Lors d’une conférence de presse tenue au Mémorial du génocide de Kigali ce 9 novembre 2024, où elle effectuait une mission officielle, Nderitu a réaffirmé l’importance de la justice internationale pour les victimes du génocide de 1994, tout en soulignant la responsabilité des pays d’accueil des accusés. Elle a exhorté les nations à cesser de fournir un refuge aux auteurs présumés du génocide et a précisé que les responsables cachés dans divers pays seraient un jour retrouvés et jugés.
« En tant que personnes occupant une fonction telle que la mienne, chaque mot que nous prononçons est écouté. Nous ne pouvons pas rester silencieux. Si vous êtes un pays qui héberge une personne accusée par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, cette personne doit être jugée », a-t-elle déclaré.
Nderitu a comparé la situation des responsables de génocide à celle de toute autre personne accusée de crimes ordinaires. « Si une personne vole une poule ou un vélo, elle doit être jugée. Alors pourquoi protéger quelqu’un suspecté de crimes aussi graves, comme la participation à un génocide, l’assassinat de milliers de personnes ? », a-t-elle ajouté, déplorant la protection de certains criminels par des pays hôtes.
À ce jour, le Rwanda a envoyé plus de 1000 demandes d’arrestation pour des personnes accusées de génocide dans plusieurs pays à travers le monde, y compris en Afrique. Nderitu a rappelé l’importance de la coopération internationale pour faire face à l’impunité et garantir que ceux impliqués dans le génocide soient jugés, où qu’ils se trouvent.
Le Rwanda poursuit activement sa mission de justice en nouant des partenariats avec divers pays et en signant des accords d’extradition pour faciliter le transfert des criminels vers le pays. Parmi les pays européens, la France est celle qui a reçu le plus grand nombre de demandes d’arrestation, avec 47 demandes envoyées par le Rwanda. La Belgique a reçu 40 demandes, les Pays-Bas 26, le Canada 14, et d’autres pays qui ont également coopéré.
Jean Paul Micomyiza, alias Mico, est le dernier accusé en date à avoir été extradé vers le Rwanda. Il a été transféré depuis la Suède pour être jugé par la justice rwandaise pour sa participation au génocide perpetré contre les Tutsi. D’autres criminels ont été jugés dans leurs pays d’accueil grâce à la coopération internationale.
Outre son appel à la justice, Alice Wairimu Nderitu a aussi insisté sur la nécessité de combattre le négationnisme et le révisionnisme du génocide contre les Tutsi. Selon elle, les pays doivent mettre en place des lois efficaces pour punir ceux qui nient ou minimisent la réalité du génocide, et ces lois doivent être appliquées sans compromis.
Elle a également souligné qu’une campagne internationale contre le négationnisme est primordiale, car il existe encore des tentatives de minimiser ou de nier les génocides à travers le monde, y compris le génocide contre les Tutsi et celui de Srebrenica.
L’un des axes majeurs de son discours a été l’éducation des jeunes générations. « Nous devons mettre en place une campagne d’éducation mondiale très forte, pour que les jeunes comprennent l’histoire et les mécanismes qui mènent à un génocide. Ces programmes doivent être obligatoires et enseignés partout dans le monde », a-t-elle ajouté.
Elle a insisté sur le fait qu’il est crucial de sensibiliser les jeunes aux dangers de la haine, de l’intolérance et du révisionnisme. « Si nous voulons éviter qu’un tel événement ne se reproduise, nous devons construire un système d’éducation qui enseigne les étapes nécessaires à la prévention du génocide. Chaque génération doit comprendre ce qui s’est passé pour que l’histoire ne se répète pas », a-t-elle affirmé.
Le directeur de l’Aegis Trust, Freddy Mutanguha, a également salué les efforts internationaux visant à apprendre du Rwanda et à prévenir le génocide. Il a insisté sur l’importance de la lutte contre le négationnisme, soulignant que la reconnaissance du génocide contre les Tutsi et l’acceptation de la vérité sont essentielles pour la guérison et la réconciliation.
« Ce que le Rwanda a fait pour prévenir le génocide, pour contrer sa négation et pour promouvoir la réconciliation est un modèle pour d’autres pays. Il est important que les nations du monde entier tirent des leçons de cette expérience », a déclaré Mutanguha.
Le Rwanda continue de mener des efforts déterminés pour rendre justice aux victimes du génocide et garantir que les responsables ne restent pas impunis. La communauté internationale, selon Nderitu, doit rester unie dans la lutte contre l’impunité, le négationnisme et la révision de l’histoire.
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