Le 3 mars 2023, un nouveau chapitre semblait s’ouvrir pour la République Démocratique du Congo (RDC) lorsque le gouvernement a décidé, en conseil de ministres, d’institutionnaliser les groupes armés de l’Est du pays en les rebaptisant "réservistes" Ils ont reçu des armes officiellement et les événements qui ont suivi ont montré une tout autre réalité.
Trois jours seulement après cette décision, le Ministre Muhindo Nzangi se rendait à Goma, principal épicentre des tensions dans l’Est, pour s’adresser directement aux wazalendo, ces combattants de groupes armés désormais "légitimés".
Leur demandant de "ne plus se cacher", il les assurait de leur futur statut équivalent à celui des FARDC. Un effet paradoxal de galvaniser ces groupes.
Une démarche qui a toutefois ouvert la voie à des dérives inattendues.
Ils ont multiplié les exactions au nom et pour le compte du gouvernement. Des réservistes ou des instruments de terreur se demandaient la population.
La démarche controversée d’intégration des groupes armés aura été une faute politique grave et lourde de conséquences. Goma en paye les désillusions.
Sous couvert d’une intégration prochaine au sein des FARDC, ils ont multiplié les exactions et les atrocités, s’érigeant en véritables seigneurs de guerre, avec un sentiment d’impunité.
La population, loin de voir en eux des protecteurs ou des défenseurs de la cause nationale, les a perçus comme une nouvelle menace, parfois aussi redoutable que les conflits précédents.
Le 30 août 2023 vient de marquer un point de rupture. Alors que les wazalendo voulaient manifester contre la Monusco, l’opération de paix des Nations Unies en RDC, les confrontations ont tourné au drame.
Pas moins de 52 personnes ont perdu la vie et un grand nombre ont été grièvement blessées. Le chaos était tel que les hôpitaux, débordés, manquaient cruellement de sang pour les transfusions. Ironie du sort, ces affrontements ont vu s’opposer les wazalendo à leurs alliés les FARDC, dans un combat fratricide.
Démontrant ainsi que cette décision hâtive, sans une réelle stratégie d’encadrement, a engendré des conséquences dramatiques.
Elle souligne l’importance d’une approche plus globale, qui ne se limite pas à des annonces politiques, mais qui prend en compte la réalité du terrain, les besoins de la population et la complexité des enjeux sécuritaires.
La RDC se trouve à un tournant : elle doit repenser sa stratégie pour l’Est, afin d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
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