France – Rwanda Diplomatie : Flesch à la fin de son mandat ; des questions sur un pauvre bilan.

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 29 septembre 2015 à 01:21

Après trois ans à son poste, Michel Flesch, l’ambassadeur de France à Kigali, s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite et quittera la capitale rwandaise le 30 septembre.
Il y a plus de quatre mois, le ministère français des Affaires étrangères a proposé à Kigali le nom de Fred Constant. Ce diplomate né à la Martinique est actuellement ambassadeur délégué à la coopération régionale pour les Antilles et la Guyane.
Mais Paris attend toujours l’agrément des autorités rwandaises. Il n’y aura donc pas de (...)

Après trois ans à son poste, Michel Flesch, l’ambassadeur de France à Kigali, s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite et quittera la capitale rwandaise le 30 septembre.

Il y a plus de quatre mois, le ministère français des Affaires étrangères a proposé à Kigali le nom de Fred Constant. Ce diplomate né à la Martinique est actuellement ambassadeur délégué à la coopération régionale pour les Antilles et la Guyane.

Mais Paris attend toujours l’agrément des autorités rwandaises. Il n’y aura donc pas de passation de témoin en bonne et due forme à l’ambassade. Celle-ci sera provisoirement gérée par un chargé d’affaires en la personne du premier conseiller, Xavier Verjus-Renard, rapporte Jeune Afrique du 28 septembre 2015.

Des observateurs qui suivent de près l’évolution des relations diplomatiques franco-rwandaises trouvent normal que le gouvernement rwandais ne se mette pas dans tous ses états pour une représentation diplomatique française qui semble ne faire qu’uniquement du monitoring des faits et gestes des acteurs de développement de ce Rwanda mû par une rage de tout faire pour que tous ses citoyens émergent du seuil de pauvreté à l’orée 2020.

"Les français ne veulent rien entreprendre au Rwanda. A part quelques rares bourses, ils ne peuvent pas intervenir dans un quelconque projet d’infrastructure comme l’eau potable ou autre projet citoyen quelconque. Ils prétendent que leur Contribution à la Coopération au développement se fait par le biais de l’Union Européenne ou la Banque Mondiale », confie un observateur avisé qui, en passant, fait quelques confidences sur le fait que cet ambassadeur Flesch n’a pas apprécié le peu d’empressement des officiels rwandais invités à la fête de ce dernier 14 juillet alors qu’il les avait invités nombreux.

L’Ambassadeur qui va terminer son mandat a-t-il parfaitement compris cette nouvelle philosophie politique rwandaise à laquelle son pays ne répond pas ? Oui et Flesch, le dit ambassadeur, n’a pas manqué de le préciser dans son discours prononcé au cours de cette fête française de ce 14 juillet dernier alors qu’il recevait le Haut-Kigali. Dans son discours de circonstance, il confie ses constatations.

"Depuis mon arrivée dans ce pays il y a presque 3 ans, j’entends, je lis ici ou là que la France aurait été et serait hostile au Rwanda et à son peuple", a-t-il indiqué escamotant le contentieux de génocide des Tutsi de 1994 qui pèse excessivement lourd dans les relations franco rwandaises actuelles.

Pour M. Flesch, la France n’a pas intérêt à comploter contre un Rwanda dont

"la part de la France dans le commerce extérieur du Rwanda n’a jamais dépassé 2% et le niveau des investissements directs français est marginal".

C’est pourtant ceci que le régime rwandais actuel ne comprend pas du moment qu’il cherche à attirer des investissements internationaux, au moment où d’autres chancelleries chinoise ou turque, américaine ou indienne, kenyane ou nigériane, tous ces diplomates bousculent leurs hommes d’affaires en leur montrant la direction du Rwanda où on réalise des profits faramineux en un temps record.

Mr Flesch a fait comprendre indirectement dans son discours qu’il a été en butte à des réticences et crispations de la part des officiels français et rwandais, qu’il a été victime de la lacune de cette confiance qu’il n’a pas aidé à matérialiser alors que c’est ça la mission qui lui avait été impartie autant que son prédécesseur, M. Contini, en avait jeté les jalons.

Néanmoins, il entend comprendre le pourquoi de ces crispations et les incompréhensions profondes mais néanmoins dépassables entre les deux establishments français et rwandais :

"J’espère simplement que celle ou celui qui me succèdera aura plus de succès que moi. Vous aurez ainsi compris que je quitterai ce pays dans quelques semaines. C’est pour moi l’occasion de remercier toutes les rwandaises et tous les rwandais que j’ai eu la chance de rencontrer au quotidien pour leur gentillesse et la qualité de leur accueil. Vous avez connu les pires souffrances, vous méritez le plus bel avenir", a-t-il indiqué.

L’ambassadeur a résumé philosophiquement donc en deux mots « souffrances vécues » et « bel avenir recherché » les questions essentielles auxquelles s’attellent les Rwandais et leur gouvernement. Son successeur saura-t-il négocier un virage diplomatique ramenant la sérénité et confiance entre les deux pays, les puissants lobbies français le lui permettront-ils ?


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