Cécile Kayirebwa, 30 ans après : un concert pour élites

Redigé par Elvis Nibomari
Le 11 mars 2014 à 10:48

500 personnes, ça suffit ! C’est très catégorique, très limité, très cadré, et surtout c’est aussi précisément très facturé. 10 000 frw par personne pour un concert d’une sexagénaire qui chante en maniant une voix d’un autre temps, le temps des danseurs intore ! Le temps des guerriers, le temps des contes, des exploits, le temps où les enfants –à force d’écouter des contes- étaient convaincus que le lièvre parlait un excellent Kinyarwanda.
Eh bien, ce n’est pas n’importe quelle chanteuse, c’est bel et bien (...)

500 personnes, ça suffit ! C’est très catégorique, très limité, très cadré, et surtout c’est aussi précisément très facturé. 10 000 frw par personne pour un concert d’une sexagénaire qui chante en maniant une voix d’un autre temps, le temps des danseurs intore ! Le temps des guerriers, le temps des contes, des exploits, le temps où les enfants –à force d’écouter des contes- étaient convaincus que le lièvre parlait un excellent Kinyarwanda.

Eh bien, ce n’est pas n’importe quelle chanteuse, c’est bel et bien Cécile Kayirebwa, qui prévoit fêter dimanche le 16 mars, ses 30 ans de musique sur la scène d’Ahava River Hall dans le quartier de Kicukiro.

Il s’agit de trente ans qu’elle a consacré à graver sa musique sur CD, à être la femme qu’il faut écouter et à vivre de sa musique en marge de ses responsabilités de mère et d’épouse.

Trente ans consacrés à un talent héréditaire qu’elle a quand même exposé beaucoup plus que son idole de père resté dans l’anonymat.

Droits d’entrée limitatifs

Mais 10 000 Frw pour un concert ? Pas que ce soit une somme terrible et d’ailleurs les organisateurs la trouve tellement bonus, mais il s’agit quand même d’une sérieuse dépense. Il s’agit d’un salaire de la plupart des domestiques débutants.
Mais cela veut aussi dire, que la personne qui dépense cette somme sait bien que ce n’est pas un autre concert qu’elle va voir. Ce n’est pas pour attirer des foules dans un stade Amahoro, grand comme petit. Déjà pour localiser la salle demande une certaine gymnastique. Les organisateurs savent aussi qu’ils n’ont pas droit à l’erreur avec un public trié à la main ; car il est souvent exigent.

Un rendez-vous d’artistes hors pair

Pour frapper un grand coup Cécile s’entoure de toutes les générations, de fils en petits fils. Premièrement, Massamba, un peu comme elle, gagné à la cause culturelle à travers une musique héréditaire où de l’étranger son père le garde au Rwanda à travers des instruments de musique traditionnelle. Il le nourrit d’une culture on ne plus incomparable, lorsque il s’agit de chanter, danser comme il faut.

Deuxièmement, Mani Martin, dans sa vingtaine. Il a su imposer un style unique et inattendu pour un jeune de son âge.

Ayant débuté dans le gospel, il s’est permis d’explorer aussi d’autres sphères pourvu que ça reste de la musique, même si ça irrite ses anciens pères spirituels. Avec succès, il a rallié tout le monde, jeunes comme vieux, tout en gagnant le respect d’autres artistes locaux.

Puis il y aura Gakondo Group, Mighty Popo et j’en passe.

De toutes les façons, Madame Kayirebwa ne veut pas du vulgaire au cours des festivités culturelles marquant ses trois décennies de dur labeur.

Avec un public select, estimé et sous contrôle, il est facile de mesurer ses attentes. Pour les satisfaire, c’est un travail de grand artiste.

Alors à ce dimanche ! Au menu : une musique d’élite, pour les élites.


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