Selon ses révélations, pas moins de soixante-huit positions militaires étrangères auraient fleuri sur les hauteurs de Fizi, Mwenga et Uvira, un quadrillage militaire d’une précision quasi cartographique, disséminé dans cinquante-huit villages du Sud-Kivu.
Documents à l’appui, l’ancien parlementaire, rompu aux arcanes du pouvoir, accuse Kinshasa d’avoir ouvert la porte à cette présence armée, sous le prétexte commode d’une traque contre le mouvement rebelle Red-Tabara.
Une justification que Nyarugabo juge fallacieuse, puisque, selon lui, « pas un seul village des hauts plateaux n’est aujourd’hui occupé par ces rebelles ». Derrière la rhétorique de la coopération sécuritaire, il voit poindre une stratégie d’éviction : les militaires burundais, désormais en terrain congolais, auraient entrepris de sommer les populations banyamulenge de quitter leurs terres ancestrales. Une injonction d’un autre âge, qui sonne comme l’écho lointain d’une politique de purification ethnique.
Plus inquiétant encore, le notable évoque une préparation d’attaques coordonnées contre les localités de Mikenke et Mulenge, appuyées par des bombardements aériens menés depuis Bujumbura et même Kisangani, signe que la frontière entre coopération et invasion n’est plus qu’une ligne floue sur la carte.
A en croire Nyarugabo, l’armée burundaise disposerait désormais de plus de dix bataillons stationnés en République démocratique du Congo, dépassant en nombre les forces nationales censées y maintenir l’ordre. Ce déséquilibre militaire, affirme-t-il, consacre une véritable colonisation du territoire, opérée sous couvert d’une alliance politique opaque.
Dans un ton mêlant désolation et ironie amère, Moïse Nyarugabo dénonce un « crime contre l’humanité qui s’exécute sous le silence du monde civilisé ». Les Banyamulenge, dit-il, sont cernés non seulement par les armes, mais par la faim, l’exil et le déni. « C’est la mort lente d’un peuple qu’on prétend protéger », lâche-t-il, la voix serrée d’indignation.
S’adressant directement au peuple burundais, il exhorte à une prise de conscience : « Votre armée, prétendument en mission de sécurité, mène en réalité une guerre d’extermination sur un sol étranger. »
Puis, dans un élan de défi, il appelle sa communauté à la résilience et à l’autodéfense, scandant ce mot devenu symbole d’une survie obstinée : Turwaneho « Défendons-nous ».
Et de conclure, dans une lueur d’espérance mêlée de lucidité tragique : « La nuit est épaisse, certes, mais la lumière, déjà, commence à poindre à l’horizon. »
Ainsi va la tragédie congolaise : entre l’ombre des alliances et le silence des puissants, c’est désormais la souveraineté elle-même qui vacille, drapée dans les plis d’une coopération devenue tutelle.














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