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Inauguration de l’exposition sur le génocide des Tutsi : un projet de mémoire et de vérité historique.

Redigé par Alain-Bertrand Tunezerwe
Le 2 octobre 2024 à 01:32

Ce mardi 1er octobre 2024, l’association Ibuka a lancé l’exposition scientifique intitulée « Sur les traces du génocide des Tutsi de 1994 », organisée par le collectif de chercheurs RwandaMap dans le cadre du programme « Dusangire Amateka ». L’événement a eu lieu en présence d’institutions gouvernementales telles que le MINUBUMWE (Ministère de l’Unité nationale et de l’Engagement civique), le Ministere de la jeunesse et des arts, de senateurs, ainsi que des représentations diplomatiques, notamment celles de la France et de l’Allemagne, qui ont activement soutenu la mise en œuvre de ce projet.

Cette exposition met en lumière des traces et documents collectés par des chercheurs du monde entier, tous désireux de dévoiler la vérité historique du génocide contre les Tutsi, qui a marqué l’histoire du Rwanda en 1994. Le génocide avait pour objectif d’exterminer tous les Tutsi présents sur le territoire rwandais à cette époque. Selon le Dr. Gakwenzire Philbert, président d’Ibuka, il s’agit d’une exposition unique, regroupant des documents et archives authentiques rédigés au moment des faits, accompagnés d’explications précises pour éclairer la compréhension des événements.

Un travail de mémoire précieux pour les générations futures

Le Dr. Gakwenzire a souligné que l’objectif de cette exposition est de sensibiliser non seulement les Rwandais, jeunes et moins jeunes, mais aussi le reste du monde à la véritable histoire du génocide. « Nous espérons que ces documents apporteront un éclairage supplémentaire sur le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, afin que l’histoire soit racontée et comprise telle qu’elle s’est déroulée, notamment par les jeunes générations qui n’ont pas vécu ces événements et qui n’ont pour référence que les récits et les archives », a-t-il déclaré.

Ces documents sont particulièrement authentiques, car ils proviennent de différentes localités où ils ont été initialement rédigés, relatant ainsi avec exactitude le déroulement des faits. De plus, l’exposition inclut des témoignages de survivants du génocide, des récits essentiels alors que ces témoins vieillissent, offrant ainsi aux jeunes générations une histoire concrète et vérifiée, en opposition aux versions révisionnistes ou négationnistes parfois diffusées.

L’exposition a également permis d’aborder le programme de regroupement des mémoriaux du génocide au Rwanda. Gakwenzire a précisé qu’il ne s’agit pas de diminuer le nombre de mémoriaux, mais de les regrouper pour garantir leur conservation durable. Le gouvernement rwandais et les survivants souhaitent que ces sites de mémoire soient préservés efficacement. Les lieux où les Tutsi ont été enterrés en masse, ainsi que ceux où un mémorial est déjà établi, continueront à être marqués et documentés, non seulement pour la période du génocide, mais aussi pour les événements qui l’ont précédé.

La France face à son passé

Lors de cette inauguration, l’ambassadeur de France au Rwanda, Antoine Amfré, a reconnu la responsabilité de son pays dans le soutien apporté au régime génocidaire de Juvénal Habyarimana. « La France a su faire face à son histoire, une histoire commune avec le Rwanda. Malheureusement, elle est marquée par un soutien aveugle à un régime qui a mis en place les structures ayant permis ce génocide. Bien que l’on dise que le génocide a commencé le 7 avril 1994, il avait déjà commencé bien avant, dès 1959, avec les premières vagues de massacres », a-t-il déclaré.

Amfré a rappelé que la Commission Duclert, mise en place par le président Emmanuel Macron, avait travaillé pendant deux ans pour fouiller les archives et produire un rapport qui reconnaît la lourde responsabilité de la France dans les événements ayant conduit au génocide de 1994. « Cette histoire ne concerne pas seulement le Rwanda et la France, mais aussi l’humanité dans son ensemble, car le génocide est un crime contre l’humanité. La réconciliation franco-rwandaise doit reposer sur des bases solides : l’histoire, la mémoire et la justice. »

Le président français rendant hommage au Mémorial du Génocide de Kigali le 27 Mai 2021

L’ambassadeur a également souligné les progrès réalisés par la France dans la poursuite des criminels et des négationnistes du génocide, citant notamment les procès en cours de Charles Onana et d’Eugène Rwamucyo.

Un outil pédagogique de transmission de la mémoire

Professeur Masabo François, enseignant et chercheur au Centre de Gestion des Conflits, a salué l’initiative, soulignant que cette exposition rassemble des preuves concrètes de la planification et de l’exécution du génocide. « Aujourd’hui, plus de 65 % des Rwandais sont nés après le génocide. En incluant ceux qui étaient en bas âge et qui n’avaient pas pleinement conscience de la tragédie qu’ils vivaient, nous atteignons environ 70 à 80 %. Il est crucial qu’ils connaissent la vérité sur ce qui s’est passé. Cette exposition est un moyen efficace pour enseigner cette histoire, tout en leur offrant l’opportunité de consulter des documents approfondis pour mieux comprendre le génocide », a-t-il affirmé.

L’exposition, disponible en kinyarwanda, en français et en anglais, se tiendra dans plusieurs sites à travers le Rwanda jusqu’au 19 octobre 2024. Elle constitue un pas important pour préserver la mémoire du génocide et transmettre des faits vérifiés aux générations futures, renforçant ainsi l’engagement du Rwanda et de la communauté internationale à ne jamais oublier ces tragédies.

Archives de personnes victimes du genocide des tutsis de 1994
Photos d'enfants tués lors du génocide contre les Tutsi en 1994

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