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Débat parlementaire sur le mariage avant 21 ans au Rwanda

Redigé par Franck_Espoir Ndizeye
Le 5 avril 2024 à 03:07

Les députés membres de la Commission des Affaires Politiques et de l’Égalité des Genres au Rwanda ont exprimé, jeudi 4 avril 2024, leurs inquiétudes quant au mariage des individus n’ayant pas encore atteint 21 ans. Ils relèvent le manque de maturité économique et de développement physique complet chez ces jeunes, essentiels pour affronter les responsabilités familiales.

"Devons-nous vraiment marier ceux qui sont financièrement instables ? Que possède un jeune homme à 18 ans ? Et une jeune fille, quelle propriété a-t-elle ? Va-t-elle commencer à avoir des enfants dès l’âge de 18 ans ? Même avec des initiatives de planification familiale, comment une femme, devenue veuve, pourrait-elle subvenir aux besoins des enfants sans ressources financières ?", s’interroge la députée Médiatrice Izabiliza, lors de l’examen du projet de loi sur les individus et la société au Rwanda.

Ce projet de loi a suscité diverses réactions, notamment sur la question du mariage avant 21 ans, une proposition à laquelle nombreux se sont opposés.

Le député Begumisa Safari Theoneste a exprimé sa préoccupation en soulignant l’immaturité des jeunes de 18 ans face au mariage, appelant à un contrôle et un suivi rigoureux pour ceux désirant se marier à cet âge.

« Au Rwanda, l’âge commun pour se marier est de 21 ans, » a-t-il déclaré, ajoutant que « les lois de l’Ouganda, de la Tanzanie ou du Kenya ne devraient pas influencer notre réglementation. Selon les experts de la santé, les adolescents de cet âge ne sont pas encore suffisamment matures physiquement et mentalement. »

Nyirabazayire Angélique a mis en garde contre les conséquences d’une législation autorisant le mariage avant l’âge de 21 ans, suggérant qu’elle pourrait inciter de nombreux jeunes à se marier précocement.

« Il est impératif d’établir un processus de réflexion approfondie avant toute décision de mariage, afin de prévenir des choix précipités dus à des circonstances imprévues, telles qu’une grossesse à 18 ans, » a-t-elle conseillé.

Elle insiste sur le fait que le mariage des moins de 21 ans ne devrait pas être pris à la légère et nécessite l’approbation d’une autorité compétente.

La députée Mukamana Elizabeth a affirmé que les personnes n’ayant pas atteint l’âge légal du consentement ne devraient pas être autorisées à se marier.

« Bien que l’âge de mariage soit fixé à 21 ans, il est parfois discuté à 18 ans. Toutefois, comment un adolescent de 18 ans, qui n’est pas autorisé à se porter garant pour autrui, pourrait-il fonder un foyer ? » a-t-elle questionné.

Elle a ouvert la possibilité d’un mariage en cas de grossesse, à condition que le partenaire s’engage, mais a demandé des clarifications sur la manière d’harmoniser les âges de mariage de 18 et 21 ans, en tenant compte des responsabilités associées.

La députée Médiatrice Izabiliza a rappelé une ancienne disposition légale qui fixait l’âge du mariage à 21 ans pour les hommes et 18 ans pour les femmes, une pratique qui limitait le nombre de femmes accédant à l’enseignement supérieur. Afin de promouvoir l’égalité des sexes, une uniformisation de l’âge du mariage à 21 ans a été adoptée.

« Les demandes de mariage des jeunes filles sont souvent motivées par une grossesse précoce. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un phénomène où des filles se retrouvent enceintes avant même d’avoir atteint l’âge de 18 ans, » a-t-elle déclaré, évoquant un problème sociétal préoccupant.

« Actuellement, nous observons un nombre élevé de grossesses chez les jeunes femmes de 18 à 20 ans. Notre ambition est de forger une société fondée sur des familles solides, bien que cela puisse impliquer d’envisager le mariage dans des cas où le père est prêt à assumer ses responsabilités, » conclut-elle, réaffirmant la nécessité d’une approche équilibrée et bien considérée pour le mariage des jeunes.

Incitation précoce à l’entrée dans des relations amoureuses chez les ados

La députée Marie Thérèse Nirere, en tant que médecin, a exprimé son opposition au mariage des personnes de moins de 21 ans, motivant sa position par le fait que leur développement osseux n’est pas encore achevé à cet âge.

"Je crains que cela n’encourage les jeunes à entamer des relations amoureuses précocement," a-t-elle déclaré.

"Même si nous acceptons le mariage à 21 ans, avec des exceptions à 18 ans pour des raisons compréhensibles, cela pourrait inciter certains, du fait de leur développement hormonal, à ne pas attendre. Vous ne pouvez nier cette réalité, car même un médecin peut confirmer son importance. Il y a tant de facteurs qui pourraient motiver un jeune de 18 ans à se marier."

Elle a ajouté "Les capacités physiques des jeunes ne sont pas encore prêtes pour la grossesse ou certaines tâches domestiques. Nous ajoutons beaucoup à leur charge car, en tant que médecins, nous savons que jusqu’à 21 ans, les os continuent de croître. C’est pour cela que certaines activités leur sont déconseillées, afin de permettre une croissance osseuse adéquate."

La Ministre du Genre et de la Promotion de la Famille, Dr Uwamariya Valentine, a souligné l’illégalité du mariage avant 21 ans en raison des complications post-grossesse.

"Dire qu’un mariage précoce pourrait être une solution face à une grossesse est absurde. Une jeune fille devrait poursuivre ses études et être soutenue par sa famille avec son enfant, mais la réalité externe diffère," a-t-elle expliqué.

La ministre a également fait état de l’augmentation des problèmes associés à ces situations, notamment la malnutrition chez les enfants nés de mères adolescentes.

"On constate que le nombre de ces cas augmente, et cela s’accompagne d’autres problèmes qui augmentent. Ces enfants nés de ces filles sont parmi ceux qui ont un problème de malnutrition, donc vous voyez l’ampleur des conséquences qui suivent un enfant qui a enfanté. Dire que se marier à l’âge prématuré ne serait pas aussi grave qu’autre circonstance qu’elle endure à ce moment-là. "

Selon les statistiques, entre janvier 2023 et janvier 2024, la province de l’Est a enregistré 8 801 grossesses chez les adolescentes de 14 à 19 ans. Dans la province Nord, 3 724 adolescentes de moins de 19 ans ont eu des grossesses non planifiées entre janvier 2023 et février 2024, dont quatre étaient âgées de moins de 14 ans.


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