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Renforcement de capacité des tradipraticiens pour leur entrée sur le marché international

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 13 juin 2016 à 10:05

Des efforts sont consentis par des institutions nationales africaines pour revoir le statut peu reluisant donné à la médecine traditionnelle qui utilise principalement les plantes médicinales dans sa thérapie.
Cette médecine épargne au patient des effets non désirés causés par la consommation des produits pharmaceutiques industriels. Elle est néanmoins critiquée pour son manque de normalisation des procédures de production des médicaments mais aussi par l’absence de posologie arrêtée de commun accord (...)


Des efforts sont consentis par des institutions nationales africaines pour revoir le statut peu reluisant donné à la médecine traditionnelle qui utilise principalement les plantes médicinales dans sa thérapie.

Cette médecine épargne au patient des effets non désirés causés par la consommation des produits pharmaceutiques industriels. Elle est néanmoins critiquée pour son manque de normalisation des procédures de production des médicaments mais aussi par l’absence de posologie arrêtée de commun accord entre tradipraticiens.

« La Médecine traditionnelle est généralement à la portée du patient. Elle est accessible selon la capacité financière de chaque citoyen. Elle est largement sollicitée par les peoples d’Afrique, d’Asie et de l’Amérique Latine. En Afrique plus particulièrement, une très grande portion des populations recourt aux services des tradipraticiens et de leurs plantes médicinales pour se faire guérir de leurs maladies », a dit le docteur Hermogène au cours d’un Colloque the African Regional Standardization Organization (ARSO) Technical Harmonization Committee (ARSO/THC 13) organisé par RSB (Rwanda Standards’ Board) du 25 mai dernier.

Il rassemblait des représentants de 17 Etats membres africains (Rwanda, Burkina Faso, RDC, Egypte, Ethiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Iles Maurice, Nigeria ; Botswana ; Senegal ; South Africa ; Soudan ; Zambia, Zimbabwe ; la Tanzanie et les Seychelles ayant un statut d’observateurs) et se penchait sur les défis posée par la Médecine traditionnelle africaine qui existe côte-à- côte avec la médecine moderne.
Les offices africains de la Normalisation pourront-ils contraindre les tradipraticiens aux pratiques normatives du moment que ces médecins traditionnels veulent garder secrètes leurs recettes qu’ils transmettent de père en fils ?

« Ce colloque a émis des recommandations après des constatations selon lesquelles les patients qui sollicitent les services et les produits des tradipraticiens exigent de la qualité et la foi en la médecine traditionnelle et étendre sur elle les principes de normalisation et l’accroissement de son autorégulation. Cette rencontre revêt une importance capitale. Elle révèle que 10 normes arrêtées permettront la compétitivité des produits de cette médecine traditionnelle africaine avec leur accessibilité sur les marchés internationaux », a dit le dr Mark Bagabe Cyubahiro, Directeur Général de RSB.

De son côté, la Commission Nationale rwandaise pour l’UNESCO dans sa mission de promouvoir les sciences et techniques entend, elle aussi, apporter son appui à l’amélioration des pratiques de la médecine traditionnelle rwandaise. Elle a, à cet effet, participé à l’organisation le 1er juillet 2014 à la journée Africaine de Médecine Traditionnelle pour les tradipraticiens rwandais venus de tous les coins du pays dans la ville de Kigali.

Le thème de cette année 2014 : ‘Protection des plantes médicinales en voie de disparition’ exprime parfaitement l’importance que les pouvoirs publics accordent à la médecine traditionnelle et aux tradipraticiens.

Prenant la parole pour la circonstance, M. Daniel Gafaranga, président du Collectif d’associations de tradipraticiens rwandais a souligné les origines lointaines de la science et la pratique médicales traditionnelles rwandaises qu’il a datées vers 1000 ans après Jésus Christ.

Il a souligné qu’un centre médical a été institué par le roi Gihanga et ses armées dans la vallée de la rivière Mukungwa, déversoir des lacs Burera et Ruhondo au Nord du Rwanda. Ainsi, à partir de cette date, a-t-il dit, des consultations médicales ont commencé à se faire.

Un prolongement de cette médecine thérapeutique traditionnelle est-il possible à l’heure actuelle de grandes mutations scientifiques et technologiques ? Toujours est-il que la rencontre s’est penchée sur l’alternative thérapeutique crédible par le développement d’une gamme de médicaments traditionnels améliorés, par la nécessité d’entretient et du maintien des connaissances des richesses du patrimoine thérapeutique national et de la pharmacopée rwandaise.

Des critiques sur les méthodes colonialistes et évangélisatrices

La rencontre a débattu des méthodes colonisatrices négatives à l’égard des méthodes médicales administrées traditionnellement aux patients.

L’orateur a décrit une publicité négative coloniale pour le dépassement de la consommation des plantes médicinales traditionnelles comme mode de thérapie, cela a fait que toute recherche pour faire évoluer les pratiques médicales traditionnelles a été découragée.

Pourtant, a-t-il dit, la médecine traditionnelle rwandaise sait soigner certaines maladies qui sont incurables dans la médecine occidentale. Il a ainsi donné le cas de l’hépatite C pour qui la médecine moderne n’a pas encore d’antidote.

Sorciers, charlatans ?
Les Tradipraticiens en congrès se sont plaint du cachet de sorcier ou d’empoisonneur qui ne les quitte pas encore. Ils se révoltent contre ce cachet social émanant des préjugés coloniaux alors qu’ils participent à la santé des citoyens rwandais et donc au développement du pays.

Ils souhaitent en plus que la médecine traditionnelle soit régie par une loi votée au Parlement précisant le contour de leurs devoirs, obligations. Pour eux, cette loi serait un garde-fou pour certains tradi praticiens qui gardent indéfiniment un patient à qui ils soutirent des profits indus alors qu’ils sont incapables de le soigner. Cette loi exigerait une adresse exacte du bureau du tradipraticien qui améliorerait ses conditions de travail.

Recours de la Médecine traditionnelle aux instruments labo modernes
Le forum a dégagé une tendance au modernisme de la médecine traditionnelle pour soigner son aura sociale. La question posée au Forum était : comment la médecine traditionnelle et la médecine moderne peuvent se compléter ? Aussi pensait-on au moyen de vérifier les normes des médicaments traditionnels dans les labos et décider d’une posologie précise pour toute prescription médicale.

Les tradipraticiens ont ensuite nourri un projet de protéger des espèces végétales médicinales en disparition tout en entretenant des champs de culture à cet effet. On s’est alors engagé à grouper les espèces végétales de par leurs vertus.

Les désidérata exprimés par le congrès de ces tradipraticiens ont été jugés nobles. Tous vont dans le sens de l’harmonisation des prestations des intervenants dans ce domaine de la médecine traditionnelle.

Aussi ont-ils recommandé qu’à l’instar du Centre de Médecine traditionnel de Bare (Kibungo-Est) qui, par le passé a fonctionné, il faut qu’un Centre de Santé de Médecine traditionnelle soit institué et qu’un autre centre de recherche en pharmacopée soit institué pour gérer et coordonner les experts des ministères rwandais de la santé, de la culture, des ressources naturelles en collaboration avec les tradipraticiens.

La colllaboration entre les tradipraticiens et les chercheurs en pharmacopée a été scellée au cours de cette rencontre mémorable de la journée de la médecine traditionnelle. Un botaniste de l’Université INES-Ruhengeri, M. Faustin Nkubito, a invité les tradipraticiens à venir visiter le jardin botanique de la dite INES étendu sur 2 hectares avec 300 espèces d’herbes médicinales. Ces tradipraticiens ont ainsi compris le message qui les invitait à entretenir eux aussi des jardins botaniques et veiller aux espèces menacées de disparition.

Il est recensé, dans tous les districts du Rwanda, 4.000 tradipraticiens qui se transmettent les connaissances et l’expertise médicale de père en fils. Des passerelles de collaboration avec les centres de recherche universitaires en pharmacopée ont commencé tôt en 1980 avec le CURPHAMETRA(Centre Universitaire de Recherche en Pharmacopée et Médecine Traditionnelle) logé dans la ville universitaire de Butare (actuellement Huye) au Sud du Rwanda.

Des jardins botaniques aux alentours du Centre ont été donnés aux tradipraticiens locaux qui les exploitent. L’heure est-elle venue pour relancer les activités de ces structures pour une collaboration efficace entre elles ?


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