Que l’on parle d’Uvira hier ou de Baraka aujourd’hui, la scène demeure identique : les FARDC et les Wazalendo, alliés de circonstance mais adversaires irréconciliables, s’affrontent en plein cœur de quartiers densément peuplés, livrant des civils abandonnés à une violence qui ne connaît d’autre loi que sa propre reproduction.
Dans le quartier Mongemonge, où ce duel absurde s’est une fois de plus joué, les armes parlent avec d’autant plus de fracas que l’État, lui, se tait.
Comment ne pas s’alarmer de cette banalisation progressive de la criminalité institutionnelle, de cette accoutumance à la violence qui finit par anesthésier la conscience collective ?
Comment tolérer que l’abandon des populations civils devienne un paramètre de gestion sécuritaire, presque un outil de propaganda politique, sans qu’aucune instance ne vienne exiger des comptes, établir les responsabilités et rappeler que gouverner, c’est d’abord protéger ?
L’on voit au contraire se multiplier les renoncements, les aveuglements volontaires et les gesticulations creuses de ceux qui, investis d’une autorité légitime, s’en servent comme d’un paravent pour masquer leurs propres défaillances.
Et tandis que Médecins Sans Frontières annonce la suspension de ses activités à Baraka, invoquant, à juste titre, l’insécurité rampante, les cris d’alarme humanitaires se perdent dans le vacarme d’une indifférence généralisée. Les plus vulnérables sont dépouillés de l’ultime rempart qui leur restait : l’accès aux soins.
Mais qu’importe, semble-t-on penser dans certaines capitales lointaines pour qui le Congo n’est qu’une vaste abstraction minéralisée, un théâtre de tragédies répétitives où l’on se contente d’observer, de commenter et, surtout, de ne rien entreprendre.
L’immobilisme coupable de la communauté internationale : entre lâcheté diplomatique et déni moral
Car il faut le dire sans détour : l’inaction internationale est devenue un scandale moral, un renoncement politique d’une ampleur vertigineuse, presque un consentement tacite à l’effondrement d’un État qui s’égare jusque dans ses propres contradictions.
Depuis des années, la communauté internationale se complaît dans un immobilisme frileux, refusant d’affronter le gouvernement congolais, de le sommer d’assumer ses devoirs régaliens et d’enfin rendre des comptes à ceux qu’il prétend représenter.
Cette passivité, qui confine à la complicité, est d’autant plus indéfendable que les mêmes chancelleries qui se taisent aujourd’hui hurleront demain à l’ingérence dès que l’AFC/M23 viendra pallier les défaillances étatiques et secourir les populations livrées à elles-mêmes.
On entendra alors monter des cris d’orfraie, toute une rhétorique d’indignation feinte, comme si les secours attendus devenaient suspects dès lors qu’ils ne proviennent pas des acteurs diplomatiquement agréés. Quelle hypocrisie plus flagrante que celle qui consiste à abandonner des populations au chaos, puis à s’offusquer lorsque d’autres, mus par un sens minimal de responsabilité, tentent de combler le vide ?
Cette duplicité n’est pas seulement choquante ; elle est intellectuellement malhonnête et politiquement dangereuse. Elle consacre une vision paternaliste du continent, où l’on juge, où l’on sermonne, mais où l’on ne prend jamais la mesure de l’urgence morale qu’impose la sauvegarde de vies humaines.
Elle entérine surtout l’idée que le Congo est un espace d’exception, un lieu où les normes internationales peuvent être suspendues, où la souveraineté sert d’alibi aux forfaitures, et où la protection des civils devient optionnelle.
Que faut-il donc pour que la communauté internationale rompe avec cette neutralité indolente ? Combien de villes à l’abandon, combien de déplacés, combien de morts de trop devront encore s’ajouter à la douleur collective avant que les grandes capitales ne daignent exiger du gouvernement congolais qu’il assume enfin ses prérogatives fondamentales ?
L’Histoire retiendra que l’on pouvait agir, que l’on devait agir, mais que l’on s’est complu dans la contemplation d’un désastre annoncé.














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