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Avril des ténèbres ; 26ème année du génocide des Tutsi au Rwanda - Jour 16/100:Le voisinage.

Redigé par Prince Gael Nyuangezi
Le 4 mai 2020 à 08:30

Un célèbre feuilleton intitulé « Umubanyi niwe muryango » (Le voisin, c’est lui la famille), passait à la Radio Burundi dans les années 80. La thématique tournait autour de la quotidienneté de deux familles soi-disant, ethniquement différentes. Ce feuilleton était signé par l’auteure-dramaturge Marie Louise Sibazuri. Le bon voisinage, une notion qui s’est faite rare, quasi-inexistante pendant le génocide de tutsi au pays des Mille Collines.

La période de commémoration du génocide contre les tutsi pour cette 26ème année a été très particulière avec la situation de confinement dans laquelle se retrouvent l’ensemble de toutes les familles rwandaises. D’où la double importance de revenir sur cette notion de voisinage parce que nous redécouvrons en ce moment notre environnement, nous redécouvrons ceux qui vivent autour de nous enfermés dans nos maisons. Nous avons donc un autre rapport envers l’environnement et en particulier envers nos voisins.

Toutes les traditions spirituelles nous parlent du voisin comme un être, comme une famille qu’il faut respecter et vis à vis du quel il faut montrer de la générosité. N’a pas atteint la plénitude de la foie celui qui ne se montre pas respectueux à l’endroit de son voisin, lit-on dans la plupart des écrits religieux. Collectivement, ceux qui ont planifié et exécuté ce plan macabre du génocideont failli à leurs croyances en 1994. Les familles des tutsi ont été dénoncées, pourchassées et massacrées par leur propres voisins. Le peu de ceux qui avaient encore un brin d’humanisme étant incapables de se redresser contre la machine de l’autorité génocidaire. Échec total de toute une société prise en otage par l’idéologie du mal incarné.

L’une des priorités, après la libération du Pays par le FPR, a été la reconstruction du pays par les tissus de sa couche sociale, sans distinctions aucune sur les clivages ethniques. Et cela se caractérise par la manière dont est organisé l’habitat du voisinage dans le pays. Il est important ici de se souvenir de deux choses. D’abord par rapport à notre attitude à nous, c’est à dire le fait de ne pas déranger l’existence du voisin, de faire attention dans notre attitude, dans nos actions que l’on peut faire et dans nos espaces de vie. Le respect de ne pas devenir une nuisance dans le type de relation que l’on peut avoir avec notre voisinage.

En deuxième lieu, c’est finalement être caractérisé par la solidarité, la générosité et de l’humanisme. C’est à dire savoir prendre des nouvelles, de découvrir les voisins avec qui l’on vit et qu’on ignorait sous prétexte qu’’on avait pas le temps de socialiser même après les rendez-vous mensuels de l’UMUGANDA (travaux communautaires). Le respect devrait donc se manifester sur cette connaissance avec le voisin et ensuite sur cette solidarité. Combien de nos voisins peuvent aujourd’hui mourir sans que personne ne se rende compte de leur mort ? Combien peuvent avoir des besoins dont personne ne se rend compte ? Ça ne devrait pas être ainsi. Il faut, avec le voisinage, respecter son espace et être généreux quand à son humanité.


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