Paul Nang Majok, qui avait été remplacé en juillet dernier par Dau Aturjong après seulement sept mois à la tête de l’armée, reprend désormais son poste de chef des forces de défense. Aturjong a été nommé conseiller technique au ministère de la Défense. Aucune explication officielle n’a été fournie concernant ces changements, conformant ainsi la tradition selon laquelle les nominations et destitutions au sommet militaire s’opèrent sans justification publique, a rappelé Lul Ruai Koang, porte-parole de l’armée sud-soudanaise.

Ces remaniements surviennent dans un contexte d’instabilité marquée au sein des forces armées et du gouvernement, alors que Kiir doit faire face à un conflit armé persistant et aux spéculations sur sa succession. Le Soudan du Sud, officiellement en paix depuis un accord de 2018 ayant mis fin à un conflit de cinq ans ayant fait des centaines de milliers de morts, reste régulièrement secoué par des violences entre communautés rivales.

Le limogeage et la réinstallation de Majok font suite à une série d’affrontements dans le nord-est du pays, où l’armée avait été brièvement débordée par l’Armée blanche, une milice ethnique composée principalement de jeunes Nuer liée au vice-président principal Riek Machar.

En mars, Machar avait été placé en résidence surveillée, accusé de soutenir cette milice et d’inciter ses partisans à se révolter contre le gouvernement, mettant ainsi en péril l’accord de paix. Il a été jugé le mois dernier pour trahison, meurtre et crimes contre l’humanité, accusations qu’il conteste.

En mai, l’armée sud-soudanaise a annoncé avoir repris le contrôle de la ville de Nasir sur l’Armée blanche. Ces événements ont ravivé les craintes d’un retour à une guerre civile, alors que les partisans de Machar dénoncent une violation de l’accord de partage du pouvoir.

Selon les analystes, les remaniements répétés opérés par le président Kiir visent à consolider son emprise sur le pouvoir tout en maintenant un fragile équilibre entre les différentes factions du pays, dans un contexte où la stabilité demeure précaire.

Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a limogé le chef des forces armées et rétabli son prédécesseur, destitué trois mois plus tôt