À cette occasion, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe, avait souligné des avancées significatives réalisées lors des discussions, qui laissaient entrevoir un possible rétablissement des relations entre les deux nations.
« Le Rwanda et le Burundi sont engagés sur une voie prometteuse pour mettre fin aux hostilités et parvenir à un accord, alors que des discussions entre les dirigeants des deux pays se poursuivent », avait-il indiqué.
On s’attendait alors à ce que le président burundais, Évariste Ndayishimiye, renonce à ses accusations répétées contre le Rwanda — notamment celles formulées entre décembre 2023 et février 2025, période durant laquelle il avait évoqué un possible changement de régime à Kigali et accusé le pays de nourrir des intentions agressives à l’égard du Burundi.
Cependant, cet espoir s’est vite estompé. À l’issue des deux séries de dialogues organisées dans chaque pays, le président Ndayishimiye a repris ses propos hostiles à l’égard du Rwanda, affirmant que les Burundais étaient prêts à se défendre en cas d’agression rwandaise.
Le 4 mai, le ministre Nduhungirehe a réitéré l’engagement du Rwanda en faveur de relations pacifiques avec le Burundi, tout en exprimant son inquiétude face au fait que chaque avancée était systématiquement compromise par des déclarations du président Ndayishimiye dans les médias.
« Ces accusations ne reposent sur aucun fait. Dire que le Rwanda prévoit d’envahir le Burundi est tout simplement faux — et même les Burundais le savent. Nous espérons que ce genre de déclarations diminuera, surtout du côté burundais, afin que nous puissions continuer à travailler ensemble et rétablir nos relations en temps voulu », avait-t-il fait savoir.
Ndayishimiye a également ravivé de vieilles rancunes, affirmant que tant que le Rwanda n’extraderait pas les individus soupçonnés d’avoir participé au coup d’État manqué de mai 2015 contre l’ancien président burundais Pierre Nkurunziza, les frontières entre les deux pays resteraient fermées.
Le Burundi avait fermé ses frontières en 2015, puis les avait rouvertes en 2022, avant de les refermer à nouveau en janvier 2024, suite à une attaque du groupe RED Tabara à Gatumba, une localité de la province de Bujumbura située près de la frontière avec la République démocratique du Congo.
Qu’est-ce qui a vraiment poussé Ndayishimiye à saboter les négociations ?
Un rapport d’experts des Nations unies, publié le 3 juillet 2025, a révélé que les nouvelles attaques verbales du président burundais Ndayishimiye contre le Rwanda en février avaient été motivées par les avancées territoriales significatives de la coalition M23/AFC dans la province du Sud-Kivu, à proximité de la frontière burundaise.
Le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC) coopèrent depuis longtemps dans la lutte contre le AFC/M23, accusant le Rwanda de soutenir ce groupe armé, ainsi que la rébellion burundaise RED Tabara. Le Rwanda a, à plusieurs reprises, rejeté ces accusations, les qualifiant de sans fondement et politiquement motivées.
Les discussions entre le Rwanda et le Burundi, organisées en mars, avaient d’abord permis une accalmie dans la rhétorique de Ndayishimiye. Cependant, les tensions ont repris à la fin du mois de mars, lorsque la coalition AFC/M23 a étendu son contrôle sur de nouveaux territoires dans le Sud-Kivu, éprouvant ainsi la patience du Burundi.
À l’époque, le président Ndayishimiye avait déclaré : « Nous savons que le Rwanda tente de nous attaquer en passant par le territoire congolais, en utilisant la milice RED Tabara. Mais qu’on soit clairs : s’ils essaient d’atteindre Bujumbura via le Congo, alors nous savons aussi que Kigali n’est pas loin si nous passons par Kirundo. »
Selon les experts de l’ONU, dès le début du mois d’avril 2025 — soit quelques jours seulement après ces déclarations — le Burundi a déployé entre 7 000 et 9 000 soldats dans le Sud-Kivu.
Ces troupes ont été stationnées dans la plaine de la Rusizi, près de la frontière, ainsi que dans les zones montagneuses entourant Minembwe, dans le territoire de Fizi, afin de contenir la progression de la coalition AFC/M23.
Le rapport précise en outre que les forces burundaises opèrent en étroite coordination avec l’armée congolaise (FARDC), les milices Wazalendo soutenues par le gouvernement congolais, ainsi qu’avec les FDLR, une milice génocidaire hostile au gouvernement rwandais.

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