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Théâtre : Ubu en Afrique du Sud

Redigé par Igihe
Le 11 décembre 2015 à 03:28

Trois têtes de molosses et un crocodile affamé, avatars d’un régime raciste sanguinaire qui s’est maintenu au pouvoir pendant près de cinquante ans en réprimant sauvagement, en tuant et en torturant à tout-va.
Un Ubu en slip et maillot de corps blanc, à la fois totalement déjanté et les pieds bien sur terre, formidablement incarné par Dawid Minnaar. Une mère Ubu (Busi Zokufa) qui joue les épouses abandonnées et éplorées avant de découvrir que son mari ne la trompe pas mais plonge, chaque nuit, les mains (...)

Trois têtes de molosses et un crocodile affamé, avatars d’un régime raciste sanguinaire qui s’est maintenu au pouvoir pendant près de cinquante ans en réprimant sauvagement, en tuant et en torturant à tout-va.

Un Ubu en slip et maillot de corps blanc, à la fois totalement déjanté et les pieds bien sur terre, formidablement incarné par Dawid Minnaar. Une mère Ubu (Busi Zokufa) qui joue les épouses abandonnées et éplorées avant de découvrir que son mari ne la trompe pas mais plonge, chaque nuit, les mains dans le sang pour maintenir ceux de sa race au pouvoir. Bienvenue en Afrique du Sud sous l’apartheid !

À partir d’un texte de Jane Taylor, William Kentridge transpose la pièce d’Alfred Jarry dans une société tout juste libérée de la ségrégation et qui cherche à panser ses plaies. Écrit et monté pour la première fois en 1997, Ubu and the Truth Commission s’appuie sur les témoignages que certaines victimes (présentes sur scène via des marionnettes au visage finement travaillé) ont apportés lors de la fameuse Commission Vérité et Réconciliation. Leur dignité contraste avec la démesure et la folie des puissants.

Entre farce et satire, Ubu and the Truth Commission, où l’absurde le dispute au sordide, propose une mise en scène inventive et finement orchestrée par un artiste complet. Homme de théâtre mais aussi plasticien, Kentridge est l’auteur de petits films d’animation macabres qui jouent avec les représentations d’Ubu de Jarry et les archives sud-africaines. Projetés sur le fond de la scène, ils prolongent le jeu des acteurs.

L’humour acide, grinçant, de la pièce donne à vivre un théâtre engagé. Kentridge n’est pas dupe : la confession des bourreaux ne suffira pas à construire la nation Arc-en-Ciel tant désirée par Nelson Mandela. La vérité ne fait pas la réconciliation. Sommé d’avouer ses crimes, Ubu joue un double jeu. Il persiste et signe : « Notre règne de terreur n’était pas un règne d’erreurs. Nous savions ce que nous faisions. »

avec Jeune Afrique


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