Trois corps ensevelis dans des sacs ont été retrouvés par les forces de l’ordre, lundi 29 février, dans le quartier contestataire de Mutakura à Bujumbura, capitale du Burundi. D’après le maire, un responsable non élu mais directement nommé par le président burundais Pierre Nkurunziza, des opposants au régime seraient à l’origine du massacre.
« Ils ont enterré des personnes tuées parce qu’elles soutenaient le troisième mandat [du président Nkurunziza], des Imbonerakure [la ligue des jeunes du parti au pouvoir que l’ONU a qualifiée de milice] ou encore des habitants du coin qui refusaient de contribuer à l’insurrection », selon l’édile. « Un des tueurs arrêtés (…) nous a assuré qu’il y avait au total une trentaine de corps inhumés dans cette fosse », a poursuivi le maire, précisant que « les fouilles continuent à l’heure qu’il est ».
La découverte macabre a eu lieu en présence de journalistes, conviés par les autorités, le jour même où le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a annoncé que des experts indépendants, chargés d’enquêter sur les violations des droits de l’homme au Burundi, allaient se rendre sur place dès mardi.
Des fosses communes dénoncées par des ONG
Le Burundi est plongé depuis dix mois dans une crise politique profonde, née de la volonté du chef de l’Etat de se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet.
Les violences, désormais armées, ont déjà fait plus de 400 morts et poussé plus de 240 000 personnes à quitter le pays. Des organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé l’existence de fosses communes, de nombreux cas d’exécutions sommaires et d’assassinats ciblés d’opposants au président.
« Nous déplorons le fait qu’Amnesty International ait accusé le gouvernement et ses forces de sécurité d’avoir enterré des gens dans de nombreuses fosses communes, sans évoquer les opposants, alors que ce sont eux qui l’ont fait », a réagi lundi le maire de Bujumbura.
Amnesty International avait dénoncé à la fin de janvier l’existence d’au moins six fosses communes autour de Bujumbura, en s’appuyant sur des photos satellite, après une répression sanglante ayant touché plusieurs quartiers contestataires de Bujumbura, à la suite d’une attaque par des rebelles de trois camps militaires le 11 décembre.
Le gouvernement burundais avait démenti ces accusations, tout en rejetant toute enquête indépendante
Avec bujumbura.be
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