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Mondial 2014 : nos explications tactiques sur la déroute du Brésil

Redigé par Le Monde
Le 9 juillet 2014 à 01:35

Felipe Luiz Scolari, lors de la sévère défaite brésilienne en demi-finale du Mondial, le 8 juillet. | AFP/PEDRO UGARTE Après le choc vient le temps de l’analyse. Ce qui s’est passé mardi soir, à l’Estadio Mineirao de Belo Horizonte, a parfois paru surréaliste, défiant toute logique, tant l’enchaînement des événements a été cauchemardesque pour le Brésil.
À l’inverse, tout a réussi à l’Allemagne, qui a marqué sept fois (dont cinq en une demi-heure) sur dix tirs cadrés. Mais aussi aberrant qu’ait pu être le (...)

Felipe Luiz Scolari, lors de la sévère défaite brésilienne en demi-finale du Mondial, le 8 juillet. | AFP/PEDRO UGARTE
Après le choc vient le temps de l’analyse. Ce qui s’est passé mardi soir, à l’Estadio Mineirao de Belo Horizonte, a parfois paru surréaliste, défiant toute logique, tant l’enchaînement des événements a été cauchemardesque pour le Brésil.

À l’inverse, tout a réussi à l’Allemagne, qui a marqué sept fois (dont cinq en une demi-heure) sur dix tirs cadrés. Mais aussi aberrant qu’ait pu être le scénario de ce match appelé à rester dans les mémoires, certains facteurs, certains choix de Luiz Felipe Scolari, sans expliquer exclusivement l’ampleur du désastre – « On ne peut pas expliquer l’inexplicable », a commenté le gardien Julio Cesar –, permettent de mieux en cerner l’origine.

NEYMAR, LE CHOC PSYCHOLOGIQUE

La blessure de Neymar en quart de finale contre la Colombie, a posé bien plus qu’un simple problème sportif au sélectionneur. Il a fallu digérer, en quatre jours à peine, le choc psychologique de la blessure de l’icône, du leader technique (quatre buts, une passe décisive) et médiatique de la Seleçao.

Luiz Felipe Scolari avait fait appel, après le huitième de finale face au Chili, à une psychologue, Regina Brandao, pour redonner confiance à ses joueurs, éprouvés par la pression d’un match décidé aux tirs au but. Avant cette demi-finale, les anciens internationaux Vampeta (ex-PSG) et Edmilson (ex-Lyon), champions du monde 2002, sont venus détendre l’atmosphère. Mais à l’extérieur, le numéro 10 brésilien a vampirisé les conversations quotidiennes et les débats médiatiques, créant le doute sur la faculté de la sélection à en sortir plus forte grâce un collectif qui, jusqu’alors, n’avait pas franchement convaincu.

Mardi, à Belo Horizonte, les Brésiliens ont été écrasés par les Allemands (7-1), éliminés de « leur » Coupe du monde, suscitant la détresse de leurs supporteurs. Crédits : REUTERS/EDDIE KEOGH

Le match avait pourtant commencé avec beaucoup d’espoirs. La Seleçao arborait le maillot de Neymar, blessé lors du quart de finale contre la Colombie.

Mais l’équipe brésilienne a rapidement encaissé un but (par Müller), puis deux (Klose), puis trois (Kroos)...
Crédits : REUTERS/EDDIE KEOGH facebook twitter google + linkedin pinterest

Neymar, à la hauteur des attentes depuis le début du Mondial, avait pour sa part prouvé qu’il pouvait porter les rêves de tout un pays sur ses épaules, du haut de ses vingt-deux ans. En son absence, cette pression s’est reportée sur des éléments amenés à le suppléer. Ils n’ont pas su la supporter, paralysés par l’ouverture du score et incapables d’enrayer la tempête allemande dans les minutes suivantes.

« Après le premier but, nous avons eu un trou noir, personne ne s’y attendait », a confirmé Julio Cesar. L’absence de Thiago Silva (suspendu) s’est avérée à ce titre la plus préjudiciable, tant le Brésil a manqué d’une voix remobilisatrice. D’autant que les plus grosses lacunes brésiliennes depuis le début de la compétition n’étaient pas tant offensives que défensives. Elles étaient seulement moins visibles jusqu’alors.

UN CHOIX TACTIQUE CONTESTABLE

La critique, du point de vue de l’observateur, est facile, surtout a posteriori. Mais force est de constater qu’en choisissant le jeune ailier Bernard (21 ans) pour remplacer numériquement Neymar, Luiz Felipe Scolari s’est trompé. Pas tant sur Bernard en lui-même, le joueur du Shakhtar Donetsk ayant été le plus percutant des Brésiliens. Mais sur la décision de conserver le même système, son inévitable 4-2-3-1, mis en place depuis sa prise de fonction. « C’est moi qui ai fait l’équipe, c’est moi le responsable », a d’ailleurs assumé « Felipao ».

Peut-être le sélectionneur s’attendait-il à un autre scénario. Peut-être avait-il imaginé une rencontre dominée par l’Allemagne dans la possession, avec des possibilités de contre pour la Seleçao. D’où le choix d’un petit gabarit vif et rapide, avaleur d’espaces. La vérité du terrain était inverse.

Pourtant, dans la semaine, le sélectionneur auriverde avait testé un milieu à trois renforcé, avec une sentinelle, Luiz Gustavo, et deux relayeurs au profil plutôt défensif, Paulinho et Fernandinho. Le nombre pour combler les lacunes individuelles, dans la rigueur tactique notamment. Un schéma qui aurait certes compliqué l’animation offensive brésilienne, mais qui aurait été moins exposé entre ses lignes et mieux armé face aux contres allemands foudroyants.
Sami Khedira, le 8 juillet.

LA MONTÉE EN PUISSANCE ALLEMANDE

Scolari a pu prendre quelques décisions malheureuses, mais elles ne suffisent pas à expliquer la déroute. Si certaines causes échappent à la raison, l’Allemagne a appliqué un plan d’une logique implacable.

« Je pense que nous avons été capables de faire face à l’immense passion qui animait les Brésiliens, a d’ailleurs réagi Joachim Löw, le sélectionneur allemand. On savait aussi, en préparant ce match, que lorsque ses adversaires jouaient vite, le Brésil avait des problèmes. »

Face au pressing de la Seleçao, le jeu de passes rapides et tout en mouvement de la Nationalmannschaft a fait des merveilles pour s’ouvrir des espaces. À ce titre, le maintien de Philipp Lahm côté droit de la défense a été indirectement décisif. Car outre un apport offensif non négligeable dans ce couloir et une première relance fluidifiée, cela a permis d’associer le trio flexible Khedira-Schweinsteiger-Kroos dans l’entrejeu.

La montée en puissance allemande correspond d’ailleurs à celle du premier nommé, arrivé émoussé au Brésil. Mardi soir, outre son but, résultat de ses projections offensives, ses inlassables montées au pressing ont permis de récupérer nombre de ballons haut dans le camp brésilien, dont celui dans les pieds de Fernandinho pour le 4-0 signé Toni Kroos.

« Il avait été blessé pendant six mois et n’avait pu jouer plusieurs matches, a expliqué Joachim Löw. Mais ce soir, sa présence physique dans les duels, sa façon de jouer toujours vers l’avant, a pesé. Pour les défenseurs adverses, son jeu est difficile à appréhender. » Dans un cauchemar, il faut un démon tourmenteur. L’Allemagne s’est parfaitement approprié le rôle.


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