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Francophonie : Le retour du Français à l’école primaire en 2014/2015

Redigé par Elvis Nibomari
Le 21 mars 2014 à 09:57

La salle respire l’air intellectuel. Les petits enfants en uniforme scolaire jusqu’aux adolescents rythment des chants traditionnels, de la poésie, des présentations culturelles et débâtent sur l’argent, l’école et l’apprentissage des langues. Tout est en Français.
Alors que le Rwanda avait mis en place en 2008 une réforme qui remplaçait le Français par l’Anglais comme langue d’instruction la situation prévoit de changer. Déjà, à partir de l’année scolaire 2014/2015, le cours du Français devrait revenir (...)

La salle respire l’air intellectuel. Les petits enfants en uniforme scolaire jusqu’aux adolescents rythment des chants traditionnels, de la poésie, des présentations culturelles et débâtent sur l’argent, l’école et l’apprentissage des langues. Tout est en Français.

Alors que le Rwanda avait mis en place en 2008 une réforme qui remplaçait le Français par l’Anglais comme langue d’instruction la situation prévoit de changer. Déjà, à partir de l’année scolaire 2014/2015, le cours du Français devrait revenir intensivement dès la quatrième primaire sur le menu des cours principales et obligatoires.

A l’occasion de la célébration de francophonie ce jeudi 20 mars à Kigali le Rwanda, à travers le Ministère des Affaires Etrangères (Minaffet), assure qu’il ne laissera pas échapper « la chance » de parler Français au risque de perdre contact avec 250 millions d’utilisateurs dans le monde.

Une audience de ce 20 mars au Minaffet est dominée par les représentants du corps diplomatique francophone

Le Directeur Général au Minaffet, Patrick Gahamanyi est celui qui est chargé de représenter aux cérémonies la Ministre Louise Mushikiwabo. Son message est concret.

« Parler le Français, c’est une chance, le Français est un train d’union entre nous avec les autres », déclare-t-il en présence des ambassadeurs des pays francophones et des écoles secondaires ayant brillées lors des compétitions littéraires et scientifiques en Français.

Le Directeur Général au Minaffet, Patrick Gahamanyi donne s'entretient avec les journalistes venus couvrir la Francophonie au Rwanda

Le Français face à une compétition anglo-saxonne

L’influence de la Communauté de l’Afrique de l’Est, la récente adhésion au Commonwealth mais aussi des relations bilatérales difficiles avec la France avaient fait craindre le rejet définitif du Français.

Actuellement, au niveau de l’éducation et de l’administration l’Anglais occupe une place de premier choix. Et surtout, nombreux sont des ministres et des hautes autorités qui refusent carrément de s’exprimer en Français devant les media, malgré que la langue de Molière a plus d’utilisateurs Rwandais par rapport à ceux qui parlent Anglais.

Alors que le virement à l’anglaise du Rwanda anime depuis 2008 les débats au sein des milieux intellectuels nationaux et internationaux l’ambassadeur Français à Kigali, Michel Flesch relativise.

« Je comprends ce choix, dit-il, pour le Rwanda adopter le multilinguisme et c’est un choix judicieux, il n’est pas question du Français seulement, car si le Rwanda veut faire des échanges avec la Chine, il vaudrait mieux parler Chinois, par exemple avec le Brésil il vaudrait mieux parler Portugais, et j’en passe »

L’ambassadeur Français à Kigali, Michel Flesch assure avec fierté "En 2030, le Français sera la langue la plus importante d'Afrique"

De par sa situation géographique stratégique au milieu des grands lacs africains, le Rwanda échange avec le monde anglophone notamment l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est, mais aussi avec les pays francophones comme le Congo et le Burundi.

Egalement, le monde anglophone surtout la Grande Bretagne et les Etats-Unis investissent massivement au Rwanda à travers l’aide bilatérale et multiplient des projets de développement et des actions humanitaires.

Les échanges en matière d’éducation sont également énormes car le monde anglophone s’ouvre progressivement et relativement avec moins de restriction aux étudiants Rwandais de la nouvelle génération par rapport au pays francophones tels la France et la Belgique.

Aussi, les universités anglo-saxonnes envoient bon nombre de stagiaires et de professeurs visiteurs.

Toutefois, l’ambassadeur entend lui aussi s’investir pour l’amélioration de la présence du Français au sein du secteur éducatif. Selon lui « s’ils (autorités rwandaises) trouve nécessaire d’enseigner le Français, nous allons aider comme nous pouvons »

Une représentation artistique décrivant la solidarité au sein d'une communauté francophone diversifiee. Remaquer la différence de culture par le style vestimentaire.

Vers le multilinguisme

Actuellement, l’intervention française est surtout visible au niveau de l’éducation secondaire avec le soutien avéré des compétitions d’ordre littéraires et scientifiques. Pour le moment, ce sont les prestigieuses écoles de Kigali qui savent bien marier les avantages d’enseigner l’Anglais sans pour autant mettre à la porte le Français.

Il s’agit des écoles qui forment de parfaits bilingues peu importe le temps qu’ils consacrent à l’apprentissage du Français, indépendamment du curriculum national.

A l’Ecole Belge de Kigali par exemple, la direction ne s’attarde pas sur la préférence d’une langue par rapport à une autre.

« Notre mission est celle de donner un enseignement de qualité mais notre rôle n’est pas de promouvoir une langue par rapport à une autre, nous nous formons des compétences », assure Isabelle Petit, Directrice de l’Ecole Belge de Kigali, après réception de la coupe et des récompenses que son école a gagné lors des compétitions littéraires et scientifiques.

Peu importe les reformes, le Français tout comme l’anglais restent des langues élitistes au Rwanda. Le Kinyarwanda reste seul maitre de la communication, si l’on tient vraiment à communiquer au 11 millions de Rwandais. Toutefois, la journée de la francophonie au Rwanda révèle, entre autres, que le Français est toujours présent car il découle de l’héritage de plus de 44 ans d’appartenance à l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Photo/Shaban Masengesho
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