L’arène politique rwandaise est faite de onze partis politiques de la coalition gouvernementale dont deux (Parti Social Imberakuri et les Verts) qui se déclarent de l’opposition. On remarque la plupart des formations politiques de la diaspora qui piaffent aux portes de l’arène politique rwandaise en quête d’enregistrement officiel. Elles restent à présenter leurs dossiers au tout nouvel organe dit Rwanda Governance Board.
Il se constate un manque de transparence dans la plupart des formations politiques établies et dans celles qui luttent pour leur reconnaissance officielle. Des critiques pour la plupart constructives fusent sur les fora. Elles partent du fait que ces formations politiques naissent sans penser à la ligne idéologique ferme de parti avant de brosser les projets de société. Bien plus, ces organisations politiques sont loin d’être des institutions sociales qui se fondent sur des classes sociales déterminées. Il manque des activités de propagande de parti en profondeur dans la base communautaire pour asseoir d’inexistantes idéologies politiques rationnelles professées par telle ou telle formation politique.
Négocier des couloirs idéologiques de partis
Les politiciens rwandais éprouvent des difficultés de s’approprier des espaces idéologiques dans l’arène politique rwandaise. Ils trouvent qu’il faut uniquement critiquer le modus operandi du parti au pouvoir, le FPR alors que lui a déjà déclaré sa ligne idéologique de la droite. Tout se tient chez lui. A droite capitaliste, toujours à droite ultracapitaliste !

Sans idéologie brandie, les partis politiques rwandais se baillonnent eux-mêmes
En effet, dans son souci de créer un environnement des affaires dans les couches les plus conservatrices de la société traditionnelle rwandaise, les critiques fusent brandissant que le FPR est entrain de paupériser les masses. Pourtant pour réussir son pari de faire entrer tous les citoyens rwandais dans l’économie de marché, il doit bousculer les mentalités qui résistent au changement social.
Et c’est ici que la structure de l’opposition politique rwandaise a du mal à se frayer ses couloirs idéologiques façonnés différemment de la ligne idéologique du capitalisme pur et dur du FPR consistant à favoriser jeunes et riches entrepreneurs tant nationaux qu’étrangers pour une création de plus en plus volumineuses richesses sociales dans le pays.
Une Liberté d’expression nécessaire
S’il est vrai qu’il y a nécessité de la culture de la libre expression et de libre association, il manque au Rwanda des institutions sociales ramenant ou dynamisant le rythme de remise en confiance des différentes couches sociales aux profils culturels variés selon que les uns et les autres ont réintégré la société rwandaise, après 1994, venus de milieux accusant de criants contrastes culturels.

L’heure est-elle venue d’assumer ses responsabilités morales dans l’expression de ses idées, sentiments et aspirations ? Est-il suffisamment apprécié le niveau actuel de compréhension et de respect mutuels, de tolérance et d’épanouissement culturel lié au travail créateur des richesses sociales ?
Beaucoup de questions fondamentales se posent montrant que si le régime actuel piloté par le FPR a mis dans ses priorités la promotion de toute initiative privé ou publique de création d’infrastructures économiques et partant de richesses sociales, il doit avoir délibérément passé sous silence la question de redistribution équitable des revenus. Des conséquences apparaissent inévitablement car les possesseurs de capitaux étant peu nombreux, il s’installe un capitalisme de monopole qui s’accompagne nécessairement d’un rétrécissement du cadre de libre expression citoyenne et donc de revendication des travailleurs.

Quoi si le PSD assumait par action sa ligne idéologique du Centre gauche ?
Conscient du bilan assez satisfaisant de richesses sociales créées, il faut dire que les causes qui sont à l’origine de la gêne dans l’expression de ses idées politiques sont en passe d’être révolues, 19 ans d’apprentissage du revivre ensemble peuvent être appréciés à leur juste valeur.
« Pour une expression d’idées contradictoires plurielles, je n’y vois pas d’inconvénient. Cela doit logiquement se faire ainsi. Onze millions de citoyens rwandais ne peuvent pas avoir une pensée uniforme », a déclaré Paul Kagame, le Président rwandais au cours de son discours inaugural de Toronto Rwanda Day en ce 28 septembre 2013.
Mais quelles sont ces idées plurielles ?
D’aucuns jugent que la grande partie des politiciens rwandais y compris ceux de l’opposition politique ne sont pas assez outillés pour concevoir des lignes idéologiques pour l’identité de leurs partis. “Une ligne politique, ce sont les idéaux,le projet de société et les activités politiques décidés pour la construction d’une société donnée et moulés dans telle ou telle philosophie politique. Le politicien qui maîtrise la ligne idéologique de son parti conçoit aisément la direction de développement qu’il doit donner à son pays pour que les citoyens puissent accéder en toute tranquillité à une distribution équitable des richesses nationales”, écrit Nahimana avec un souci pédagogique prononcé à l’intention des politiciens rwandais.

FPR en campagne pour les récentes législatives de septembre 2013
Il reste néanmoins le fait que les circonstances de la création des partis politiques rwandais incitent à des mauvaises pratiques dictatoriales. Des structures dirigeantes de ces partis restant immobiles.
“Au Rwanda ou dans la diaspora rwandaise, on voit des chefs de partis qui se proclamment des présidents-fondateurs. Cela montre une tendance dictatoriale qui fausse le débat au sein des partis car ce président fondateur est appelé à diriger le parti jusqu’à non plus. On l’a vu avec la Dame Victoire Ingabire aujourd’hui en prison du FDU. Même en prison, elle reste la presidente. Me Bernard Ntaganda dans sa prison ne sait pas passer le baton de dirigeant à son adjoint. Résultat ? Des scissions éclatent si vite. Pour les partis coalisés au pouvoir avec le FPR, vous constaterez les mêmes figures politiques qui reviennent à chaque mandato u simplement nommées car elles chapautent depuis 19 ans la tête de leurs formations politiques. Ce signe à lui seul montre la dictature au sein de tous les partis politiques rwandais y compris ceux-là qui réclamment plus de démocratie et d’ouverture de l’espace politique dans l’arène politique. Des contradictions sont très criantes dans nos institutions politiques de la société civile”, confie à IGIHE un observateur politique qui a requis l’anonymat.

Deux factions ont éclaté au sein des PS Imberakuri : l’idéologie du parti ne cimente pas les assises de la base des adhérents.
Pour cet autre politologue, “il est triste de constater qu’à l’instar du Parti des Verts nouvellement agréé, le président-fondateur Dr Frank Habineza montre une orientation eurocentrée de son parti. On dirait qu’il est plus attiré par ses donateurs occidentaux plutôt que la tâche de politicien national rwandais qui l’attend dans la masse communautaire. Lui comme les autres, personne, aucun parti politique rwandais à part le parti FPR au pouvoir, n’essaie de montrer par action l’étendue de sa ligne idéologique.
Bien entendu le FPR le fait en brandissant le bilan gouvernemental mais il montre que ce bilan porte son cachet et donc son idéologie d’aller vite dans la création des richesses, de s’enrichir à bouche-que-veux-tu. L’essentiel de son idéologie politique est dite dans une promotion fulgurantes de jeunes gens qui savent fouiner où se trouvent des richesses”.
Dans tous les cas, le mal qui ronge l’arène politique rwandaise est cette dictature intraparti qui atrophie ces institutions qui auraient dû former l’ossature de la société civile tout en étant des institutions sociales actives ayant ainsi échappé à leur président-fondateur. C’est cette recherche effrénée des dividendes qu’offre la profession de politicien sans toutefois entrevoir le ferme engagement pour la cause sociale qu’on doit nécessairement défendre pour arriver à ses fins.
Le parti- Une institution sociale échappant au père fondateur
Dans ces conditions d’infantilisme politique, la fonction pédagogique dans la masse de l’électorat du parti se perd. Les adhérents baignent dans un flou bien entretenu ne sachant ni la nature idéologique de leur parti ni le pourquoi ils militent. Voilà pourquoi la plupart des partis politiques officiellement agréés dans le pays n’ont pas de permanence à la base communautaire. Ont-ils ou savent-ils un message à leur donner ? Il en va de même de la pléthore de formations politiques de la diáspora qui se bousculent aux portes de Kigali.
On regrettera le fait que nos politiciens confondent ressentiments et autres comptes à régler au régime de Kigali à tout un programme politique. Ils faussent délibérément la lutte politique. En cela, ils prêtent l’oreille aux intérêts étrangers qui ne veulent pas la pacification du Rwanda et celle de la región des Grands Lacs africains.
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