Dans les communes de Bugabira, Ntega, Busoni (ancienne province de Kirundo) et Nyamurenza (ancienne province de Ngozi), les habitants indiquent éprouver des difficultés à subvenir aux besoins de leurs familles. Beaucoup vivaient du commerce transfrontalier et de petits emplois au Rwanda. « Nous vendions des poules là-bas, nous ramenions des habits pour revendre ici. C’était tout notre revenu », explique une commerçante de Nyamurenza, découragée.
Ces échanges informels, majoritairement assurés par des femmes, faisaient tourner l’économie de plusieurs villages. En exerçant des activités au Rwanda, beaucoup gagnaient des revenus parfois trois fois plus élevés qu’au Burundi, grâce à un franc rwandais plus fort. Aujourd’hui, privés de ces opportunités, la pauvreté s’aggrave. Certaines familles affirment ne disposer que d’un seul repas par jour pour leur famille, tandisque l’abandon scolaire se généralise, malgré le soutien d’ONG comme Welthungerhilfe, qui tente de maintenir des cantines dans quelques écoles.
À ces difficultés économiques s’ajoute un climat de peur. En avril 2024, deux habitants de Bugabira, partis chercher du travail de l’autre côté de la frontière, ont disparu sans laisser de traces. Depuis, nul ne sait ce qu’ils sont devenus. « On ne traverse plus, même pour aller travailler. On a peur », témoigne un habitant.
Face à cette détresse, les habitants se disent pris en otage d’un conflit politique qui les dépasse. Pour l’instant, les tentatives de médiation régionales n’ont pas permis de rouvrir les postes-frontières. À Ntega, un commerçant supplie : « Nous, on ne fait pas de politique. On veut juste pouvoir travailler pour nourrir nos enfants. »
En attendant une éventuelle réconciliation entre les deux pays, les habitants des zones frontalières restent livrés à eux-mêmes, avec une seule question : combien de temps tiendront-ils encore ?
Malgré les discussions diplomatiques engagées au cours de cette année pour rétablir les relations avec le Burundi, le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe a indiqué que ces efforts restaient entravés par les accusations répétées du président burundais Évariste Ndayishimiye, qui accuse le Rwanda de vouloir, selon lui, « envahir son pays » et de soutenir le groupe rebelle RED-Tabara.
Jugées infondées par Kigali, ces allégations compliquent davantage la normalisation des relations et la réouverture des frontières, fermées par le Burundi depuis janvier 2024. Néanmoins, le ministre Nduhungirehe a toujours réaffirmé la volonté du Rwanda de poursuivre le dialogue et la coopération sécuritaire, à condition que cessent ces déclarations hostiles.

AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!