La Dame Victoire Ingabire Umuhoza a écopé en ce 13 décembre 2013 la peine de 15 ans de prison dans un procès où elle était accusée de trahison et de déstabilisation des institutions républicaines et de terrorisme.
Après l’appel de mars 2012 interjeté par l’accusée à la Haute Cour dont la peine de 8 ans de prison avait été jugée excessive par elle et sa défense et considérée comme minime par le Ministère public, voici la Cour Suprême qui décide de majorer la peine.

Exposé des débats et annulation des témoignages à décharge
La lecture des conclusions du procès a duré quatre heures et demie. Une attention particulière a été donnée à la lecture de la déposition du témoin à décharge Michel Habimana et celle du témoin AA. Le témoin Michel Habimana a dit que le Maj Vital Uwumuremyi a été soudoyé par les services de renseignement militaire pour qu’il accuse Mme Victoire Ingabire. Le Juge lisant ses conclusions dit que ce témoin a également répondu à une question qui ne lui était pas posée par le Ministère Public.
La perquisition par la direction de la prison au domicile du témoin a permis la saisie d’un questionnaire et des réponses rédigés par Me Gatera Gashabana, avocat de la défense. Ceci a fait que ce témoin a été disqualifié et son témoignage rendu nul. Le témoignage de AA a été annulé par le fait qu’il avait eu à plusieurs reprises des entretiens secrets dans le lieudit Byangabo au Nord du pays.
Le Ministère Public a interjeté appel parce qu’il s’estimait lésé par le fait que le Juge de la Haute Cour n’avait pas tenu en compte le crime commis par la Dame Victoire Ingabire de propagation de rumeur aux fins de créer les sentiments de désobéissance civile.
N’écrivait-elle pas aux combattants rwandais des FDLR dans les forêts de l’Est Congolais pour les encourager à dépasser leurs peurs pour dénoncer « le mauvais leadership dictatorial de Kigali qui sème la faim, l’obscurantisme et la corruption ? »
Appréciation des réactions de l’assistance sur les débordements de l’Accusée encore en liberté
A la question de son discours de Gisozi jugé porteur de la veine de négationnisme du génocide quand elle a dit que le « mémorial du génocide des Tutsi existe, ce qui est bon, mais à quand les Hutu pourront rendre hommage aux leurs tués par les tutsis ? », un participant à la séance de procès a confié à IGIHE que la Dame a trop blasphémé, que ces propos n’auraient pas dû être tenus à Gisozi.
Boniface Twagirimana , le Vice president des FDU-Inkingi, parti de la Dame Victoire Ingabire, a montré sa déception au vu de la lourde peine que sa présidente venait d’écoper. « Nous pensions qu’elle allait être innocentée », a-t-il confié à la presse.
« C’est dommage », s’est retenu Me Ian Edward, le Conseil de la Prisonnière.

« La lutte ne fait que commencer », a dit très fâchée et mécontente la pauvre Victoire Ingabire quand le verdict est tombé alors qu’elle se dirigeait vers la sortie de la salle d’audience tout en promettant à ses supporters de se préparer à une étape supérieure de la lutte sans toute fois dire la forme qu’elle prendra.
Le Plan B et autres scénarios de lutte
Pourtant c’est très simple. C’est une question de scénarios qui s’enchaînent. Le Plan A , celui consistant à plaider et être innocentée afin de se retremper dans la compétition politique avec acharnement pour 2017 ayant échoué, elle revient à la case-départ en 2006 où, élue présidente FDU-Inkingi issue de la coalition des RDR (Rassemblement Démocratique pour le Retour des Réfugiés) avec deux autres formations politiques de l’opposition hutue, dans sa fougue de jeunesse, elle a crié devant « 1000 délégués hutu », (rapporte l’ancien Directeur de Le Partisan) « que Kagame le veuille ou non, nous devons négocier ou nous prendrons les armes ».

Or, s’il faut revenir à l’évolution de son procès, force est de constater que le régime de Kigali a toujours nourri une répulsion pour une négociation avec ces FDU-Inkingi sponsorisées par une France officielle mitterrandienne en mal profond de Cohabitation avec Kigali.
En effet, l’idée de coalition des formations politiques de l’opposition de la diaspora vient de la France qui leur avait suggéré d’unir leurs forces pour pouvoir être percutantes et canaliser les aides.
Devant ce refus de négocier par Kigali, devant l’évolution des stratégies internationales surtout françaises en Afrique des Grands Lacs, devant l’influence grandissante des FDLR avec l’appui de Kinshasa, … les frères hutu rwandais luttant pour une même cause ; comment Victoire Ingabire aurait-elle échappé à suggérer une coalition entre l’organisation armée FDLR et les FDU-Inkingi car les conseils prodigués par le sponsor étaient ceux d’unir les forces de l’opposition ?

Libérer Ingabire aurait-il été synonyme de déni de l’idéologie de la rwandité ?
Dans ce Rwanda, nous observons une lutte idéologique acerbe pour l’appropriation du pouvoir politique et économique. Le procès Victoire Ingabire, le tapage ethnocentriste de l’opposition de la diaspora, la campagne médiatique et une volonté officielle obsessionnelle pour la rwandité par le régime, tout ceci montre deux camps politiques qui font des démarches idéologiques diamétralement opposées pour l’accession au pouvoir.
Le régime actuel tente de redresser les erreurs du passé, par la rwandité interposée ? Autant faut-il qu’il renforce le principe d’équité dans l’accession à la jouissance des dividendes publics. Le régime ne devrait pas s’inquiéter outre-mesure dans la croisade pour l’idéologie de la citoyenneté rwandaise. Par contre, il devrait penser à redresser la barre dans la gestion du chômage et des inégalités criantes dans la redistribution des revenus.
Implications politiques et de redistribution de richesses sociales
La question de punir Mme Victoire Ingabire Umuhoza pour son ethnocentrisme hutu poussé à outrance frisant ’idéologie du négationnisme et du double génocide est-elle essentielle et nécessaire ?

Y a-t-il une meilleure façon de contourner les pièges que tend l’opposition au régime actuel de Kigali, un régime qui court contre le temps en initiant des programmes socio économiques permettant la révolution des mentalités à la base communautaire comme la villagisation doublée d’électrification des ménages et d’équipement en infrastructures sanitaires, l’assurance-maladie Mutuelle de Santé quoique l’Etat rechigne à y insuffler des fonds essentiels de par la ligne budgétaire Assistance Sociale, une régionalisation des cultures couplée de consolidation des terres qui n’entre pas encore dans la mentalité des Rwandais… ?
La victoire ou la défaite de l’idéologie de la citoyenneté tant combattue par les FDU-Inkingi et autre ribambelle de partis de l’opposition viendra de la quantité et la qualité de travail que le FPR et ses partis coalisés investiront dans le réaménagement des structures et du mode de redistribution de revenus et richesses sociales dans le cadre du capitalisme pur et dur qu’il tente d’implanter au Rwanda.
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