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Le livre de Moureaux : pas la vérité, sur Molenbeek, mais sa vérité.

Redigé par IGIHE
Le 19 février 2016 à 12:20

L’ancien bourgmestre ne raconte pas « La vérité sur Molenbeek » mais « sa » vérité. Est-ce pour autant qu’elle n’intéresse personne ? L’édito de Béatrice Delvaux On attendait le brûlot d’un homme meurtri , qui écrit pour régler ses comptes. Mais ceux qui chercheront surtout du sang dans La vérité sur Molenbeek seront déçus : les quelques noms balancés – Jambon, Schepmans, N-VA et MR – étaient attendus et ne font l’objet d’aucune accusation nouvelle. Même si la charge reste forte contre ceux – MR et N-VA – qui (...)

L’ancien bourgmestre ne raconte pas « La vérité sur Molenbeek » mais « sa » vérité. Est-ce pour autant qu’elle n’intéresse personne ? L’édito de Béatrice Delvaux
On attendait le brûlot d’un homme meurtri , qui écrit pour régler ses comptes. Mais ceux qui chercheront surtout du sang dans La vérité sur Molenbeek seront déçus : les quelques noms balancés – Jambon, Schepmans, N-VA et MR – étaient attendus et ne font l’objet d’aucune accusation nouvelle. Même si la charge reste forte contre ceux – MR et N-VA – qui l’ont choisi pour cible, dit-il, uniquement pour masquer leurs carences.

Ceux qui espéraient une remise en cause de l’un des esprits les plus brillants du pays, seront abasourdis, voire choqués. Car on est au-delà de l’absence de mea culpa. Cet homme qui a régné vingt ans sur une commune vue comme « une fabrique de djihadistes », a rédigé un plaidoyer pro domo. Et revendique, sans en changer ou en regretter une virgule, une méthode et un règne dont il laisse entendre que, s’ils avaient perduré, on n’en serait pas là. Après les morts du Bataclan, après la révélation des racines molenbeekoises des terroristes Abaaoud, Abdelsam & co, Philippe Moureaux ose même une phrase qui va beaucoup choquer ceux qui le voient comme le dixième homme de cette funeste équipée : « La seule chose dont je suis certain, c’est que, placé au cœur de la société molenbeekoise, j’aurais été informé du séisme qui se préparait. »

Dans son interview , il précise : « Une question me hante : je ne me serais ni enfui, ni enfoui, mais aurais-je été à la hauteur ? Je sais seulement qu’eux n’ont rien fait. » Eux, les autres, ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir, mais pas moi, Philippe, qui nie le procès en naïveté, laxisme et électoralisme qui m’est fait : il a vu monter le radicalisme, il a agi et croit plus que jamais que c’est son humanisme qui permet de lutter contre le radicalisme, pas les méthodes « fascistes » de Jambon. Pour lui, c’est clair, « ce qui s’est passé n’a aucun rapport avec la politique communale ».

Il y a deux manières de lire ces 150 pages, l’une n’excluant d’ailleurs pas l’autre. Avec indignation ou colère devant ce qu’on peut considérer comme un aveuglement, une prétention, un manque de modestie ou une réécriture totalitariste d’une histoire communale in fine tragique. Ou bien, avec l’attention et l’intérêt de celui qui cherche à comprendre ce qui a fait d’une commune, un terreau pour terroristes, et de ses jeunes habitants, des fanatiques exterminateurs.

Le mensonge principal de Philippe Moureaux se trouve en fait en couverture du livre : le « bourgmestre papa » ne raconte pas « La vérité sur Molenbeek » mais « sa » vérité. Est-ce pour autant qu’elle n’intéresse personne ? Au moment où des intellectuels, façon Jean Birnbaum, affirment que la gauche est incapable de comprendre le djihadisme et donc de le gérer, l’exposé détaillé et subjectif de cette « troisième voie » revendiquée par Moureaux pour « administrer un territoire ou vivent une majorité de concitoyens de confession musulmane » est une pièce à lire, à décortiquer et à ajouter à un dossier dont personne aujourd’hui ne peut prétendre avoir les clés.

Avec lesoir.be


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