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L’UDPS a perdu son âme

Redigé par Tite Gatabazi
Le 25 avril 2023 à 10:50

La RDC vit une année cruciale de son histoire politique qui verra Felix Tshisekedi au terme de son premier mandat et soucieux de rempiler.

Un moment privilégié de scruter l’état de santé du parti sur lequel il s’est adossé, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, l’emblématique UDPS.

Devenu depuis 2018, que Tshisekedi est président de la république, il a instauré un théâtre de manœuvres politiciennes de bas niveau au détriment du programme politique de son parti.

L’UDPS a été portée sur les fonts baptismaux par treize parlementaires pour lutter contre la corruption qui prenait déjà en ce temps, des proportions inquiétantes, les détournements des fonds publics et le tribalisme.

Le 15 février 1982, un coup de tonnerre dans le ciel du Zaïre avec une onde de choc planétaire : treize parlementaires défient l’autorité du tout puissant Maréchal Mobutu et dénoncent dans un mémorandum au vitriol les dérives totalitaires, la corruption et l’abandon du peuple.

L’UDPS c’était les 13 parlementaires dont les plus en vue furent Kibassa Maliba son tout premier président, Marcel Lihau Ebua, Tshisekedi wa Mulumba Etienne et bien d’autres.

L’UDPS c’était des hommes courageux, déterminés, des hommes de convictions et de combats. L’UDPS a porté haut et fort sa devise, le peuple d’abord.

L’UDPS c’était l’engagement pour l’instauration de la démocratie et de l’état de droit en République démocratique du Congo. L’UDPS c’était la promotion du progrès social du peuple.

Ses membres fondateurs ont subi les foudres des services du Maréchal Président qui vacillait sur son trône.

Ils vont endurer les pires traitements inhumains et dégradants, ils vont éprouver les conditions carcérales de la tristement célèbre prison de Makala, ils seront torturés, relégués au village, ils perdront les biens dont ils disposaient.

Leurs familles ont été privées de tout, elles ont connu une longue traversée du désert et la douleur de l’exil pour certaines d’entre elles.

Les treize parlementaires n’auront eu droit qu’à une parodie de justice dite « affaire Kibassa Maliba et consorts » en juin 1982. Avec un verdict expéditif le 1 juillet 1982 et une condamnation prévisible.

Mais ils avaient bravé les dangers et étaient tenus debout au nom et pour le peuple. Ils y croyaient.

Ils seront réhabilités par la conférence nationale souveraine de 1990, ils vont y jouer un rôle de moteur et Etienne Tshisekedi wa Mulumba y sera élu Premier Ministre de la transition.

L’UDPS va incarner les aspirations à l’amélioration de la vie quotidienne du peuple congolais et jouer un rôle de parti d’opposition depuis cette période. Il va affronter Mobutu, Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila.

Limete sera mondialement connu parce qu’il abrite le siège de l’UDPS et Etienne Tshisekedi wa Mulumba sera appeler le « sphinx de Limete » ou encore « le leader maximo », en référence à Fidel Castro de Cuba.

Mais le temps verra les fondateurs disparaître les uns après les autres et le dernier en date, l’inoxydable Etienne Tshisekedi wa Mulumba tirera la révérence le 1 février 2017 à Bruxelles.

Il avait incarné les valeurs et l’unité du parti, ce dernier ne lui survivra pas. Sa succession avait ouvert de nombreuses crises et divisions.

Le premier coup de canife viendra de Bruno Tshibala qui filera vite à la soupe chez Kabila et accepta le poste juteux de Premier Ministre.

Ouvrant une guerre interne mais il sera exclu du parti pour « trahison ». Il va créer son courant. Le parti entre alors véritablement dans une zone de turbulence et le mal ira crescendo.

Deux jours avant sa prestation de serment comme président de la république, Félix Tshisekedi va signer un mandat spécial nommant Jean Marc Kabund président ad intérim « aux fins d’assurer son intérim jusqu’à la fin de son indisponibilité ».

Felix Tshisekedi ne sait peut-être pas qu’il ouvre la brèche d’une division supplémentaire. Deux camps vont s’affronter sur la place publique.

Le premier se dit « légaliste » et conteste cette décision en invoquant les statuts qui régissent le parti, le second est traité du camp des « usurpateurs » incarné par Jean Marc Kabund et son fidèle secrétaire général Augustin Kabuya. Ambiance.

Mais le duo ne tiendra pas longtemps. Les appétits gloutons sont féroces.

Le parti va se discréditer à l’assemblée nationale ou la destitution fracassante de Jean Marc Kabund par le Front Commun pour le Congo « FCC » de Kabila sera soutenu par certains députés de l’UDPS.

Allez y comprendre quelque chose.

Et pour cause de destitution, Jean Marc Kabund avait évoqué le montant faramineux de sept millions de dollars pour l’organisation du congrès réclamé par Alexis Tambwe Mwamba, alors Président du Sénat.

A l’époque, Tshisekedi manque cruellement de marge de manœuvre au sein des institutions aux mains des hommes de Kabila.

La coalition FCC effectuera alors un passage en force et obtiendra la destitution de Kabund comme premier vice-président de l’assemblée nationale. A cette époque, on prédit déjà la décadence du parti UDPS.

Si Jean Marc Kabund était revenu à son poste, il n’y resterait pas longtemps.

Après avoir offert à Tshisekedi une union sacrée sur un plateau, Kabund sera payer en monnaie de singe.

Kabund aura une altercation sur la voie publique avec les éléments de la garde présidentielle affectés à la protection de la sœur du Président Tshisekedi. Ces derniers roulaient en sens interdit. La classe.

Kabund va leur faire la leçon, que la dame va mal gouter. Elle enverra une expédition punitive au domicile de Kabund. Ce sera le coup de grâce.

Le débarquement à son domicile et les démêlées avec les autres conseillers de la garde rapprochée de Tshisekedi auront raison de lui.

Il va menacer de démissionner pour appeler le Président à prendre sa défense, la réponse ne viendra pas.

Le 18 juillet 2022, il va jeter l’éponge non sans faire des déclarations qui fustigent la gestion de Tshisekedi.

Jean Marc Kabund était le gardien du temple. C’était lui qui avait mené les intrigues de toute nature pour asseoir Tshisekedi au pouvoir.

Des dires des connaisseurs des rouages auprès du Président, « il énervait et inquiétait » le clan venu de Bruxelles. Les dénommés « frappeurs et jouisseurs ».

Au cours de sa conférence de presse du 18 juillet 2022 qui fera date, Kabund tirera à boulet rouge sur Tshisekedi. Il déclare s’être opposé au cercle qui prône un glissement sans succès.

Il qualifiera le régime de Tshisekedi « d’incompétence, de megestion et de jouissance ». Il évoquera un « manque de vision clair, de leadership convaincant ».

Le départ de Kabund va signer la scission définitive de l’UDPS. Ce départ de l’homme qui pendant des longues années avait poursuivi l’œuvre des pères fondateurs, patiemment, avec une ténacité face à la répression de Kabila, qui a habilement négocié l’intronisation de Tshisekedi puis l’union sacré indique la fin d’une époque.

Le schisme marque au fer rouge la déstructuration du parti et la victoire des « jouisseurs et frappeurs », sans idées ni projet.

L’UDPS, du moins ce qui en reste est un champ de ruines, sans idéologie, sans projet, sans leadership. Il vogue comme un bateau ivre, sans boussole ni gouvernail a la dérive.

Pendant que Felix Thisekedi a dilapidé l’héritage des pères fondateurs de l’UDPS, qu’il se fourvoie dans la jouissance, Augustin Kabuya, son actuel secrétaire général passe son temps à stigmatiser, vilipender et vouloir exclure, son communicateur attitré Jules Munyere, avec l’aval de la direction du parti vocifère en appelant au meurtre des citoyens congolais parce rwandophones avec sa liste entre les mains.

L’UDPS se meurt dans l’indifférence totale. Face à un silence assourdissant des hauts responsables du parti. Décidément, l’UDPS a irrémédiablement perdu son âme.

On viole les dispositions des statuts pour designer Jean Marc Kabund président ad intérim. Les querelles prennent de l’ampleur.

Son successeur à la tête du parti qui deviendra président de la république en 2018 va sonner le glas des acquis de l’UDPS.

Tel un élève raté, sans colonne vertébral idéologique et intellectuel, Felix Tshisekedi Tshilombo va dilapider l’héritage de trente-six ans de lutte en un rien de temps.

Depuis son accession au pouvoir en 2018, les congolais sont déboussolés et ne savent plus comment se comporter ni comment vivre.

Que ce soit au niveau du parti UDPS, que ce soit au sommet de l’État, le constat est sans appel : il y a d’abord et avant une crise de leadership.

Car Félix Tshisekedi porte avec lui une légitimité mort née. Il est de notoriété publique qu’il n’a pas remporter les élections de 2018 mais nommé par le président sortant Joseph Kabila. Ce qu’un ministre français appellera « un compromis a l’africaine » et que Macron confirmera en visite à Kinshasa en mars dernier.

Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’est pas un leader pour un sous. Cela transparait dans ses actes au quotidien dans toutes institutions.

L’UDPS a perdu son âme

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