Pas de repos éternel à Orléans : le Conseil d’État dit “non” à Zigiranyirazo

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 9 septembre 2025 à 07:42

Ce lundi 8 septembre, le Conseil d’État a confirmé l’interdiction décidée par la mairie d’Orléans d’inhumer Protais Zigiranyirazo, alias « Monsieur Z », dans le grand cimetière de la ville. Prévue le 28 août dernier, la cérémonie funéraire n’a donc pas eu lieu… et le défunt continue de chercher une dernière demeure qui, visiblement, se fait désirer.

Décédé le 3 août à Niamey à l’âge de 87 ans, Zigiranyirazo n’était pas un inconnu : frère aîné d’Agathe Kanziga, également connu pour avoir joué un rôle central dans la planification du génocide contre les Tutsi, il fut préfet de Ruhengeri de 1974 à 1989 et figura longtemps dans le premier cercle du pouvoir rwandais de l’époque.

Condamné à 20 ans de prison en première instance par le TPIR pour son implication averée dans le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda, puis acquitté en appel en 2009 pour des vices de procédure, il reste largement considéré comme un acteur clé du système Habyarimana et du drame de 1994. Ceci étant, à l’issue de son procès, aucun pays n’a consenti à l’accueillir, se retrouvant reclus au Niger.

Le maire d’Orléans, Serge Grouard, avait motivé sa décision dinterdire l’inhumation du « cerveau du génocide contre les Tutsi » en invoquant « la gravité des faits reprochés » et surtout « le risque grave de troubles à l’ordre public ». Près de 400 personnes étaient attendues pour les obsèques, et la municipalité craignait que la tombe ne se transforme en lieu de pèlerinage morbide. Même l’évêque Jacques Blaquart avait annulé la messe prévue à Saint-Paterne, rappelant que le défunt n’avait jamais exprimé le moindre signe de repentance.

Au-delà du génocide contre les Tutsi, la réputation de Zigiranyirazo est entachée par de multiples accusations : trafics en tout genre, braconnage de gorilles, commerce de pierres précieuses et même responsabilité démontré dans l’assassinat de Dian Fossey en 1985 après qu’elle eut découvert ces pratiques. De quoi faire de son nom un symbole de prédation autant politique qu’économique.

La famille avait contesté l’arrêté municipal devant le tribunal administratif, mais la justice a tranché : pas d’inhumation à Orléans. Par cette confirmation, le Conseil d’État affirme que la gravité des actes commis peut dépasser la simple mort : certains criminels ne peuvent être accueillis dans le silence de la terre.

« Cela va placer l’État devant ses responsabilités », a commenté le maire Serge Grouard, se réjouissant de la décision.

Ce lundi 8 septembre, le Conseil d’État a confirmé l’interdiction décidée par la mairie d’Orléans d’inhumer Protais Zigiranyirazo

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