EDUCATION - Par crainte des débordements qui peuvent survenir lors de la journée de mobilisation de jeudi, une petite trentaine de proviseurs de lycées parisiens souhaitent fermer leurs portes, par prévention. Mais le rectorat rappelle le devoir d’assurer la continuité du service public.
"Les collègues sont inquiets. Aujourd’hui, c’est le sujet de conversation numéro 1." Pascal Charpentier, secrétaire national du SNPDEN-Unsa, premier syndicat de proviseurs, participe ce mercredi à un congrès de proviseurs, à Grenoble. Et, au téléphone, il donne la température : plus que la polémique sur la cigarette dans les lycées, c’est bien la manifestation de jeudi contre la loi Travail, et surtout les éventuels débordements, qui animent les conversations des chefs d’établissements. Ils sont inquiets, au point qu’environ 25 lycées, tous parisiens, envisageraient de fermer leurs portes jeudi, par prévention.
"Il est hors de question de dire que nos jeunes sont des casseurs"
Dans la capitale, justement, les précédentes mobilisations ont, il est vrai, été émaillées d’incidents. Dernier en date, et sans doute le plus frappant, vendredi dernier : des élèves du lycée Bergson, dans le 19e arrondissement, s’étaient retrouvés pour manifester contre des violences policières. Le regroupement était à l’origine pacifique, pour soutenir un de leur camarade, frappé par un policier la veille, au cours d’une mobilisation contre la loi Travail. Sauf que, d’après la FCPE de Bergson, une "dizaine d’individus cagoulés, vraisemblablement rompus à l’agitation des foules, sont arrivés et se sont mêlés aux lycéens". Et le cortège a dégénéré : saccage de poubelles, jet de projectiles en direction des forces de l’ordre, puis de deux commissariats, pillage dans un Franprix. "Les élèves étaient en retrait", insistent les parents d’élèves.
Forcément, ces débordements passés inquiètent les proviseurs pour les mobilisations à venir. Car, de l’aveu de Pascal Charpentier, il est loin le temps où les manifestations dans les lycées se soldaient par des filtrages, des banderoles, et du dialogue. "Depuis quelque temps, on constate que ces manifestations sont de plus en plus violentes, poussées par des petits groupes de jeunes", estime le responsable syndical. "Il est hors de question de dire que nos jeunes sont des casseurs, insiste le secrétaire national, mais ces mobilisations permettent à des casseurs de s’en prendre à des établissements scolaires, et à d’autres symboles. En tant que proviseurs, nous sommes responsables de la sécurité des biens et des personnes. Mais ce n’est pas simple à gérer."
Le rectorat prévient
Car plus que de l’éducatif, il s’agit désormais de maintien de l’ordre, estime le syndicat. Et jouer à la police, ce n’est pas le rôle des proviseurs. "S’il n’y a pas de mesures particulières prises en matière de présence des forces de l’ordre", 25 établissements seront fermés jeudi, a ainsi estimé Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, citant notamment les lycées Voltaire (11e) et Jules-Ferry (9e).
Reste que le rectorat de Paris est loin de soutenir ce début de fronde. Dans un communiqué envoyé à la mi-journée, l’académie de Paris rappelle aux proviseurs le code de bonne conduite, à savoir "la nécessité pour les chefs d’établissements d’assurer la continuité du service public d’éducation" : "Un lycée ne peut pas être fermé par anticipation. Une fermeture ne peut être envisagé que le jour même pour des raisons de sécurité absolue avérés, et ne peut être effectuée qu’en accord avec le recteur", insiste le communiqué. En clair, jeudi, les établissements doivent rester ouverts… dans la mesure du possible.
A Paris, le lycée Bergson, particulièrement visé
Au téléphone, l’accueil de l’établissement renvoie directement vers le rectorat. Sujet sensible. Car ce lycée du 19e arrondissement est particulièrement dans l’œil du cyclone, après les débordements de la semaine dernière. Jeudi dernier, une vidéo prise lors de la mobilisation contre la loi Travail est devenue virale : elle montrait un montrant un policier assénant un violent coup de poing à un élève de cet établissement, maîtrisé par un autre fonctionnaire. Deux enquêtes, l’une administrative, l’autre judiciaire, ont, depuis, été confiée à l’IGPN, la "police des polices".
"Ce n’est pas aux établissements de jouer à la police"
Le lendemain, une marche des lycéens, contre les violences policières, avait dégénéré. Une difficile gestion des mouvements de jeunes, qui fait dire à Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN : "On comprend que les forces de l’ordre n’aient pas très envie de se confronter aux lycéens avec tous les risques, on a vu ce qui s’est passé pour le lycée Bergson. Mais si le ministère de l’Intérieur n’est pas en mesure d’assurer l’accès aux établissements, ce n’est pas aux établissements de jouer à la police". D’après le rectorat, le lycée Bergson ne fermera pas jeudi.
Avec metronews.fr
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