Un jeune Abbé, Jean Baptiste Mvukiye, se souvient de la nuit du 18 au 19 mars 1997 alors que le pays était plongé dans la guerre des infiltrés, ex- Interahamwe et militaires de l’ex-armée gouvernementale rwandaise sous le Président Juvénal Habyarimana (1973-1994). Il était élève au Collège de Nyange de l’Actuel district Ngororero en Province de l’Ouest.
Il raconte comment un groupe d’infiltrés a fait irruption dans l’école et qu’il a voulu décimer les élèves Tutsi mais que tout le groupe d’élèves présent est resté solidaire jusqu’à ce que les criminels décident de fusiller tout le monde.
Dans un témoignage donné à RBA (Rwanda Broadcasting Corporation), cet Abbé curé de la Paroisse de Kabuga (Est de Kigali) de l’Archidiocèse de Kigali raconte qu’au moment des faits, il était en Cinquième année des Humanités, qu’il était vice doyen de l’Ecole.
"Il faisait tard dans l’après midi. Nous nous apprêtions à aller à l’étude du soir quand nous avons entendu des tirs nourris à l’arme lourde. Ils ont fait irruption dans la classe des finalistes des Humanités. Nous avons entendu une grande fusillade. Les salles étaient proches. Ils sont entrés dans notre classe et ont demandé aux Hutus de se dissocier des Tutsi. Nous ne savions pas qu’ils avaient fait de même dans la classe qu’ils venaient de quitter. Nous n’avons pas voulu nous exécuter. Deux d’entre eux étaient entrés. Ils portaient l’un, un AK 47, l’autre, un poignard et une massue.
Je me souviens que les élèves n’ont jamais voulu se dissocier ethniquement sous prétexte que tous étaient des Rwandais. Ils ont tiré une balle à la tête d’une certaine Josephine Mukarutwaza. Elle est morte sur le coup", raconte l’Abbé disant que les infiltrés ont redonné ensuite l’ordre de se dissocier le groupe hutu à part et Tutsi à part.
"Nous étions réfugiés sous les bancs. Ils ont commencé à tirer indistinctement dans les bancs. Ils nous ont forcé à sortir pour qu’ils fassent le tri à pied levé surtout que personne d’entre nous n’avait obtempéré à leur ordre. Ceux qui étaient encore en vie ont commencé à sortir. Mais ils étaient tous accueillis par une salve de tirs et des grenades", a dit Abbé Mvukiyehe qui a été miraculeusement épargné contrairement aux 40 enfants massacrés mais traumatisé au point qu’il a passé deux mois sur le lit d’hôpital.
Pourquoi les enfants ne se sont-ils pas exécutés autant que le voulaient les infiltrés ?
L’abbé trouve que trois avant après le Génocide des Tutsi de 1994, ces jeunes-là avaient compris le sens criminel de se prêter au ségrégationnisme ethnique. Nous tous venioons de traverser une macabre période apocalyptique, les blessures morales étaient encore intactes. Nous avions fraîchement à l’esprit nos amis intimes sauvagement tués dans le génocide des Tutsi. Je me dis que nous comprenions facilement la valeur de la vie de nos proches au point qu’il était difficile de se prêter au jeu de dissociation de ces criminels", a confié à RBA Abbé Mvukiyehe.
L’abbé, après son témoignage, a commencé à philosophe sur le sens de l’héroisme.
"L’héroisme ce n’est pas uniquement aller sur le front armé, c’est aussi savoir garder les valeur de l’humanisme tout en portant la barre très haut au point que vous devenez un modèle social. C’est aussi lutter pour une cause noble, un idéal dans la vie. L’exemple pourrait se prendre sur l’itinéraire historique pris par ces hauts commandants militaires qui ont fait la guerre de libération. Ils ont dû y arriver après beaucoup de temps. Ils avaient un idéal avant d’embrasser la carrière des armes.
L’idéal ?
"Ils avaient l’amour de leur patrie. Ils ont vite compris que l’état éternel de réfugié les dépréciait dans leur for intérieur. Ils en ont eu marre de reste d’éternels parias", a confié l’Abbé, histoire de montrer que le nationalisme de ces jeunes rebelles de l’Armée Patriotique Rwandaise se prolonge de cette obsession positive à vouloir émerger un citoyen rwandais de type nouveau qui est loin de toutes les idéologies divisionnistes possibles.
Il faudra alors des efforts soutenus dans la transformation économique du pays et que tous les citoyens aient droit à une vie décente. Donc Solidarité et humanisme oblige !
Cela sera-t-il facile dans une situation socio économique du capitalisme ? Il faudra lutter contre les effets négatifs du système capitaliste que le Rwanda, comme tous les pays du monde entier, est obligé d’emprunter et ainsi, impérativement, construire un capitalisme à visage humain.
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