L’ambassadeur Dr.Ngarambe lance un ouvrage de référence sur les causes politiques du génocide contre les Tutsi

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 15 décembre 2025 à 11:36

L’ambassadeur Dr. François-Xavier Ngarambe a procédé au lancement inaugural de son ouvrage intitulé Le génocide contre les Tutsi du Rwanda : conséquence inéluctable des politiques criminelles et politiciennes de 1959 à 1994, un livre qui se veut une contribution majeure à la compréhension des racines historiques et politiques du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994.

Un ouvrage pour comprendre, expliquer et prévenir

L’objectif principal du livre, réalisé avec le soutien d’Aegis Trust, est de mieux comprendre le génocide contre les Tutsi, en démontrant qu’il ne fut ni spontané ni accidentel, mais le résultat d’un long processus politique et idéologique soigneusement planifié. Selon l’auteur, les élites politiques au pouvoir ont orchestré ce crime afin de conserver le pouvoir à tout prix, dans un contexte marqué par la peur de sa perte.

L’ambassadeur Ngarambe souligne que l’intention génocidaire existait bien avant l’attaque du Front patriotique rwandais (FPR) en octobre 1990, contredisant ainsi les thèses qui présentent cette offensive comme la cause première du génocide.

À l’époque, le MRND, parti-État dirigé par le président Juvénal Habyarimana, ne faisait face à aucune opposition politique réelle. Le régime bloquait systématiquement le retour des réfugiés tutsi, perçus comme une menace politique majeure.

Pour l’auteur, le principal problème du PARMEHUTU, puis du MRND, résidait dans la crainte de perdre le pouvoir, l’ennemi désigné étant le Tutsi. Le régime mis en place à partir de 1959 était, selon lui, totalitaire, ségrégationniste et exclusionniste, fondé sur une idéologie de haine institutionnalisée.

L’endoctrinement par l’éducation et la propagande

Dès 1982, des enseignements incitant explicitement à la haine contre les Tutsi furent introduits dans les écoles secondaires, notamment à travers des théories pseudo-scientifiques liées au « faciès ». Cette propagande éducative participait à la banalisation de la violence et à la normalisation des massacres, les tueries contre les Tutsi ayant déjà été récurrentes bien avant 1994.

En juillet 1986, le MRND déclara publiquement qu’il n’y aurait jamais de retour des réfugiés tutsi. C’est dans ce contexte que naquit le Front patriotique rwandais (FPR), un mouvement constitué de réfugiés réclamant leur droit fondamental au retour dans leur pays.

L’attaque du FPR, tout comme les accords d’Arusha, furent perçues par les extrémistes hutu comme une fin annoncée de leur domination politique. Pour eux, ces accords représentaient une ligne rouge à ne pas franchir.

À partir de 1993, les milices Interahamwe, officiellement promues et encadrées sous la supervision du régime, scandaient publiquement le slogan « Tubatsembatsembe » (« Exterminons-les »), annonçant clairement l’imminence du génocide.

1994 : le déclenchement d’un plan longuement préparé

Selon l’ouvrage, l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, le 6 avril 1994, constitua le déclencheur soigneusement préparé d’un plan d’extermination attendu de longue date. Dès lors, les extrémistes hutu mirent en œuvre la « solution finale » contre les Tutsi.

En l’espace de trois mois seulement, plus d’un million de personnes furent massacrées. L’auteur rappelle que, sans l’intervention décisive du FPR, les génocidaires se projetaient dans un Rwanda vidé de ses Tutsi, vivant dans l’impunité sous un pouvoir sans partage.

Un génocide rendu inéluctable

Pour l’ambassadeur Ngarambe, le génocide contre les Tutsi n’était pas une fatalité, mais est devenu inévitable au regard des politiques mises en place durant plusieurs décennies. Il le qualifie d’« inéluctable » car préparé au vu et au su de tous, sans que la communauté internationale n’intervienne malgré de nombreux signaux d’alerte, dont l’existence de caches d’armes.

L’ouvrage évoque également le soutien de certains pays étrangers, notamment la France, au régime de Habyarimana, ainsi que la formation de miliciens Interahamwe.

Lors de la présentation, les participants, parmi lesquels des sénateurs, ont salué la pertinence du livre et suggéré qu’il soit intégré dans les programmes éducatifs rwandais. Le ministre de l’Unité nationale et de l’Engagement civique, Jean-Damascène Bizimana, a promis une collaboration renforcée entre le gouvernement du Rwanda, l’ambassadeur Ngarambe et l’organisation Aegis Trust, afin de diffuser largement les enseignements de l’ouvrage.

Les débats ont également mis en lumière les risques persistants de génocide, notamment dans l’est de la République démocratique du Congo, suscitant des inquiétudes quant à une possible répétition de telles tragédies.

Le rôle du leadership et de la jeunesse

L’ambassadeur Ngarambe a insisté sur la particularité du Rwanda, où les victimes ont pris leur destin en main et mis fin au génocide sans intervention internationale. Il a également souligné l’importance d’un leadership responsable, rappelant que le génocide fut avant tout le produit de politiques et de dirigeants favorables à l’idéologie de haine.

Le ministre Bizimana a appelé la jeunesse rwandaise à assumer sa responsabilité en lisant, partageant et défendant les récits historiques, tout en combattant activement les théories négationnistes héritées des idéologies génocidaires. Il a également insisté sur la nécessité de combattre cette idéologie où qu’elle se trouve, y compris au sein des institutions religieuses.

En conclusion, l’ambassadeur Dr. Ngarambe a annoncé que ce projet fait partie d’une série d’initiatives en cours visant à laisser un héritage durable aux générations futures, fondé sur la mémoire, la vérité et la prévention des crimes de masse.

L’ambassadeur Dr. Ngarambe a procédé au lancement inaugural de son ouvrage intitulé Le génocide contre les Tutsi du Rwanda : conséquence inéluctable des politiques criminelles et politiciennes de 1959 à 1994
L’inauguration a vu la participation de divers acteurs politiques
Le ministre Bizimana a également insisté sur la nécessité de combattre l'idéologie génocidaire où qu’elle se trouve
Le ministre Bizimana a appelé la jeunesse rwandaise à assumer sa responsabilité en lisant, partageant et défendant les récits historiques
Le livre est\ une contribution majeure à la compréhension des racines historiques et politiques du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994
Lors de la présentation, les participants, parmi lesquels des sénateurs, ont salué la pertinence du livre et suggéré qu’il soit intégré dans les programmes éducatifs rwandais
L’objectif principal du livre, réalisé avec le soutien d’Aegis Trust, est de mieux comprendre le génocide contre les Tutsi, en démontrant qu’il ne fut ni spontané ni accidentel

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