L’ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a revendiqué, samedi 11 mai, la victoire de son parti aux élections législatives. Selon les projections des chaînes de télévision locales, la Ligue musulmane (PML-N) de M. Sharif est créditée d’une confortable avance sur ses principaux rivaux, le PTI (Mouvement pour la justice) de l’ancienne gloire du cricket Imran Khan et le PPP (Parti du peuple pakistanais) de la famille Bhutto. Mais il n’obtiendrait pas de majorité à l’assemblée, ce qui devrait ouvrir la voie à une coalition.
"Les résultats continuent de tomber, mais nous avons déjà la confirmation que la PML-N va émerger comme le principal parti", a déclaré M. Sharif à ses partisans réunis à Lahore, la deuxième ville du Pakistan.

L’ancien premier ministre Nawaz Sharif vote à Lahore le 11 mai. | AFP/Arif Ali
"J’invite tous les partis à s’asseoir autour d’une table avec moi pour résoudre les problèmes du pays", a lancé M. Sharif, qui devrait devenir le premier homme politique de l’histoire pakistanaise à remporter trois élections démocratiques.
Le Mouvement pour la justice d’Imran Khan a quant à lui reconnu sa défaite. "[Le PML-N a] émergé en tant que premier parti. Je veux l’en féliciter", a déclaré un haut responsable du PTI, Assad Omar.

Dépouillement des bulletins de vote, à Quetta, le 11 mai. | AFP/BANARAS KHAN
Plus de 86 millions d’électeurs pakistanais étaient appelés à choisir leurs 342 députés à l’Assemblée nationale et leurs représentants dans les quatre assemblées provinciales. Ce scrutin – considéré comme historique pour la consolidation démocratique du Pakistan, dont l’histoire a été jalonnée de coups d’Etat militaires – a été marqué par une forte participation des électeurs, malgré des attaques rebelles qui ont fait 22 morts samedi. La participation a été de "près de 60 %", soit le taux le plus élevé depuis 1977, a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche 12 mai la commission électorale (ECP). Le taux de participation avait été de 44 % au dernier scrutin en 2008.
NAWAZ SHARIF ET IMRAN KHAN ÉLUS
Nawaz Sharif, favori de ces élections législatives, a été élu dans une circonscription de son fief du Pendjab, selon le porte-parole de sa formation, la Ligue Musulmane (PML-N). Après la victoire des partis progressistes et laïques en 2008, la majorité des observateurs pariaient sur un retour de balancier vers le centre droit et sur la victoire de ce magnat de l’acier issu de l’élite traditionnelle, déjà deux fois élu premier ministre dans les années 1990.

Un partisan d’Imran Khan, à Peshawar, le 11 mai. | AFP/A. MAJEED
L’ex-légende du cricket pakistanais Imran Khan, chef du Mouvement pour la justice (PTI), a quant à lui été élu député de la circonscription de Peshawar au parlement fédéral. "La population a exprimé sa confiance en Imran Khan et nous a rejetés.
Il a obtenu plus de votes que moi", a reconnu Ghulam Bilour, son principal rival. Imran Khan, populaire chez les jeunes notamment, surfait de surcroît sur une vague de sympathie depuis qu’il s’est fracturé des vertèbres en chutant de plusieurs mètres lors d’un meeting cette semaine.
"Nous voulons du changement, nous n’en pouvons plus de ces vieux politiciens qui reviennent chaque fois au pouvoir et ne font rien pour le pays. Je vais voter Imran Khan car il est jeune, énergique et veut changer les choses en éliminant la corruption", avait expliqué dans la journée Abdul Sattar, 74 ans, venu voter malgré des difficultés à se tenir debout.
22 MORTS PENDANT LE VOTE

L’ouverture d’un bureau de vote à Islamabad au Pakistan, le 11 mai. | AFP/ASIF HASSAN
Trois attentats ont endeuillé l’ouverture du scrutin. Karachi, ville de 18 millions d’habitants sous haute tension, a été le théâtre d’attaques meurtrières qui ont fait quatorze morts et de nombreux blessés. Les talibans du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), opposés au processus démocratique qu’ils jugent "non islamique", ont revendiqué un attentat contre un parti laïc qui a fait douze morts et des dizaines de blessés. Dans la soirée, un attentat-suicide, mode opératoire des insurgés, a tué deux paramilitaires.
D’autres attaques dans la province du Baloutchistan et le nord-ouest, bastion du TTP régulièrement ensanglanté par ses attaques, ont fait huit morts et des dizaines de blessés, portant ainsi à vingt-deux le nombre de personnes tuées en ce jour d’élections. "Nous avons passé des années à vivre dans la peur des menaces terroristes. Aujourd’hui nous avons pris la décision d’en finir une fois pour toutes avec ce climat de peur", a témoigné Suhail Ahmad, un commerçant de Peshawar, la grande ville du nord-ouest.
Nawaz Sharif et Imran Khan ont tous deux soutenu l’idée de dialoguer avec les talibans pour tenter de mettre fin aux violences et critiqué les tirs de drones américains visant les islamistes dans le nord-ouest du pays. Le vainqueur de l’élection aura aussi pour tâche de redresser l’économie du pays, minée par une crise énergétique sans précédent qui s’est imposée comme un des thèmes phares de la campagne.

Vote dans le village de Dial, le 11 mai. | AFP/ROBERTO SCHMIDT
Le vote a été particulièrement controversé à Karachi, dans la capitale économique et bouillante mégalopole du sud, où des partis ont accusé le Muttahida Qaumi Movement (MQM), première force politique de la ville, d’avoir "terrorisé la population et truqué le suffrage". Résultat, les islamistes de la Jamaat-e-Islami (JI) ont annoncé qu’ils boycottaient le scrutin à Karachi et dans plusieurs autres bastions MQM de la région.
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