomnie et du mépris. Nul ne saurait détourner le regard de cet emblème de malheur, car il porte en lui l’empreinte indélébile des âmes traquées, vouées à l’exil ou à l’oubli, broyées sous l’inflexible joug des juges sans clémence.

Mais au-delà de l’acte judiciaire, c’est une mise en scène politique qui se déploie, une dramaturgie du pouvoir vacillant, qui cherche à conjurer sa propre peur en désignant des boucs émissaires.

Car nul émoi ne trouble désormais le regard de ceux qui contemplent l’odieuse mascarade, figés dans une stupeur lasse, non d’effroi mais d’accoutumance. Ce qui jadis eût soulevé des clameurs d’indignation, ce qui aurait, en d’autres temps, paru une monstruosité sans nom, s’insinue à présent dans l’ordre du monde avec l’insidieuse constance d’une marée montante.

L’absurde se pare des atours du quotidien, l’inacceptable se drape d’une légitimité fallacieuse, et l’infamie, patiemment, tisse son linceul sur l’âme engourdie des témoins muets. Ainsi s’efface l’ultime sursaut, ainsi s’éteint la flamme du refus, et le vertige de la déraison devient la pierre angulaire d’un édifice où ne règnent plus que l’indifférence et l’abandon.

L’anomalie s’institutionnalise : des civils sont traînés devant des tribunaux militaires, leur simple existence en dehors de la ligne officielle devient un acte de rébellion. Ici, la loi ne pèse plus de son impartialité, elle s’incline sous la férule du pouvoir en place, se tord pour revêtir le masque de la répression. Car plus qu’une justice, c’est une vindicte qui s’exerce. La politique devient tribunal, le débat cède le pas à l’intimidation.

Ainsi se dévoile la vérité crue : l’autorité vacille, gangrenée par une paranoïa galopante. Félix Tshisekedi, dans son désir d’asseoir son règne, voit dans l’ombre de Kabila un spectre menaçant, un rival dont la seule mémoire hante encore les cœurs. Alors, pour conjurer ce fantôme, il faut frapper, bannir, interdire, contraindre au silence ceux qui portent encore en eux le sceau de l’ancien régime.

Mais n’est-ce pas là le signe le plus criant d’un pouvoir en désarroi ? Un pouvoir sûr de lui n’a pas besoin d’éliminer ses adversaires dans l’obscurité des salles d’audience militaires. Il affronte la contradiction dans l’arène politique, non dans les sous-sols d’une justice instrumentalisée. En criminalisant l’opposition, le régime de Tshisekedi ne fait que signer l’aveu de sa propre fragilité, se débattant dans les filets d’une angoisse qu’il ne peut contenir.

Ainsi le cycle de l’histoire poursuit sa marche inexorable. L’oppresseur d’hier devient l’opprimé d’aujourd’hui, et les geôliers d’aujourd’hui seront peut-être les captifs de demain. Mais dans cette lutte sans fin, il est un perdant certain : le peuple, condamné à assister à ces jeux de pouvoir qui se rejouent sans cesse, loin de ses véritables aspirations. Pendant que la justice sert d’arme aux puissants, les véritables maux du pays demeurent sans remède, et la RDC, lasse et meurtrie, continue de porter le fardeau de ses illusions perdues.

Les proches de Kabila sont dans la tourmente judiciaire en RDC

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