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ÉTATS-UNIS • Boston : les frères Tsarnaev, des...

Redigé par The Boston Globe
Le 21 avril 2013 à 01:22

ÉTATS-UNIS • Boston : les frères Tsarnaev, des “amateurs” aux mains propres Ils n’étaient pas connus pour avoir eu des contacts avec des groupes radicaux et n’étaient donc pas dans le collimateur des autorités, met en avant le Boston Globe dans un éditorial le 20 avril.
Les frères Tsarnaev dans la foule avant les explosions au marathon de Boston lundi 15 avril. L’ainé, à gauche, Tamerlan, est mort le 18 avril après avoir été blessé dans une fusillade avec la police. Son cadet Djokar a été arrêté le 19 (...)

ÉTATS-UNIS • Boston : les frères Tsarnaev, des “amateurs” aux mains propres
Ils n’étaient pas connus pour avoir eu des contacts avec des groupes radicaux et n’étaient donc pas dans le collimateur des autorités, met en avant le Boston Globe dans un éditorial le 20 avril.

Les frères Tsarnaev dans la foule avant les explosions au marathon de Boston lundi 15 avril. L’ainé, à gauche, Tamerlan, est mort le 18 avril après avoir été blessé dans une fusillade avec la police. Son cadet Djokar a été arrêté le 19 avril après une chasse à l’homme dans toute la ville. Crédits : AFP photo/FBI. AFP

A Boston, personne n’oubliera la terrible chasse à l’homme déclenchée pour retrouver les deux frères soupçonnés d’avoir commis les attentats du Marathon. Personne n’oubliera non plus le courage des policiers qui y ont pris part, en particulier Sean Collier, de la police du MIT, qui a perdu la vie, et Richard H. Donahue Jr., de la police des Transports du Massachusetts, gravement blessé.

Dans la nuit du jeudi 18 avril et durant la journée du vendredi, les habitants du Grand Boston ont vécu dans une atmosphère de siège que l’on ne voit d’ordinaire que dans les films. Mais tout du long, grâce à la coopération entre les autorités, les victimes, et un public qui s’est impliqué avec ferveur, il est devenu évident que jamais les auteurs des attentats ne pourraient disparaître et ainsi se soustraire à la justice.

Individus isolés et bombes artisanales

A en juger par les images de la vidéosurveillance, les deux frères, Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, semblent avoir déposé des bombes dans des sacs à dos près de la ligne d’arrivée. Leurs visages, sous leurs casquettes de baseball, ressemblent à ceux d’autres jeunes hommes presque partout dans le pays. Et pourtant, ils sont aussi l’incarnation d’un danger croissant dans toutes les villes d’Amérique : ces jeunes désabusés, prompts à basculer dans la radicalisation quelle qu’elle soit, et à laisser libre cours à leur colère par le biais d’une violence extrême.

Cette menace, Boston et le reste des Etats-Unis devront désormais y faire face dans un avenir prévisible. Tandis que les réseaux planétaires, comme celui qui, sous la férule d’Al-Qaïda, avait frappé le 11 septembre 2001, perdent leurs chefs et leur marge de manœuvre, ce sont de plus en plus souvent des groupes moins importants, voire des individus isolés qui passent à l’action, en utilisant des bombes artisanales.

Depuis vendredi soir, les autorités étudient de plus près les six mois que Tamerlan Tsarnaev aurait passés hors des Etats-Unis au début de 2012 ; les enquêteurs s’intéressent à ses liens éventuels avec des terroristes étrangers. Les réseaux de ce genre ont justement tendance à approcher les jeunes dans le genre des deux frères : des amateurs aux “mains propres” — autrement dit, qui ne sont pas connus pour avoir eu des contacts avec des groupes radicaux et qui ne sont donc pas dans le collimateur des autorités. Mais il est possible que les Tsarnaev se soient “auto-radicalisés”, comme l’officier responsable de la fusillade à Fort Hood (le 5 novembre 2009, le commandant Nidal Malik Hasan a ouvert le feu sur le site de la base militaire de Fort Hood, tuant 13 personnes et en blessant une trentaine).

Fascination pour un imam

Les Tsarnaev avaient quitté l’ancienne Asie centrale soviétique pour s’installer aux Etats-Unis. Leur famille est originaire de Tchétchénie, théâtre de deux sanglantes guerres d’indépendance, et où certains des combattants ont épousé une version radicale de l’islam. Djokhar, le cadet, s’était fait des amis et des relations à Cambridge, où il avait décroché une bourse, et à l’université de Dartmouth, où il étudiait et pratiquait des activités sportives. Mais il semble qu’il ait toujours suivi sans hésiter son frère aîné, lui-même boxeur, et qui avait déclaré un jour qu’il n’avait pas d’amis américains. Frustré, celui-ci aurait trouvé du réconfort dans les enseignements d’un imam salafiste extrémiste, dont les discours sont référencés sur un compte YouTube au nom de Tamerlan.

Tout cela peut paraître exotique, étranger et loin des préoccupations de bien des Bostoniens, mais c’est un scénario classique. Des jeunes, privés de liens solides avec leurs familles ou leurs communautés, ont tendance à se tourner vers le radicalisme sous toutes ses formes. La fascination qu’exerce un imam charismatique n’est pas vraiment différente de celle d’un chef charismatique de la suprématie blanche, d’un militant anti-avortement ou d’un extrémiste qui défend les droits des animaux. Tous, par le passé, ont poussé leurs disciples à perpétrer des attentats.

Un combat au niveau humain

C’est immanquablement aux parents et aux familles, aux communautés, et pour finir aux forces de l’ordre qu’il incombe d’empêcher les jeunes de se radicaliser. Le FBI et d’autres services suivent sans relâche les agissements des groupes extrémistes sur Internet, et ils doivent veiller à adapter leurs capacités dans le domaine de la collecte de renseignement aux technologies de communication les plus en vogue parmi les jeunes. Une mission qui doit également être celle de la police locale. Au niveau familial, les parents peuvent surveiller les activités de leurs enfants sur Internet, voir avec qui ils s’associent et réclamer une assistance si besoin est. Et quand la famille est absente, c’est à d’autres de prendre le relais.

Paradoxalement, c’était justement le cas des Tsarnaev, tant à l’école qu’à l’université. Les deux jeunes gens profitaient des avantages de l’éducation supérieure dans le Massachusetts. Cambridge, éternel creuset de la diversité, était manifestement un environnement hospitalier idéal pour des musulmans pratiquants arrivés de l’étranger. Ce qui n’a pas empêché Djokhar et Tamerlan Tsarnaev de rencontrer l’extrémisme — à moins que ce ne soit lui qui les ait cherchés.

On ne pourra pas endiguer cette menace à l’aide de barrières ou de guerres, bien qu’il faille redoubler d’efforts sur le plan de la sécurité. C’est au niveau humain qu’il faut la combattre. La meilleure façon de protéger les communautés à Boston et dans tout le pays, c’est en luttant contre toutes les idéologies répugnantes et extrêmes, par la surveillance, le recours à des messages de modération, en tendant la main aux jeunes vulnérables — et appelant les autorités à la rescousse quand le besoin s’en fait sentir.


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