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Eugénie Mukamugema : Ecriture, meilleure thérapeutique des blessures du génocide

Redigé par Karirima Ngarambe Aimable
Le 24 avril 2015 à 03:06

Née et grandi dans la ville de Rwamagana, Eugénie Mukamugema, auteure de "Une vie au Rwanda, parmi tant d’autres" a fait ses études au Rwanda au Lycée Notre Dame de Cîteaux à Kigali tenue par des soeurs religieuses catholiques et à l’Ecole Féminine d’agronome de Nyagahanga à Byumba.
Qui est l’écrivaine Mukamugema Eugénie ?
J’ai travaillé au Rwanda dans la Fonction Publique et dans quelques organismes internationaux, à la fois comme agronome, professeur et journaliste, de 1981 à 1997.
En 1994, j’habitais (...)

Née et grandi dans la ville de Rwamagana, Eugénie Mukamugema, auteure de "Une vie au Rwanda, parmi tant d’autres" a fait ses études au Rwanda au Lycée Notre Dame de Cîteaux à Kigali tenue par des soeurs religieuses catholiques et à l’Ecole Féminine d’agronome de Nyagahanga à Byumba.

Qui est l’écrivaine Mukamugema Eugénie ?

J’ai travaillé au Rwanda dans la Fonction Publique et dans quelques organismes internationaux, à la fois comme agronome, professeur et journaliste, de 1981 à 1997.

En 1994, j’habitais à Gikondo dans la commune de Kicukiro (anciennes appellations d’avant 1994). J’étais mariée et mère de 4 jeunes enfants. Mon mari et la quasi totalité de nos familles respectives, amis et connaissances ont été exterminés par le génocide des Tutsi en 1994. Depuis, je cherche et j’espère trouver leurs corps, et remettre un visage, un nom sur ceux que j’ai trouvé.

IGIHE : Pourquoi écrire ?
J’ai écrit et publié mon témoignage, car c’est un devoir de mémoire, un onguent pour panser mes plaies, un espace pour poser le poids, la douleur et pour apprivoiser les horreurs du génocide ; une vitrine et une voix des vies des Tutsi exterminés de 1959 à 1994 au Rwanda.

C’est aussi une réponse et une preuve à ceux qui disent qu’ils ne savaient pas, ceux qui ignorent ce qui s’est passé, ceux qui disent que c’est un génocide sans témoins, ceux qui disent que ce n’est qu’un massacre entre les Rwandais et un génocide des Rwandais.

"Une vie au Rwanda, parmi tant d’autres",Collection Témoignage, Izuba Editions, 2015 ; Un livre de Mukamugema Eugénie.

C’est également un outil de sensibilisation, de prévention et une arme pour lutter contre toutes formes de haines, causes du génocide des Tutsi Rwandais dont je suis victime.

A travers mon livre, je retrace le parcours de ma vie en mettant à jour les embûches multiples qui furent mon quotidien depuis 1973 jusqu’au 22 février 1994, jour où la machine exterminatrice du « hutu power » m’a engloutie dans ses tentacules mortifères pour m’anéantir.

J’encourage les autres rescapés du génocide des Tutsis rwandais à en faire autant, afin d’éviter de s’isoler, de s’enfermer avec le risque de mourir étouffé par la douleur et d’emporter les preuves de cette monstruosité du génocide dont le nombre des victimes terrifie : d’avril à juillet 1994, dix mille Tutsi furent exterminés par jour, et donc un million de Tutsi, selon les estimations actuelles ! Combien de 1959 jusqu’en 1994 ?

J’invite tous les Rwandais et chaque témoin de la tragédie des Tutsi Rwandais, à livrer leur témoignage pour que la justice puisse avoir les preuves suffisantes afin de juger les coupables et ainsi permettre aux générations actuelles et futures du Rwanda et du monde entier de ne plus souffrir du génocide.

Je m’adresse aux médecins et aux spécialistes du monde entier, car les dégâts et les conséquences du génocide des Tutsi sur le plan de la santé sont indéchiffrables, inexplicables, intergénérationnelles. Ses maux inguérissables doivent faire l’objet de recherches psychologiques mais aussi faire partie des maladies et /ou handicaps reconnus médicalement et pris en charge par les différents systèmes de sécurité sociale du monde entier.

Je suis indignée et dénonce l’inefficacité des lois, le fonctionnement des tribunaux et des procès des responsables du génocide des Tutsi Rwandais, à l’échelle nationale et internationale. Je suis terrifiée par le laisser-faire des puissants dirigeants réunis au sein de l’ONU et par la passivité de la communauté internationale.

Personne n’est à l’abri du génocide. Arméniens de 1915-1916, Juifs de 1941-1944, Tutsis de 1959-1994, qui est et quand
le prochain ?

Le génocide des Tutsi Rwandais de 1994 dont les prémices sont connus depuis 1959, a été organisé et financé par la France, membre de l’ONU, et s’est passé au Rwanda, en présence de l’ONU, sous les feux des caméras des médias du monde entier.
Rien n’a été fait pour l’arrêter, mais par contre, les responsables de ce génocide, sont accueillis et protégés par ces mêmes puissances dirigeantes et leurs lois.

Pour en finir avec l’héritage du génocide et un monde gangrené par les haines et les violences, il faut que ces puissants dirigeants prennent et assument leurs responsabilités :

En se désolidarisant avec le génocide des Tutsi Rwandais et ses acteurs.

En adoptant des lois universelles qui interdisent et punissent le génocide des Tutsi Rwandais et ses responsables, qui protègent les rescapés de ce génocide, car ils sont en danger, et sont des proies pour tous ceux qui veulent avancer comme si rien ne s’était passé en niant les faits, ceux qui depuis 1959 ont fait de la vie des Tutsi un calvaire, et qui rendent la vie des rescapés un cauchemar sans fin ;

En restituant la dignité humaine, le nom, le visage, aux corps des Tutsi victimes partout où ils se trouvent (fosses septiques, fosses communes, toilettes, églises, mémoriaux, etc.), et en réhabilitant et en donnant aux rescapés Tutsi les moyens de faire le deuil et de mener une vie humaine.


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