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COP29 : Quels enjeux pour le Rwanda en Azerbaïdjan ?

Redigé par Alain-Bertrand Tunezerwe
Le 14 septembre 2024 à 12:41

À la suite du lancement du programme de « Fonds pour les pertes et dommages » lors de la 28e conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP28) à Dubaï en 2023, le Rwanda a déjà défini ses priorités pour la prochaine conférence, la COP29, qui se tiendra en Azerbaïdjan en novembre.

Au sommet de l’agenda du Rwanda figurent l’obtention de fonds supplémentaires, la garantie de la transparence, et la mise en place de structures de financement inclusives pour assurer un accès direct aux financements, selon Herman Hakuzimana, négociateur en chef adjoint à l’Autorité de gestion de l’environnement du Rwanda (REMA).

Le Fonds pour les pertes et dommages est un mécanisme financier destiné à apporter un soutien crucial aux nations les plus vulnérables aux effets du changement climatique.

Le Rwanda et l’accès aux fonds

Le Rwanda, étant l’un des pays africains gravement touchés par le changement climatique, cherche à bénéficier d’un accès direct à ces fonds, bien que l’Afrique, dans sa totalité, ne contribue qu’à moins de 4 % des émissions mondiales responsables du réchauffement climatique.

Des usagers de la route pataugent dans une rue inondée après de fortes pluies à Kigali le 28 janvier 2020. Le Rwanda a ses yeux rivés sur le prochain cycle de négociations climatiques mondiales lors de la COP29 à venir, qui se tiendra en Azerbaïdjan en novembre.

Ces attentes ont été partagées le mardi 11 septembre lors d’une réunion avec le Réseau Rwandais sur le Changement Climatique et le Développement (RCCDN), une organisation regroupant 73 entités œuvrant dans le secteur de l’environnement et du changement climatique. Cette réunion a permis de faire le point sur les résultats de la COP28 et d’examiner les attentes pour la COP29.

Un financement encore insuffisant

Lors de la COP28, il a été décidé d’opérationnaliser un fonds de soutien pour les pertes et dommages, en particulier pour les pays affectés par les impacts climatiques. Le montant convenu était de 772 millions de dollars. Cependant, Hakuzimana a précisé que ce chiffre est dérisoire en comparaison des 580 milliards de dollars par an nécessaires d’ici 2030 et des 1,7 trillion de dollars d’ici 2050 pour couvrir les pertes et dommages.

« Le Rwanda, en tant que partie intégrante de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), devra jouer un rôle clé à la COP29 en veillant à ce que ses priorités et ses intérêts soient pris en compte dans l’agenda climatique mondial », a ajouté Hakuzimana.

Faustin Munyazikwiye, négociateur principal du Rwanda lors des discussions climatiques des Nations Unies, a rappelé que, comme d’autres pays en développement, le Rwanda est vulnérable aux effets du changement climatique et attend avec impatience les conclusions des négociations à venir.

Un nouveau cadre financier mondial en discussion

Le nouveau cadre des objectifs quantifiés de financement climatique (NCQG), qui devrait entrer en vigueur à partir de 2025, vise à remplacer l’engagement pris en 2009 par les pays développés d’allouer 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, un engagement qu’ils n’ont pas réussi à honorer.

« Certains estiment que ce nouvel objectif pourrait s’élever à 3 trillions de dollars et doit tenir compte des besoins et des priorités des pays en développement », a déclaré Hakuzimana.

Le Rwanda plaidera à la COP29 pour que les circonstances spécifiques des pays vulnérables soient prises en compte, et pour que les pays développés soient plus transparents sur leurs obstacles au financement climatique, afin d’assurer le suivi de leurs engagements.

L’adaptation, une priorité pour l’Afrique

Les experts soulignent que la majeure partie du financement climatique est allouée à des mesures d’atténuation, alors que les priorités de l’Afrique concernent le financement de l’adaptation, qui devrait être réparti de manière équitable, à 50/50.

Lors de la COP28, un nouveau cadre pour l’objectif mondial d’adaptation a été adopté, visant à renforcer la résilience climatique. Munyazikwiye a insisté sur la nécessité d’accélérer l’adoption des objectifs proposés pour permettre une meilleure planification et mise en œuvre des mesures d’adaptation.

La COP29 sera également l’une des dernières occasions pour les pays de manifester leur intention d’élaborer des plans climatiques plus ambitieux, connus sous le nom de Contributions déterminées au niveau national (NDCs), avant leur soumission en 2025. À ce jour, ces contributions sont loin de répondre aux besoins nécessaires pour éviter des niveaux dangereux de changement climatique.

« Les pays en développement profiteront des négociations pour exhorter les pays développés à accroître leurs ambitions dans la prochaine génération des NDCs », a ajouté Munyazikwiye.

Un déficit de financement pour le Rwanda

Le financement nécessaire pour l’adaptation est estimé à 360 milliards de dollars par an, comparé aux 18 milliards disponibles en 2019. Le Rwanda a identifié un déficit de financement d’environ 7,1 milliards de dollars pour atteindre ses objectifs climatiques dans le cadre de l’Accord de Paris d’ici 2030. Le pays prévoit d’investir 11,4 milliards de dollars pour réduire ses émissions de carbone de 4,6 millions de tonnes et s’adapter aux effets du changement climatique.

Le projet d’adaptation du Rwanda nécessite 5,4 milliards de dollars d’ici 2030, avec 40 % (2,1 milliards) provenant de fonds nationaux et 60 % (3,3 milliards) d’investissements étrangers. Les priorités du secteur agricole dominent ce financement, avec un coût estimé à 3 milliards de dollars, soit 55 % du budget total nécessaire à l’adaptation.

Les attentes des activistes climatiques

Faustin Vuningoma, coordinateur du RCCDN, a souligné que les 772 millions de dollars mobilisés à la COP28 pour le Fonds pour les pertes et dommages sont insuffisants, même pour un seul pays comme le Rwanda. Il estime que l’adaptation doit être la priorité pour le Rwanda et les autres pays en développement.

« Le Rwanda et les nations africaines, bien qu’ayant une faible contribution au réchauffement climatique, en subissent les pires conséquences. Nous avons besoin de financements pour nous adapter à ces impacts. La COP29 est surnommée la COP du financement », a-t-il ajouté.

En dépit de l’engagement des 100 milliards de dollars de financement pour le climat promis par les pays développés, l’Afrique réclame aujourd’hui des trillions de dollars en nouveaux engagements de la part des principaux pollueurs mondiaux.

Lors de la récente conférence ministérielle africaine (AMCEN) à Abidjan, les ministres ont appelé à l’adoption d’un nouveau cadre financier exigeant des nations prospères qu’elles mettent à disposition 1,3 trillion de dollars par an pour les pays en développement.

Les ministres ont également réitéré que le financement climatique devrait être octroyé sous forme de subventions et non de prêts, afin de ne pas aggraver l’endettement des pays africains déjà très endettés.

Mithika Mwenda, Directeur exécutif de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique, a affirmé que l’Afrique doit parler d’une seule voix pour revendiquer une justice climatique équitable pour ses populations.

Les délégués posent pour une photo de groupe lors de la réunion à Kigali le 12 septembre.

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