Burundi : sans croissance, la pauvreté perdure

Redigé par IWACU
Le 24 mai 2013 à 01:35

Malgré les investissements, la croissance nationale ne décolle pas. Depuis 2005, le budget alloué à l’agriculture a été multiplié par 20, mais sans résultat probant. Ainsi, le taux moyen de croissance reste en deçà des 7%, un taux à dépasser pour lutter efficacement contre la pauvreté.
Le constat est implacable : « Le taux de croissance moyen du PIB depuis 2007 est de 4%. (…) Pourtant, le taux de croissance reconnu pour déclencher la sortie de la pauvreté est de 7% », se désole Faustin Ndikumana, (...)

Malgré les investissements, la croissance nationale ne décolle pas. Depuis 2005, le budget alloué à l’agriculture a été multiplié par 20, mais sans résultat probant. Ainsi, le taux moyen de croissance reste en deçà des 7%, un taux à dépasser pour lutter efficacement contre la pauvreté.

Le constat est implacable : « Le taux de croissance moyen du PIB depuis 2007 est de 4%. (…) Pourtant, le taux de croissance reconnu pour déclencher la sortie de la pauvreté est de 7% », se désole Faustin Ndikumana, président de la Parcem (Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités). Le niveau de croissance économique qu’affiche le Burundi actuellement n’est pas raisonnable pour l’économiste. Il fait référence aux autres pays comme le Rwanda, la Sierra Leone, l’Ouganda, le Liberia, etc… qui, après un conflit armé, ont enregistré des taux de croissance supérieurs ou égaux à 7% : « Après la période de guerre, le Burundi devrait faire comme ces pays ! Avec tous les documents et outils de planification stratégique comme la vision 2025, le CSLPII, la Stratégie Nationale Agricole, le Programme National de Sécurité Alimentaire,… pour relever le niveau de production, c’est incompréhensible que le taux de croissance reste faible ! »

Dans cette sortie de la Parcem, il faut toutefois remettre les éléments en perspective. Ainsi, parmi les pays mentionnés, trois possèdent un sous-sol riche en minerais. La Sierra Leone possède par exemple de l’or, du fer, de la bauxite, des diamants,… ; l’Ouganda des hydrocarbures et le Liberia du diamant, du bois, du latex,… Seul le Rwanda pourrait donc servir de comparaison puisqu’il possédait au moment de la sortie de crise une économie comparable à celle du Burundi.

Les efforts consentis par le gouvernement du Burundi dans le secteur agricole pour relever le niveau de production ne donnent pas de bons résultats, selon M. Ndikumana : « Tous les tenants du pouvoir affirment que ce secteur reste fondamental dans la lutte contre la pauvreté et la création de la croissance. Et depuis 2005, le budget alloué à l’agriculture a été multiplié par 20, mais la production ne suit pas », déplore-t-il. Et de citer quelques indicateurs montrant les effets de la morosité de la croissance économique burundaise : le taux d’insuffisance pondérale estimé autour de 30% alors que le seuil accepté par l’Organisation Mondiale de la Santé est de 20%, le seuil de malnutrition de 58% contre un seuil d’urgence de l’OMS de 40%, le nombre de médecins actuellement 1 médecin pour 20.000 habitants alors que l’OMS exige 1 pour 10 mille habitants.

« Nos investissements n’ont pas encore donné un output réel »

A cette question de la faiblesse du taux de croissance, le ministère des Finances et de la Planification se veut rassurant : « Nous sommes un pays post-conflit qui est en train de se chercher pour le développement. Les secteurs dans lesquels le Burundi est en train d’investir n’ont pas encore donné de production réelle, ce qui fait que souvent nous n’arrivons pas à la croissance projetée », indique Désiré Musharitse, porte-parole du ministère.

Parmi les secteurs d’investissement, M. Musharitse évoque le secteur énergétique où il existe plusieurs chantiers hydroélectriques, celui de l’agriculture avec la construction des barrages d’irrigation, comme celui de Kajeke, de nouvelles politiques de développement des filières, les subventions en engrais chimiques…

L’aide publique au développement contribuant dans la promotion de la croissance n’a pas été débloquée pour le Burundi comme dans les autres pays, d’après toujours le porte-parole. Il fait savoir que le plus haut niveau de l’aide pour le Burundi a été celui de 2008 avec 30 $/habitant : « Or dans les autres pays de l’EAC et ceux en période post-conflit l’aide a été de loin supérieure. Par exemple au Rwanda, c’est environ 150 $/habitant. » Toutefois, notre source reste optimiste quant à l’amélioration de la croissance au Burundi : « Premièrement, nous avons beaucoup investi dans le retour à la paix, c’était le plus urgent. Maintenant que nous sommes en train d’investir dans les secteurs productifs, nous comptons réaliser de bons résultats en matière de croissance économique en 2015. »


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