Dans le panthéon des traditions africaines, peu sont aussi captivantes et chargées d’histoire que la danse des Intore du Rwanda. Née de l’époque précoloniale, cette danse est le symbole d’une culture qui a su préserver ses racines tout en s’adaptant aux échos du monde moderne.

La légende des Intore remonte au 16ème siècle, sous le règne du mwami Kigeli I Mukobanya.

Ce dernier, visionnaire, avait perçu la nécessité de créer une élite de jeunes guerriers, aussi adroits dans l’art de la guerre que dans celui de la danse et de la poésie.

Formés à l’Itorero, les Intore – littéralement « les élus » – ont rapidement pris une place de choix dans le folklore rwandais, à la fois comme défenseurs du royaume et comme artistes de la cour.

Le documentaire "INTORE : Du champ de bataille à la scène culturelle" s’ouvre sur cette histoire, évoquant avec nostalgie ces temps anciens où chaque jeune garçon rêvait de rejoindre les rangs des Intore.

Toutefois, avec la venue des colons, les récits de bravoure et de splendeur ont failli être relégués au rang de souvenirs.

Il a fallu attendre 1974 et la création du Ballet National du Rwanda pour que la flamme des Intore soit ravivée.

Le ballet a su réinterpréter cette tradition ancestrale, permettant à la danse de transcender son rôle martial pour devenir un vecteur de fierté nationale et un outil de diplomatie culturelle.

Aujourd’hui, la danse Intore est célébrée comme une forme d’expression qui a grandement contribué à la réconciliation et à la reconstruction du pays dans l’après-génocide perpétré contre le Tutsi en 1994.

Ce qui frappe dans la danse Intore, ce ne sont pas seulement les mouvements acrobatiques et les sauts spectaculaires, mais aussi le raffinement des costumes.

Les danseurs arborent des coiffes élaborées évoquant la crinière du lion, des ceintures ornées de perles et des peaux de félins. Dans leurs mains, les lances et boucliers ne sont plus des armes mais des extensions de leur art.

Le film dévoile les multiples facettes de cette tradition : les musiciens, avec leurs instruments tels que le "umuduri" et le "inanga", créent une mélodie rythmée qui soulève les cœurs. Les artisans, eux, transforment matériaux naturels en parures emblématiques.

Chaque danseur, chaque artisan, chaque musicien joue un rôle crucial dans la perpétuation de l’héritage Intore.

Mais l’Intore n’est pas seulement préservée dans l’enceinte des théâtres ou des cérémonies officielles. Elle résonne dans les écoles et les communautés, où elle est enseignée comme une discipline favorisant le bien-être physique et mental, tout en véhiculant des valeurs d’excellence et de communauté.

La présence des Intore s’étend bien au-delà des frontières rwandaises. Leurs représentations lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958, et leur participation récurrente au Festival Panafricain de la Danse, témoignent de leur rayonnement international.

La danse Intore, plus qu’une succession de pas et de sauts, est une célébration de la vie et un hommage à l’histoire.

Elle raconte le passé tout en écrivant l’avenir, montrant que, même si les guerriers d’antan ont rangé leurs lances, l’esprit des Intore est toujours bien vivant.

Le documentaire se clôt sur cette note d’espoir : que la tradition des Intore, témoin d’un Rwanda éternel, perdure pour les générations à venir.

À travers les images captivantes et les témoignages poignants, " INTORE : Du champ de bataille à la scène culturelle" n’est pas seulement une fenêtre ouverte sur une culture riche ; c’est un appel vibrant à la reconnaissance et à la célébration de l’identité rwandaise, un pilier de paix et d’unité pour tout un peuple.

Ainsi, le documentaire nous invite à une réflexion profonde sur l’importance de la culture et de l’art dans la préservation de l’identité et l’histoire d’un peuple.

En ces temps de globalisation accélérée, la danse des Intore nous rappelle que certaines traditions, loin d’être figées dans le passé, sont le moteur même du dynamisme et de la continuité culturelle.

Découvrez le documentaire intitulé « INTORE : Du champ de bataille à la scène culturelle »