Cela faisait des mois qu’il avait emprunté la posture de la victime, multipliant les déclarations dans les forums internationaux et la presse sur ce qu’il appelle l’agression de son pays par le Rwanda.

L’escalade semble galvaniser le Président Tshisekedi.

Elle s’est manifestée par l’expulsion de l’Ambassadeur du Rwanda en RDC, Vincent Karega, par le conseil supérieur de défense du 29 octobre dernier.

La désignation du Rwanda comme agresseur représente une aubaine à la fois pour l’armée en débandade face au M23 et le Président en quête de glissement.

Place à la surenchère pour électriser et sonner la mobilisation générale qui contraste avec les réalités de terrain. Mais on s’en moque.

Dès les premiers mots de son discours à la nation, Tshisekedi dit "ce contexte d’agression et d’occupation des territoires dans le Nord Kivu est perpétrée par le groupe terroriste dit du M23, avec l’appui avéré en hommes et en logistique du Rwanda."

Et pour instrumentaliser les sentiments, il continu en ces termes : " au moment où je fais cette adresse, nos agresseurs occupent certaines localités dans le territoire de Rutshuru occasionnant ainsi un drame humanitaire avec plus de 200 000 compatriotes forcés de fuir les affres terroristes dans les zones de combats. Ils se trouvent loin de chez eux sans logis, sans nourriture et sans soins".

Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin pour réveiller la fibre nationaliste.

"Avec le Rwanda un mémorandum d’entente a été signé dans le commerce de l’or avec une entreprise nationale, une ligne aérienne a été ouverte à la compagnie nationale Rwandaise dans notre pays et un accord de non double taxation a été signé."

"Malgré cela, ce pays va nous surprendre en réactivant les terroristes du M23".

Et de continuer pour enfoncer le clou : "en effet, sous la fallacieuse accusation de soutien des FARDC aux FDLR, le Rwanda a en réalité des velléités expansionnistes avec comme intérêt principal l’appropriation de nos minerais pour assouvir ses appétits criminels".

Et pour indiquer aux Congolais qu’il déclare la guerre au Rwanda bien malgré lui, il s’exprime en ces termes : "Deux options s’offraient à nous, la diplomatie ou la guerre. J’ai résolu de privilégier la première option quitte à en venir à la seconde faute de résultats".

Nous y voilà car il indique plus loin : "une fois de plus aucune avancée sur le terrain de la paix attendue par notre population n’a été observée". On ne peut être plus clair.

Et pour étayer son propos, il enchaîne en disant : "garant de l’indépendance, de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale, je réitère mon engagement constitutionnel de défendre la Patrie jusqu’au sacrifice suprême". Qui m’aime me suive, comme dirait l’autre.

Et il s’adresser tout particulièrement à la classe politique et incidemment à la société civile : "la guerre qui nous est imposée par nos voisins exige de chacun de nous des sacrifices. C’est le moment de taire nos divergences politiques pour défendre tous rassemblés, notre mère Patrie."

Et d’emprunter le vocabulaire largement utilisé au Rwanda par les génocidaires.
Celui de la milice d’auto-défense, cher à l’ancien Premier Ministre Kambanda.

En effet Tshisekedi dit haut et fort : "en réponse à la forte demande de la jeunesse, j’invite celle-ci à s’organiser en groupe de vigilance, en vue d’appuyer, d’accompagner et de soutenir nos forces de défense et de sécurité dans l’accomplissement de leur noble mission".

Et de faire un clin aux théoriciens du complot et de l’infiltration en mettant "en garde tous les traîtres et autres brebis galeuses qui servent les intérêts de l’ennemi".

Des congolais indexés sont déjà connus. Ce ton belliqueux et menaçant est un cache misère des causes réelles et structurelles de l’instabilité et l’insécurité a l‘Est de la RDC.

Pas certains que ce soit la meilleure des solutions pour obtenir ce fameux glissement.

Président Tshisekedi dans une adresse à la nation ce jeudi 3 novembre 2022