Goma, la chronologie du carnage

Redigé par Tite Gatabazi
Le 5 septembre 2023 à 10:49

Les provinces du Nord et de l’Ituri sont sous état de siège depuis le 6 mai 2021. Curieusement il a contribué à aggraver les atrocités et pourtant il aurait dû les restreindre. En principe, l’état de siège, les regroupements et les manifestations sont interdits.

Goma avait vu se multiplier les manifestations encouragées par les autorités. Bien plus, en mars 2023, le gouvernement a légalisé les wazalendo par adoption d’un projet de loi en conseil des ministres. Créant sans le savoir un monstre à plusieurs têtes.

C’est ainsi que les wazalendo ont reçu des armes des mains des FARDC et de l’argent frais pour entretenir les membres. Avec la complicité des autorités provinciales, une secte « wazalendo » est née et s’est dotée d’une radio qui diffusait un discours de haine.

Voilà que fort de ce soutien, le gourou de la secte projette de manifester et de molester le personnel de la Monusco le 30 août 2023. Il multiplie les appels sur sa chaîne de radio.

La nuit vers 4h du matin, Goma est réveillé par des tirs nourris du côté de l’église de la secte. L’assaut prend presque trois quart d’heure. Une cinquantaine des morts, des blessés graves et légers et rescapés.

Les rescapés et le voisinage font l’objet d’arrestations arbitraires. Mais les militaires en profitent pour piller les voisins. Et la radio est incendiée.

Et ils appellent les camions pour venir charger les corps sans vie. Ils sont balancés dans les camions comme des marchandises, sans aucun respect ni considération. Et les images insoutenables circulent déjà sur la toile.

Mais le gouverneur militaire Constant Ndima parle de sept morts et quelques blessés côté « assaillants » et on lui demande qui était ce « assaillant ».

Et d’ajouter que « l’armé s’est comporté de manière professionnelle », ce qui perturbe fortement l’opinion déjà abasourdie. Pendant la journée, c’est la désolation, les blessés meurent faute de soins appropriés.

La société civile monte au créneau et dénonce un « crime de guerre », un assaut des militaires lourdement armés contre des « civils non armés ».

Les familles endeuillées sont empêchées d’identifier les corps, le deuil spontané au stade de l’unité est dispersé. C’est la confusion.

La forte délégation ministérielle est conspuée et le cortège subit des jets de pierre.

C’est dans ce climat qu’on cherche vite des boucs émissaires et qu’on met aux arrêts deux officiers supérieurs. Mais cela ne calme pas la colère à Goma et au-delà.


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