La proposition de loi socialiste "renforçant la lutte contre le système prostitutionnel" sera examinée le 27 novembre à l’Assemblée. Mais opposants et défenseurs du texte s’opposent déjà notamment sur la pénalisation des clients.
Une proposition socialiste sur la prostitution sera examinée le 27 novembre à l’Assemblée nationale.
Avant même son passage à l’Assemblée, la proposition de loi contre la prostitution provoque déjà de vifs débats. Un point en particulier cristallise les divisions : la pénalisation des clients qui passe par une amende de 1500 euros, doublée en cas de récidive, et des stages de sensibilisation.
"Cela n’intéresse personne que l’on se préoccupe des personnes prostituées avec un volet accompagnement. Par contre, que l’on puisse poser un interdit, une entrave à un privilège masculin, cela émeut", dénonce Maud Olivier à l’origine du texte. La députée socialiste de l’Essone regrette qu’il n’y ait "jamais eu de vraie loi sur la prostitution alors que c’est la première des violences faites aux femmes". "Il ne s’agit pas de moral. Je ne suis pas une ’mère la pudeur’, j’entends juste défendre des droits fondamentaux", se justifie-t-elle.
Parcours de sortie de la prostitution
Clients punis, prostituées menacées ? C’est ce que redoutent les opposants au texte. "Ce ne sont pas les clients qui m’intéressent. Mon problème, c’est : que va-t-on faire avec les personnes prostituées qui seront de fait au chômage ?", interroge Esther Benbassa, sénatrice écologiste du Val-de-Marne, qui organisait mercredi un débat sur le sujet au Sénat.
La mise en place de "parcours de sortie de la prostitution" pour celles et ceux qui le demandent est annoncée. Une prise en charge qui nécessiterait un effort dédié de 10 à 20 millions d’euros par an sur le budget de l’Etat, selon la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem qui soutient le texte.
Mais comment réinsérer des personnes qui n’ont pas eu d’autre activité depuis 10, 15, 20 ans ? L’accès à des formations est évoqué. Une piste qui ne contente par certaines des intéressées.
"Je ne m’en sortais pas"
"J’ai un crédit pour ma maison. Si ça s’arrête, qu’est-ce que je vais faire ? Je vais perdre ma maison ? J’ai déjà eu un travail ’normal’ et je ne m’en sortais pas financièrement à la fin du mois", lance Manuela, prostituée au Bois de Boulogne présente mercredi au Sénat. Mado, Camerounaise qui exerce à Vincennes, redoute aussi de ne plus avoir de clients.
"J’ai fait des babysittings pendant sept ans, je ne m’en sortais pas, affirme-t-elle. En étant prostituée, j’ai pu bien élever mes enfants, payer leurs études. J’ai un fils ingénieur et une fille à Sciences Po."
Médecins du monde, Arcat, Act Up-Paris, le Planning familial et Aides ont signé mardi une tribune engagée intitulée "Pénaliser les clients de la prostitution : un ticket pour la clandestinité" . Ces associations s’inquiètent des risques en termes de santé et de sécurité qu’induirait l’adoption du texte socialiste.
"Les personnes prostituées seront moins visibles, plus sujettes à la violence, le travail des associations sera de fait plus difficile", énumère Jean-François Corty, directeur des missions France chez Médecins du monde, qui défend une "posture d’acteur de terrain".
"Le sujet est complexe. Je ne dis pas que demain la prostitution sera éradiquée", reconnaît Maud Olivier. Mais elle entend lancer un processus. Ou tout du moins essayer.
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